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Jupiter et Diane

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Par Jean Poletti 

La campagne présidentielle apporte comme toujours son lot de surprises. Elle renvoie à leurs chères études les analystes péremptoires, terrassés par un scénario aux fertiles rebondissements. Un polémiste qui devait renverser la table tente maintenant d’obtenir une petite part du dessert. Tel autre auréolé d’insignes fonctions européennes n’allait faire qu’une bouchée de ses concurrents à la primaire. Un titre que le président des Hauts-de-France espérait remporter tant le sondage l’auréolait. Pour ces hérauts drapés dans le drapeau Les Républicains, la voie royale se transforma en chemin de croix. À l’image du député niçois aux accents droitiers qui échoua aux portes de la finale. Le bon docteur Juvin, enraciné à Ucciani, n’espérait nuls lauriers. Il eut ce ton dégagé et une dialectique sériée pour livrer sa vision et se faire un nom dans l’arène libérale. Mais d’une surprise, l’autre, le combat des mâles dominants se déclina au féminin. Valérie Pécresse, championne incontestée, fait écho à Aragon professant que la femme est l’avenir de l’homme. Et parodiant la formule de Chirac, la promue pourra affirmer « une cheffe, c’est fait pour cheffer ». Son entourage dit qu’elle conjugue qualités intellectuelles, sens politique et expérience. Celle qui a un lien de parenté avec la famille bastiaise Auguste Gaudin, peut compter sur le stratège Patrick Stefanini, aussi discret qu’efficient. Sans oublier la talentueuse maire de Taverny, Florence Portelli, dont elle est proche, et qui a des attaches du côté de Cargèse. Cette Diane chasseresse inquiète Jupiter. À juste titre. Faut-il rappeler que lors des dernières régionales pas moins de cinq ministres furent mobilisés en Île-de-France pour tenter de lui faire mordre la poussière. En vain. Désormais, elle affiche la couleur « ce sera lui ou moi ». Certes tout peut encore évoluer. La réalité d’aujourd’hui peut devenir obsolète demain. Mais à l’évidence l’irruption de celle qui gère la plus importante collectivité d’Europe et ses treize millions d’administrés, rebat les cartes pour le titre suprême. La stratégie d’Emmanuel Macron s’est effilochée. Il appelait de ses vœux un duel avec Marine Le Pen, ce qui eut été à ses yeux gage de succès. La droite républicaine étant de retour, l’affaire se corse à maints égards pour lui. Certains de ses proches affirment, comme pour rassurer qu’il ne s’agit que d’un feu de paille. Àcette méthode Coué, d’autres rétorquent que le brasier allumé par Pécresse risque de prendre davantage d’ampleur risquant de brûler la chronique d’une victoire renouvelée. Dans l’île aussi la percée de celle qui se nomme « la dame de faire » met du baume au cœur chez Les Républicains. Il n’est qu’à écouter son leader départemental François-Xavier Ceccoli pour en être édifié. Le maire de San-Giuliano aurait-il des velléités législatives dans la première circonscription de Haute-Corse ? Les échos qui nous parviennent disent que pour l’heure il s’agit d’une hypothèse pétrie de réflexion. Une certitude qui nous concerne surnage dans ce panel de considérations. Quel intérêt portera à la Corse la prochaine mandature élyséenne ? Et en contrepoint, le dialogue entre la majorité territoriale et Paris sera-t-il, à défaut d’un long fleuve tranquille, moins abrupt qu’actuellement ? 

Il est acquis, qu’à des degrés divers et avec une acuité moindre, que chez nous les régions hexagonales aussi sont en demande de nouvelles responsabilités. Un peu partout, la grogne s’installe contre le centralisme exacerbé. Le récent congrès des maires de France en fut une illustration concrète. Ils élurent David Linard, étiqueté LR, sur une liste où figuraient aussi des socialistes, au détriment de l’UDI Philippe Laurent, discrètement soutenu par l’Élysée. À moins de cent jours du scrutin qui désignera le chef de l’État, la période des sables mouvants prédomine. L’épilogue s’apparente à une équation aux multiples inconnues. Ce qui est toutefois patent s’inscrit dans la déroute de la gauche. Avec en point d’orgue, le Waterloo d’Anne Hidalgo, qui symboliste la chute fracassante de la maison socialiste. Cette formation que Mitterrand avait portée au pinacle et qui initia à trois reprises les évolutions institutionnelles de notre île. Concrétisée par deux statuts, des amnisties à l’égard des prisonniers politiques et les fameux lundis de Matignon. 

Sans conteste, le rendez-vous électoral d’avril prochain transcende par nature et essence la dimension insulaire. Pour autant, rien n’interdit de s’interroger sur les conséquences plausibles du nouveau quinquennat sur ce qu’en terme générique on nomme « le dossier corse. » Ici et là, des ébauches sont formulées dans les sérails des postulants. Certains évoquent l’unité sans faille de la nation. D’autres se veulent plus décentralisateurs. Mais comme le disait avec sa faconde Charles Pasqua « les promesses des politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent… »

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