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« Dealer ou Caid », Ange Basterga fait son cinéma

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Le succès en bande organisé

Co-réalisateur de Caid, film Guerilla sorti en 2017, récompensé par le prix du meilleur long métrage au festival du film de polar de Cognac, et par le public au festival du film politique de Porto Vecchio, Ange Basterga peinait pourtant à trouver un distributeur pour voir le film diffusé en salle. C’est finalement sur les petits écrans qu’on va le retrouver. Adapté en série pour la plateforme Netflix, la fiction figure depuis le 10 mars parmi les créations originales de la plateforme qui compte plus de 200 millions d’abonnés dans le monde et peut enfin être vu par un large public. 

Portrait

Par Karine Casalta

« Déjà lorsque j’ai écrit le scénario du long métrage que nous avions envie de monter ensemble avec Nicolas Lopez, j’avais une vision plus globale, plus lointaine pour ce projet. Faute de financeurs pour faire le film nous l’avons à l’époque auto produit. Ça a été un pari gagnant puisque en 2017 nous avons remporté le prix du long métrage au festival de cognac qui nous a permis d’être approchés par Netflix pour l’adapter en série. Là pour moi c’était le rêve, parce qu’une série ça marque !  On aime suivre les personnages sur plusieurs saisons. Moi, mes références sont « The Shield, Gomorra, The Wire, Les Sopranos…  J’avais donc vraiment envie de faire une série générationnelle ! »

Un pari gagné

Le long-métrage co-réalisé avec Nicolas Lopez était en effet, jusque-là resté assez confidentiel malgré les succès rencontrés. Mais ainsi adaptée dans un format original inédit de 10 épisodes de 10 minutes pour Netflix, leader mondial du streaming vidéo, la série réecrite avec Nicolas Peufaillit a bénéficié via la plateforme d’une sortie mondiale dans 190 pays à la fois. Et s’annonce déjà comme un carton d’audience. Un vrai bonheur pour le scénariste qui voit là enfin sa détermination récompensée. 

Le scénario raconte l’histoire d’un réalisateur et de son caméraman, envoyés tourner un clip de rap au cœur des cités du sud de la France qui se retrouvent embarqués malgré eux dans une guerre des gangs. Tournés en found footage dans une cité de Martigues (Bouches du Rhone), avec de vrais acteurs mêlés aux habitants, –Abdraman Diakité, Mohamed Boudouh, Sébastien Houbani et Idir Azougli – le film comme la série se distinguent par une impression de (faux) documentaire. Un parti pris fort qui immerge le spectateur au cœur de l’histoire et renforce le sentiment de réalité. Une réalité de la vie des banlieues que connaissent bien les deux réalisateurs qui ont tourné dans la cité où a grandit Nicolas Lopez. 

Pur produit de la dispora, Ange, a lui-même vécu en banlieue de la région parisienne.  Originaire de Bastellica, il est né et a grandi à Villepinte dans le 93 et n’ est revenu vivre en Corse qu’il y a quelques années.

Faire de son rêve une réalité

Conseiller financier dans une première vie où il s’ennui, sa passion pour le cinéma va très vite le rattraper « Depuis que j’avais vu « les affranchis » de Martin Scorsese à 13 ans, mon rêve était de faire un jour partie du 7e art. Je vivais à Paris à cette époque là, et je me suis dit qu’il fallait vivre ses rêves. Alors Je suis parti d’une page blanche, sans connections, sans contacts dans l’univers du cinéma : J’ai pris des cours de comédie pour être acteur, et j’ai commencé tout de suite à écrire, à faire mes premiers one man show, à écrire mes premiers scénarios. Comédien, scénariste, réalisateur, j’étais assez touche à tout, ça m’a permis de m’épanouir dans ce métier, même si ça a été très dur puisque tout ça a duré douze ans avant que ça marche vraiment ! C’est vrai que c’était un pari risqué, mais le vrai risque c’est de faire ce qu’on n’aime pas toute sa vie ! » Ainsi passé du rêve à la réalité, il est aujourd’hui comblé par ce métier.  « J’aime créer des histoires.  Chaque fois que je bosse sur un projet, qu’ il faut que je trouve ce qui fera le sel de la fiction,  c’est là  que je me sens vraiment à ma place. »

Inspiré par l’univers des polars

Et en habitué des polars, c’est les histoires de voyous qu’il aime raconter « Ce n’est pas une glorification de ce mode de vie, car on sait qu’en général ça fini mal, mais il y a toujours beaucoup d’humanité dans ces personnages-là ! Il y a un potentiel humain et dramatique que j’adore exploiter » C’est ainsi avec beaucoup de talent que dans Caïd il brosse le quotidien de Tony, Moussa et leur clan, avec un scénario qui tient le public en haleine.  « Ça a été aussi une aventure humaine formidable, et une belle rencontre avec les jeunes des quartiers !  On a fait en sorte que tous participent à l’aventure, on les a intégrés soit à la technique, soit dans des rôles soit à la figuration, on a fait en sorte que les gens participent à l’aventure, c’est ce qui donne cette énergie. Tout le monde est allé dans le même sens pour faire la meilleure série possible. »

Classée dans le Top 10 des fictions les plus regardées de Netflix, seulement 6 jours après sa mise en ligne sur la plateforme, la série est très prometteuse tant en France qu’à l’étranger, et une saison 2 pourrait bien voir le jour si son succès est confirmé. « On espère beaucoup voir Tony et Moussa de nouveau en action mais rien n’est encore défini à ce jour » D’ores et déjà elle vaut au scénariste la mise en lumière de son talent et une belle reconnaissance de la profession. « C’est un premier level de franchi, mais il y en a encore beaucoup d’étapes et autres levels à franchir, je ne compte pas m’arrêter là. J’espère bien devenir un jour la nouvelle référence du polar français ! » Un vœux qu’on lui souhaite de réaliser, au regard de toutes les histoires qu’il a encore à raconter.

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