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Dans les démocraties, l’effet de ces objets particuliers que sont le regard et la voix, dans la psychologie des masses deviennent les moyens de conquête du pouvoir aux fins d’établir la dictature. 

Par Charles Marcellesi, médecin 

HITLER, DE LA PRÉCARITÉ À L’ARMÉE 

Hitler ne se comprend que par ses débuts dans l’âge adulte, qui furent difficiles, dans la continuité à vrai dire d’une enfance et d’une adolescence passées à Linz, marquées par l’échec scolaire, l’errance continuelle et les rixes avec les gamins de quartier; adolescent, il finit par se nouer d’amitié avec Auguste «Gustl» Kubizek, qu’il impressionne par l’effet de catharsis, de purgation par un émoi communicatif, des interminables diatribes dans lesquelles il se lance en hurlant et gesticulant, dans un style expressionniste qui masque le caractère sommaire du fond du discours, manichéen, entre proclamation des valeurs idéales nationalistes et la haine contre ceux supposés les menacer… Les deux amis se retrouveront à Vienne, où Hitler échoue à l’examen d’entrée de l’Académie des Beaux-Arts, ce qu’il n’avoue pas à Kubizek, et peu après il disparaît: c’est l’expérience de la précarité et de l’exclusion, le passage par l’asile de nuit de Meidling (1908-1910) en compagnie de vagabonds et d’aliénés. Il en resurgit lorsqu’il parvient à être hébergé dans un dortoir pour hommes (Meldemannstrasse), y vivotant de la reproduction aquarellisée de cartes postales et en haranguant les autres pensionnaires qui ne le prenaient pas très au sérieux… Il avait rejoint la Bavière lorsque survient alors en 1914, avec l’entrée en guerre de l’Allemagne, l’expérience décisive de son engagement immédiat dans l’armée bavaroise : cette intégration dans une masse «artificielle», « hautement organisée », comme dira Freud pour qualifier l’armée, dans laquelle une sorte de fonction paternelle de substitution est incarnée par un «meneur», le commandant en chef, avec ses avatars qui se retrouvent à tous les niveaux de la hiérarchie dans les personnes des officiers et sous-officiers, va réaliser pour Hitler un «sinthome» palliant un défaut de référence au père dans sa subjectivité, soit un mécanisme psychique qui puisse faire tenir ensemble les registres de la réalité. 

Hitler se révèlera, comme estafette, soldat efficace dont les services seront récompensés par l’obtention d’un grade de caporal. Les idées de gloire nationale, de patrie et autres assureront une structuration libidinale suffisante pour l’intégration dans cette « masse artificielle » au détriment par ailleurs de la recherche de buts sexuels et Hitler sera raillé par ses pairs pour sa continence; il conservera son goût pour les discours sur le mode du moulin à paroles. 

LA FORMATION DE L’HYPNOTISEUR
Il est blessé par une exposition à l’hypérite lorsque le front allemand s’effondre et que vient la défaite, l’abdication du Kaiser, la proclamation de la République et la signature de l’armistice le 11 novembre 1918, entraînant également une réaction de l’extrême gauche révolutionnaire et la forme de conseils, de modèle bolchévique, d’ouvriers et de soldats, à laquelle il semble avoir été tenté de participer jusqu’à ce que survienne une répression sanglante par l’armée. Hanté par le spectre de la démobilisation, Hitler s’engage dans une section de propagande « nationaliste et antibolchevique » au sein de l’armée et reçoit des cours de formation pour « instructeurs antibolchéviques » à l’université de Munich: là, il s’abreuve de ce qui lui sert de formation politique et intellectuelle aux cours de Goottfried Feder et y trouve auprès des autres étudiants un champ d’expérimentation pour son talent oratoire si particulier reposant selon les premiers observateurs avertis sur une transitivité et une étrange réversibilité des émois suscités par le maniement de slogans sommaires entre lui et son auditoire : la situation réalisée était celle d’un état hypnotique: si l’on suit Freud dans Psychologie des masses, l’hypnose occasionne un conflit d’instances psychiques : le réservoir d’énergie (libido) qu’est le moi s’appauvrit du fait de l’investissement d’une partie de l’énergie dans la personne de l’hypnotiseur, au profit de l’Idéal du moi (se conformer aux codes sociaux) ; l’hypnotiseur prend la place de l’Idéal du moi de chaque membre de la foule, et ceux-ci s’identifient ainsi les uns aux autres. C’est par l’ascendant qu’Hitler prit sur les foules qu’il fonda les groupes paramilitaires nazis, et conquis le pouvoir par les élections… 

LE CAS TRUMP 

Si dans la conquête du pouvoir il y a des points comparables entre Hitler et Poutine (siège de Saint-Pétersbourg où sa mère faillit mourir, expérience de la rue, passage par le KGB, maniement des circuits financiers), Trump, né dans un milieu de milliardaires et dans un pays prospère mais aux tendances isolationnistes tout en voulant conserver une suprématie au plan mondial, paraît un contre-exemple: ce serait ne pas tenir compte du formidable développement des outils de communication, l’omniprésence de l’image, avec l’alliance du regard, de la voix et d’un discours PERFORMATIF, pour lequel l’énoncé d’un fait (par exemple sur les questions d’identité sexuée) ou d’une action vaut sa réalisation et devient le style de la mégalomanie du leader. 

Par Jean-Pierre Nucci

Dieu créa l’homme et la femme à son image, puis Il les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et l’assujettissez ; dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur terre. » (Genèse) Si l’on en croit les Écritures, l’Homme, en parfait petit écolier, a obéi à son maître, s’est multiplié, a occupé l’espace, et a dominé les animaux de 

millénaires en millénaires, de siècles en siècles, d’années en années. Une dynamique en apparence vertueuse jamais remise en cause jusqu’au milieu du xxe siècle. Dès ce moment-là, les démographes s’en inquiétèrent et tirèrent la sonnette d’alarme vis-à-vis de l’accélération des naissances. Cette fécondité galopante interrogea. La question se posa de savoir s’il resterait assez de place sur la planète pour accueillir tout ce monde. Les prévisions tablaient sur une population mondiale forte de douze milliards d’individus. Bigre ! Et Dieu dit : « Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d’arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture.» (Genèse)

Là aussi, les recommandations divines furent accomplies jusqu’au jour où, à la fin du xviiie siècle, l’économiste Thomas Malthus les remise en question. Il sonna l’alerte, dans son essai sur Le Principe de Population, sur le fait que la population progressait plus vite que les subsistances. Selon ses calculs, ce phénomène engendrerait à terme un déséquilibre entre l’addition des surfaces cultivées et la multiplication des bouches à nourrir. À l’entendre, à ce train-là, l’herbe et la semence allaient manquer. Pour faire court, moins de surfaces habitables, moins de nourriture, à part un miracle, le destin de l’humanité semblerait compromis. Et certains imaginèrent un remède efficace pour stopper cette mécanique destructrice. Une bonne guerre ou, pourquoi pas, une vilaine pandémie, à condition bien sûr d’en être soi-même et les siens épargnés. En voilà une idée qu’elle est bonne !

«Les voici qui forment un seul peuple et ont tous une même langue. Maintenant rien ne les retiendra de faire tout ce qu’ils ont projeté. Allons ! Descendons et là brouillons leur langage afin qu’ils ne se comprennent plus mutuellement.» (Genèse)

La tour de Babylone a bien existé. Son histoire remonte au ve ou vie siècle avant Jésus-Christ. En Mésopotamie précisément. En ce temps- là, les Babyloniens, peuple orgueilleux, avaient projeté d’atteindre les cieux, suscitant par-là le courroux de L’Éternel (L’Éternel et Dieu ne font qu’un). Un arrêt divin brisa leur dessein. Dieu les dispersa sur la planète, doté chacun d’une langue différente. La terre tourna ainsi longtemps. Au xvie siècle cependant, sous l’instigation de Jean-Baptiste Colbert, le mercantilisme, doctrine qui prône l’enrichissement d’une nation par le commerce extérieur, fut encouragé et libéra les hommes de la contrainte divine. Par la suite, les hommes de toutes nations accélérèrent les échanges de marchandises. La punition de l’Éternel fut contournée avamment par l’usage commercial de l’anglais. Tous les marchands se comprennent désormais par ce biais.Nous avons eu en retour la Covid-19. Sans la mondialisation, sa propagation aurait été ralentie. Dès lors, le paradigme changea, les hommes plébiscitaires le digital, le retour à la nature. Ah la campagne ! Malgré l’inversion des priorités, la terre se porte toujours aussi mal. « Notre maison brûle. » L’industrie, la consommation jamais égalée des énergies fossiles comme les échanges de biens induisent le réchauffement climatique. La couche d’ozone se perce et laisse passer la chaleur solaire. Quelle misère! La persistance de cette certitude conduirait à terme à une hausse des températures avoisinant les 50 degrés à la surface du globe terrestre. Plus de semence, moins d’oxygène, moins d’espace habitable. Les conditions d’existence de l’humanité disparaîtraient à jamais. Oh Pétard! On est mal. Le remède, inattendu pour le coup, résiderait dans la récente déclinaison des naissances. Nom de Dieu! C’est un fait indéniable, de nos jours, partout sur le globe terrestre, on enregistre une baisse de 

la natalité. Les Chinois décroissent, les Africains tout autant, hé oui! En Occident, le fléchissement de la démographie devient alarmant. Le nombre de nouveau-nés est insuffisant pour renouveler les populations existantes. Contrairement aux idées reçues, qui consisteraient à croire que ce n’est là qu’un caprice de la volonté, que l’infertilité résulterait du désir tardif d’enfants – on prend son temps, on profite de la vie, on voyage – que cette fantaisie est coûteuse en termes d’infertilité masculine et féminine, que la pollution en rajoute à l’œuvre, cela ne suffit pas pour comprendre la source de cette manifestation récente. Le désir d’enfant inassouvi, toujours croissant, de jeunes couples supposés fertiles le démontre. Ils sont de plus en plus nombreux à recourir à la procréation assistée, de manière insuffisante toutefois pour combler le déficit démographique. Des auteurs avant-gardistes comme la Canadienne Margarate Atwood ont écrit sur le sujet. Dans son roman La servante écarlate adapté sous la forme d’une série télévisuelle, elle raconte comment la société américaine renonce au progrès et se réfugie dans le plus profond respect de la foi religieuse pour recouvrer la stérilité. Le fils de l’homme, le film du Mexicain Alfonso Curaón, raconte sur le même thème une société futuriste où les êtres humains ne parviennent plus à se reproduire. À croire que la fiction rejoint la réalité. D’aucuns penseraient qu’il s’agirait là d’un châtiment divin, d’autres que cela découle d’un phénomène naturel. À les entendre, la planète se protégerait de nos excès en nous infligeant cette calamité. Cette vue de l’esprit rejoint L’Origine des espèces de Darwin. Au xixe siècle, le naturaliste anglais (1808-1882) suggérait que :

«Toutes espèces vivantes sont en perpétuelle transformation et subissent au fil du temps et des générations morphologiques comme génétiques.» Sa théorie s’illustre parfaitement par l’observation de la taille inférieure des animaux vivants sur des territoires exigus à celle des animaux vivant sur des territoires immenses. En Corse, on examine avec attention cette réalité vis-à-vis du sanglier, du mouflon ou du cerf corse, plus petit que son congénère européen. Si cette logique est avérée, cela tendrait à imaginer que la nature agirait sur la fécondité afin de protéger sa survie. On est cuit. Mais non voyons! On assiste peut-être là à un heureux rééquilibrage, nécessaire à la survivance de la planète et de l’espèce humaine. L’escalade des naissances ainsi ralentie, n’atteindra jamais ces sommets babyloniens dévoreurs de surface, et destructeurs de semences et d’animaux. Je veux croire là à notre destinée commune.

Par Caroline Ettori

En Corse où la protection du foncier agricole est une préoccupation constante,
la Société d’Aménagement Foncier et d’Établissement Rural occupe une place prépondérante, maillon incontournable dans la dynamisation de l’agriculture et la préservation des terres.
Face aux nouveaux défis qui attendent l’île, la Safer veut plus que jamais faire entendre sa voix.

Créée en 1977 après bien des vicissitudes et sous l’égide des syndicats agricoles, la Safer Corse n’a jamais dévié de sa mission de service public. Si au fil du temps, elle a su évoluer et s’adapter aux évolutions de la structure même de la société insulaire, aux bouleversements du secteur agricole, ses objectifs restent inchangés: dynamiser l’agriculture locale, accompagner le développement des territoires ruraux, protéger les ressources naturelles et agir en faveur de l’environnement. Pour ce faire, elle dispose du droit de préemption qui lui permet d’intervenir efficacement et rapidement sur le marché foncier rural. 

PLURALISME ET DIVERSITÉ POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE
De la même manière, la Safer Corse présidée par Christian Orsucci a su prendre en compte ces évolutions pour une gouvernance plus représentative du territoire. Depuis 2014, son Conseil d’Administration réunit une diversité de parties prenantes, des organisations professionnelles agricoles aux élus locaux en passant par les associations et organismes régionaux. Cette mixité reflète une volonté de démocratie foncière basée sur la diversité et le pluralisme. D’autant plus que la Corse doit faire face à des défis complexes, caractérisés par entre autres, une spéculation excessive dans les zones littorales, une sous-exploitation manifeste des terres agricoles ainsi qu’une pression croissante sur le foncier productif. Dans ce contexte particulièrement tendu, les conséquences sur l’agriculture sont lourdes avec des difficultés croissantes pour accéder au foncier, s’installer et pérenniser les exploitations. La hausse des prix des terres rend également les projets agricoles plus onéreux, notamment pour les jeunes agriculteurs, et contribue à la dévitalisation des territoires ruraux.

« L’AMÉNAGEMENT DE L’ESPACE RURAL PAR LA RECONQUÊTE DES FRICHES ET LA VALORISATION DES TERRES AGRICOLES
EST UN AUTRE DES COMBATS MENÉS PAR LA SAFER. »

UNE FORCE DE PROPOSITION VISIONNAIRE

Dans ce marché à la fois atypique et paradoxal, la Safer Corse fait figure d’autorité et formule régulièrement des propositions pour accompagner les acteurs de l’agriculture et du foncier insulaires. Des solutions innovantes, pensées depuis la réalité du terrain. Parmi celles-ci, l’adaptation du cadre juridique, législatif et réglementaire qui permettra de renforcer la politique de régulation foncière; des pistes de réflexion ont également été posées afin de faciliter l’accès au foncier pour les jeunes agriculteurs telles que la création d’un fonds de garantie dédié ou l’incitation des propriétaires à vendre ou louer leurs terres à la Safer.

Par ailleurs, anticiper les reprises d’exploitations et faciliter la transmission font partie des recommandations de la Safer. Elles incluent notamment la systématisation de la régulation foncière, l’augmentation des moyens financiers accordés aux jeunes agriculteurs et la mise en place d’un observatoire à l’installation/transmission en lien avec l’observation foncière opérée par la Safer Corse. Il s’agit, par la collecte de données référencées, de mettre en corrélation ces informations pour une meilleure adéquation entre l’offre et la demande foncière. En outre, l’aménagement de l’espace rural par la reconquête des friches et la valorisation des terres agricoles est un autre des combats menés par la Safer. L’objectif est de mobiliser des surfaces en faveur de l’agriculture dans un contexte de changement climatique et ainsi tendre vers l’autonomie alimentaire. Cette ambition ne pourra être atteinte qu’en renforçant la protection des terres à forte valeur agronomique, en freinant la consommation masquée des terres agricoles par une réécriture de la préemption partielle, en facilitant la reconquête des terres en friches et en dissociant le droit d’exploiter du droit de propriété par la mise en place au niveau régional de la future Commission d’aménagement foncier de Corse de manière à mettre en œuvre des procédures collectives de terres incultes. La Safer, opérateur historique, concentre à la fois l’expertise et la vision pour porter ces propositions dans le cadre du projet d’autonomie pour la Corse. Alors même qu’une politique foncière manque cruellement dans l’île pénalisant non seulement un pan de l’économie locale mais plus encore, un pan entier de la société, la Safer reste mobilisée pour ses usagers.

Paradoxalement, alors que la Safer Corse est plus qu’active sur le terrain et que son travail est validé chaque année par ses actionnaires, elle est le seul organisme à ne pas voir ses financements garantis par la puissance publique. Les aides de la Collectivité de Corse et l’État assurent 20% de son budget, la différence relevant de l’autofinancement pour accomplir une mission de service public. Là encore, la Safer voudrait adapter et élargir ses sources de revenus tout en garantissant son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Ainsi, un prélèvement de quelques euros sur les impôts fonciers pourrait être envisagé sans que cela ne pénalise lourdement le contribuable.

À l’aube d’une évolution institutionnelle historique pour la Corse, la Safer est de manière incontestable un interlocuteur solide et légitime qui depuis près de 50 ans se consacre à sa mission de service public. Elle entend ainsi faire peser dans les discussions le message partagé par l’ensemble des acteurs du rural et du foncier: concilier développement économique, préservation de l’environnement et pérennité de l’agriculture insulaire. Un triptyque vertueux qui pourrait transformer durablement la Corse de l’intérieur.

À LA TÊTE DE LA SOCIÉTÉ LES FILMS DE PIERRE DEPUIS 2018, LA PRODUCTRICE CORSE S’EST IMPOSÉE COMME UNE FIGURE INCONTOURNABLE DU MONDE DU CINÉMA. APRÈS LE SUCCÈS DE 120 BATTEMENTS PAR MINUTE DE ROBIN CAMPILLO QUI AVAIT RAFLÉ DE NOMBREUSES RÉCOMPENSES EN 2017, C’EST AUJOURD’HUI SA DERNIÈRE PRODUCTION ANATOMIE D’UNE CHUTE DE JUSTINE TRIET, COPRODUIT AVEC DAVID THION, QUI MULTIPLIE LES DISTINCTIONS. COURONNÉ DE LA PALME D’OR EN MAI DERNIER À CANNES, LE FILM QUI A DÉJÀ OBTENU 2 GOLDEN GLOBES AU MOIS DE JANVIER À LOS ANGELES, EST À NOUVEAU EN LICE OUTRE-ATLANTIQUE AVEC 5 NOMINATIONS AUX OSCARS, ET S’IMPOSE EN FRANCE AVEC 6 TROPHEES REMPORTES DONT CELUI DU MEILLEUR FILM LORS DE LA DERNIERE CEREMONIE DES CESARS. UNE VÉRITABLE CONSÉCRATION POUR LA PRODUCTRICE QUI S’IMPLIQUE AVEC PASSION DANS CHACUN DE SES PROJETS.

Par Karine Casalta

C’est dans une euphorie qui ne faiblit pas que la productrice a accueilli cette pluie de nominations qui vient distinguer le travail de toute une équipe. Car son engagement professionnel est marqué depuis toujours par son approche collaborative de son travail et sa grande proximité avec les cinéastes. «L’aventure de ce film est incroyable, et je trouve qu’elle nous ressemble. On est très liés avec David Thion, qui a produit le film avec moi, avec Justine Triet, et avec Arthur Harari, aussi, qui a écrit le film avec Justine; notre affection, notre amour se transmet. On sent qu’il y a beaucoup d’amour autour de ce film!»

UN ENTHOUSIASME QUI REFLÈTE SA PASSION INFINIE POUR LE CINÉMA
«Je pense que le cinéma m’a ouvert au monde! Enfant, je regardais beaucoup de films à la télévision, de toute sorte, il en passait beaucoup à l’époque. C’était un véritable rendez-vous du soir, en famille. Puis mon père a eu un jour cette formidable idée de m’acheter une télévision et un magnétoscope, c’est véritablement là que j’ai commencé à construire ma cinéphilie. Il n’y avait pas réellement à l’époque de multiplex en Corse, donc je louais énormément de films en vidéoclub, je m’étais abonnée à Première, aux Cahiers du cinéma, à Studio magazine, je me faisais des listes, mon amour du cinéma est arrivé comme ça.» Car pour la productrice, qui est née et a grandi à Ajaccio, le cinéma était aussi une façon de voyager. Partie par la suite faire des études de littérature à Aix-en-Provence, sa cinéphilie ne se tarie pas. Elle fréquente alors quotidiennement le cinéma Mazarin, situé pour son plus grand bonheur en face de chez elle. «J’y allais chaque jour, parfois même plusieurs fois par jour! J’avais alors un rapport presque physique avec le cinéma qui ne m’a jamais plus quittée.» Elle poursuit par la suite ses études universitaires à Paris, inscrite en DEA de littérature comparée à la Sorbonne. Puis, envisageant de devenir professeur d’université, elle commence une thèse, tout en préparant un diplôme d’administration du spectacle. C’est là, à l’occasion d’un stage chez le distributeur de films AD VITAM, qu’elle rencontre le producteur Gilles Sandoz et que son destin va basculer vers le monde du cinéma. Abandonnant l’idée d’une carrière universitaire, elle commence alors à travailler avec ce dernier alors que son entreprise périclitait: «J’ai commencé dans la catastrophe, ce qui n’est pas mal puisque ça m’a appris plein de choses. Tout ce qu’il ne fallait pas faire dans la gestion de mes affaires en tout cas ! Mais aussi et surtout, il m’a donné le goût du risque ! Car c’est un très grand producteur, avec un flair incroyable. Il m’a emmené avec lui sur les plateaux, sur les montages de films, je l’ai beaucoup observé, écouté, regardé et j’ai beaucoup appris.» Car, souligne-t- elle, «produire, ce n’est pas que financer».

CHAQUE FILM, UNE AVENTURE COLLECTIVE
Forte de cette expérience, elle rejoint par la suite la société de production Les Films de Pierre, créée par Pierre Bergé et Pierre Thoretton, qui lui offrira de travailler avec Hugues Charbonneau et produire 120 Battements par minute. Primé plusieurs fois, le film remportera notamment le Grand Prix du Festival de Cannes en 2017, et obtiendra six Césars en 2018. Un premier grand succès pour la productrice qui rachète la même année, après la mort de Pierre Bergé, la société de production. Désormais à la tête de sa propre société, elle est reconnue pour son implication profonde dans chaque projet, s’engageant pour chaque film très en amont. « J’ai une façon de produire très artisanale. Ça commence souvent par une rencontre, une idée, et ensuite le scénario se construit. Justine par exemple est venue me voir avec simplement au départ trois idées: un chalet, une femme, et un enfant aveugle. Et peu à peu l’intrigue s’est développée. Je suis ainsi très présente du scénario au tournage – je vais beaucoup sur les plateaux – et au montage, car le montage est aussi une forme d’écriture. Et là je crois que mon bagage littéraire m’a beaucoup aidée et me donne une singularité dans l’approche d’un film. » Elle vit ainsi chaque projet comme un travail d’équipe: «Pour moi, le cinéma est une aventure collective. Je produis des personnalités qui sont dans cette approche. Évidemment, le réalisateur reste le maître d’œuvre, mais il a besoin des

compétences des autres, pour le son, la lumière, la déco… pour pouvoir construire son film. C’est un travail où il faut être ensemble. C’est ce qui est intéressant dans ce métier, ce que j’aime: regarder tout ça et construire une équipe.»

CONJUGUER CRÉATIVITÉ ET PRAGMATISME
Intervenant ainsi bien au-delà du simple financement, la productrice incarne une réelle alliance entre vision artistique et gestion pragmatique de chaque projet, s’efforçant pour chacun de jongler avec les rêves créatifs des cinéastes et les réalités financières du marché. Sans hésiter non plus à prendre des risques calculés pour investir dans les projets qui la séduisent. Avec aussi, quels que soient ses succès passés, toujours la même nécessité de convaincre ses partenaires financiers. «Chaque film est un prototype et nécessite de tout recommencer à chaque fois. Une fois qu’on a la confiance de nos partenaires, le bon scénario, le bon réalisateur, on a cette chance en France de pouvoir encore financer nos films avec des partenaires fidèles qui sont Canal Plus, France Télévisions, les avances sur recettes du CNC etc.» Et de souligner ici l’importance de la fameuse exception culturelle française visant à soutenir un cinéma indépendant, qui est, selon la productrice, plus que jamais indispensable à la bonne santé du cinéma français. « Je suis très engagée sur cette question politique de notre exception culturelle et comment la préserver. Il y a une politique culturelle menée aujourd’hui qui ne nous est pas toujours favorable, même s’il y a eu des avancées. Il y a des mutations sociétales qui impactent les salles, le cinéma, la façon dont on regarde les films, l’arrivée des plateformes qui n’a pas été anticipée… Il y a un équilibre à trouver qui doit permettre à tous de cohabiter. Et sans une politique culturelle forte qui renforce la possibilité d’une grande diversité de propositions cinématographiques, le risque est d’être comme tous les autres pays d’Europe qui ont perdu leur cinéma, leurs salles et leurs talents! C’est pourquoi nous tirons la sonnette d’alarme! Il faut être très vigilants! Tout notre système d’exception culturelle est construit sur des obligations d’investir dans le cinéma français, et dans le cinéma de diversité, en cela on a gagné. Pas assez à mon sens, mais on a gagné!» Et de se réjouir d’autant plus de la vitalité de notre production cinématographique nationale : « Quand je regarde les nominations aux Césars cette année, il y a une grande diversité de films de qualité, à tous les budgets : il y a un film à moins de 1 million d’euros – un très petit budget – Le Procès Goldman qui a sept nominations; un premier film Chien de la casse produit par une jeune productrice et très peu financé, qui s’invite dans la case meilleurs films, c’est très beau! Et d’autres plus attendus, qui ont aussi très bien marché, comme le nôtre, ou encore le film de Jeanne Herry, Je verrai toujours vos visages, qui sont par ailleurs des films de femmes, c’est bien de le noter. Sans oublier Le règne animal qui a très bien marché en salle et s’est très bien vendu dans le monde entier. C’est une très bonne nouvelle, cela montre qu’on peut faire du cinéma de genre en France, que ça peut marcher, et qu’on n’a rien à envier aux Américains! Et c’est aussi toute une génération de quarantenaires qui est en train d’arriver, que ce soit au niveau des producteurs que des réalisateurs et des scénaristes. C’est très important ce renouvellement de génération qui est en train de se faire. C’est beaucoup de bonnes nouvelles!» Force motrice de ce cinéma contemporain, la productrice en est elle- même une de ses architectes incontournables. Sa passion pour l’art cinématographique, sa résilience face aux défis de l’industrie et son engagement envers la diversité font d’elle aujourd’hui, une figure indispensable dans la constellation des personnalités du septième art.

Il est le référent insulaire de la formation initiée par le maire de Cannes et
président de l’Association des maires de France. La politique ? Il est tombé tout jeune dans le chaudron familial du côté d’Antisanti. L’expérience ?
Puisée dans ses postes à l’Adec et à la mairie de Porto-Vecchio. La proximité ?
Son actuelle fonction à la communauté de communes de l’Oriente.
Un éclectisme qui lui confère une vision pragmatique des problématiques sociétales.

Par Jean Poletti

Quelle est l’importance de Nouvelle Énergie au niveau national?
Nouvelle Énergie ce sont près de 10000 adhérents à jour de cotisation à la fin de l’année dernière, près de 80 relais départementaux, un millier d’élus, et un nombre croissant de parlementaires, députés et sénateurs qui nous rejoignent. Au-delà, notre parti, malgré sa jeunesse, est en train de remporter sur la scène politique nationale et dans de nombreux domaines, la bataille des idées qui précède généralement les victoires politiques. Au cœur du projet la nécessité de débureaucratiser le pays. David Lisnard le martèle depuis des années, la présentant comme le remède à la grave crise démocratique que nous traversons depuis des décennies. Aujourd’hui, tant au gouvernement que dans l’opposition, ils sont de plus en plus nombreux à épouser ce discours. Il en va de même pour la nécessité de remédier à la crise d’exécution dont souffre l’action publique. On en voit notamment les ravages dans le domaine de l’immigration, ou encore sur la question de la crise du logement.

Concrètement, quelle est la vision de votre parti sur l’autonomie?
Nouvelle Énergie est un parti profondément attaché à une décentralisation fondée sur un principe essentiel : la subsidiarité. Nous souhaitons que l’État se recentre sur ses missions régaliennes, où il est aujourd’hui défaillant, et redonne à nos territoires, au plus près des citoyens, la capacité d’adapter les politiques publiques à la réalité et aux attentes du terrain, en en responsabilisant les acteurs.Depuis une quinzaine d’années, en dépit des discours la France se recentralise. L’État a placé les collectivités locales sous une tutelle financière et juridique. Actuellement le phénomène s’aggrave, mettant les collectivités locales en position de demandeurs, source de déresponsabilisation et d’irritation. Concernant la Corse, David Lisnard a indiqué refuser de s’immiscer dans les discussions en cours entre le gouvernement et les élus de l’Assemblée de Corse. Lorsqu’un projet sera finalement sur la table, il ne manquera pas de se prononcer sur ce sujet important qui concerne bien plus que notre île.

Ce parti d’essence libérale a-t-il sa place ici où la droite marque le terrain ?
Nouvelle Énergie ne cherche pas tant à occuper un espace mais plutôt à convaincre le plus grand nombre de nos concitoyens de l’importance de construire une alternative politique profondément libérale, qui place la liberté et donc la responsabilité au cœur de son projet politique. Et quand on prône le meilleur service public au meilleur coût, en remobilisant notamment les agents du public, cela parle aujourd’hui à beaucoup de monde. Et en tout cas à tous les contribuables qui en ont assez de subir les prélèvements obligatoires les plus élevés au monde pour un service public défaillant dans de nombreux domaines.

Êtes-vous un adversaire de la mouvance Les Républicains ?
Il n’y a pas d’adversité entre Les Républicains et Nouvelle Énergie. Nous comptons d’ailleurs des adhérents ayant une double appartenance, ce qui est autorisé par nos statuts. Nous soutenons également la liste qui sera conduite par François-Xavier Bellamy aux élections européennes. Un compagnon de route de David Lisnard et un homme de convictions, en phase avec notre projet, dont le bilan au Parlement européen est de loin le meilleur.

Dans cette lignée, avez-vous des contacts avec François-Xavier Ciccoli, leader de cette formation en Haute-Corse ?
Nous échangeons régulièrement avec François-Xavier Ciccoli, un élu qui a beaucoup à apporter à notre île et qui n’a jamais caché sa sympathie pour David Lisnard.

Pourquoi dites-vous que chez nous, s’instaurent résignation et fatalisme ?
La Corse a connu, il y a plusieurs années, une révolution politique avec l’accession au pouvoir régional d’une majorité nationaliste. Un phénomène comparable à l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, avec en toile de fond la promesse d’en finir avec un «ancien monde» pour résoudre les problèmes de la Corse comme du pays. Force est de constater qu’à près de 10 ans, cette promesse de changement n’a pas été tenue. La désillusion est donc à la hauteur des promesses initiales, le discours ayant systématiquement primé sur l’action. Cela participe de la crise de l’exécution à laquelle nous voulons remédier.

Vous n’êtes pas tendre avec le Padduc, pourquoi ?
Parce qu’il s’agit d’un document fleuve, qui est venu s’ajouter à l’inflation législative et normative que nous dénonçons. Il a limité les marges de manœuvre du bloc communal, faisant de nos maires les élus les moins autonomes de France. Par ailleurs, nul ne pense aujourd’hui que l’environnement est mieux protégé, la spéculation immobilière s’est intensifiée, notre population ne trouve pas à se loger tandis que l’agriculture ne connaît pas le développement espéré.

Quand et où débutera votre campagne de réunions publiques ?
La première réunion publique a eu lieu le 22 février dernier à Bastia mais d’autres réunions seront organisées aux quatre coins de l’île dans les semaines et mois à venir. 

Dans le cabinet orthodontique de Valérie Simon à Porto-Vecchio, les murs ne sont pas seulement témoins des soins dentaires prodigués, mais aussi de véritables œuvres d’art qui égayent l’atmosphère. Derrière cette initiative originale se cache une histoire pleine de créativité et de pragmatisme. Valérie, orthodontiste passionnée depuis plus de deux décennies, a su transformer une simple frustration en une source d’inspiration, en utilisant l’humour et son talent artistique pour communiquer avec ses patients d’une manière unique et inattendue. Cette rencontre entre l’orthodontie et l’art a donné naissance à une collection de tableaux aussi préventifs qu’esthétiques, reflétant à la fois son dévouement professionnel et sa joie de vivre.

Par Anne-Catherine Mendez

Pouvez-vous nous raconter comment vous avez eu l’idée de créer ces tableaux dans votre cabinet d’orthodontie? 

L’idée m’est venue naturellement alors que je cherchais une manière subtile de demander à mes patients de ne pas utiliser leurs téléphones pendant mes consultations. Je trouvais que cela perturbait souvent le déroulement des soins. Plutôt que d’être directe, j’ai pensé à utiliser l’humour à travers des petits tableaux.

Et comment les patients ont-ils réagi à ces tableaux?
Ils ont très bien réagi! Ils les regardent tous et beaucoup me demandent même où je les ai trouvés. C’est devenu une manière efficace et sympathique de rappeler les règles sans être trop autoritaire.

Vous avez mentionné que vous avez élargi votre gamme de tableaux avec d’autres messages préventifs et même des illustrations. Pouvez-vous nous en dire plus?

Oui, après le succès initial avec le tableau « PAS D’ANIMAUX PAS DE TÉLÉPHONE », j’ai décidé d’étendre les messages à d’autres sujets comme la santé dentaire, la consommation de sucreries, ou encore l’importance de boire de l’eau. Et puis, j’ai pensé qu’il serait également agréable d’égayer un peu l’atmosphère de la salle d’attente avec des illustrations amusantes, comme celles mettant en scène des personnages de mon enfance, non plus pour faire passer un message, mais juste pour illustrer une expression, pour me rappeler un bon souvenir… J’ai donc créé « DÉCROCHER LA LUNE » avec Pluto, « L’ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR » avec Picsou, « DES PAPILLONS DANS LE VENTRE » avec Donald et Daisy. « VOUS AVEZ UN MESSAGE » me représente en vacances l’été pendant que mon mari (avocat) est à son cabinet. Lui qui ne prend quasiment pas de vacances. Ça l’a fait sourire.

Vous avez également évoqué l’idée d’utiliser des bouchons de vins corses pour créer des tableaux. Comment cette idée vous est-elle venue ?

Cette idée m’est apparue un jour de pluie, alors que je cherchais à occuper mon temps libre. J’avais une collection de bouchons de vins corses et un mur vide dans ma cuisine à Porto-Vecchio. C’était donc une évidence de les utiliser pour créer des tableaux 

décoratifs. Et c’est ainsi que le même jour ma page Instagram @toulpog est née. J’ai reçu mes premières commandes, dont une de la part d’un dentiste en Alsace, ce qui m’a agréablement surprise, je ne m’y attendais pas du tout.

En dehors de votre passion pour l’art, vous êtes orthodontiste depuis de nombreuses années. Comment conciliez-vous ces deux activités ? Effectivement, l’orthodontie reste ma véritable passion, et j’ai eu la chance de l’exercer depuis 26 ans, et plus récemment à Porto-Vecchio. Travailler avec les enfants et les adolescents me procure un véritable bonheur et cela me permet de rester jeune d’esprit. Les activités artistiques que je développe dans mon cabinet m’apportent une grande zénitude et complètent parfaitement mon quotidien professionnel. 

@toulpog

Le collectif des praticiens libéraux de Corse perd patience.
Regroupant quelque trois cents adhérents, il n’accepte pas le véto par l’Assurance maladie de reconnaître les spécificités de la médecine dans l’île alors que l’Outre-mer enbénéficie depuis longtemps déjà.
Une telle distorsion aggrave encore l’accès aux soins déjà prégnant chez nous.

Par Jean Poletti

Le refus est tombé. Tel un couperet. Il rejette de manière arbitraire les revendications formulées de longue date par le collectif. La future convention médicale ne reconnaîtra pas «le statut île-montagne. L’autorité administrative lui avait pourtant demandé de lui soumettre un dossier étayé. Ce qu’il fit. Ainsi a été une nouvelle fois énuméré le particularisme d’une profession de généralistes. Une distorsion liée notamment aux déserts médicaux et autres contraintes factuelles et structurelles sur lesquels se greffe une revalorisation jugée insuffisante de l’acte. Au-delà du véto, c’est la méthode de la Caisse maladie qui interpelle. Elle parut d’emblée sensible à la problématique et incita les praticiens à lui remettre un cahier des doléances. Ils s’attelèrent à cette opération vérité. Et durant quatre mois listèrent les différences fondamentales, qui à leurs yeux impliquaient tout naturellement une réponse différenciée prenant en compte le panel de différences notables par rapport à l’Hexagone. «Nous avons été floués.», maugrée sans ambages le docteur Cyrille Brunel porte-parole du collectif. Et de supputer que la décision avait été prise et dissimulée bien avant que soient demandées des précisions et l’argumentaire aux plaideurs.

La réalité bafouée

Bref, il s’agit de la confirmation d’un strict alignement à la règlementation nationale. Une sorte de prêt-à-porter médical alors que le simple bon sens, que l’on dit pourtant chose du monde la mieux partagée, nécessite du sur-mesure. Dans ce dossier et sans convoquer le jugement de valeur, chacun est en droit de percevoir que sur le fond et la forme l’organisme de tutelle plaça le dialogue et la transparence aux abonnés absents. Est- il acceptable sur un sujet aussi sensible de 

éclamer un audit à la corporation alors qu’en silence le refus était acté, rayant d’un trait de plume le plaidoyer pragmatique et reflétant la réalité ? Cette fin de non-recevoir qualifiée de «double gifle» et de «duperie» suscite une atmosphère de rancœurs et provoque des réactions pouvant avoir de fâcheuses conséquences pour les patients. D’ores et déjà en effet certains médecins annoncèrent prendre leur retraite. D’autres se disent prêts à quitter l’île. Il en est même qui s’apprêtent à sortir du conventionnement. Voilà qui signifierait que les consultations ne seraient plus remboursées. Combien seront-ils à opter pour ce changement radical? Assez nombreux est-il rétorqué. Suffisamment pour dégrader davantage encore l’équité aux soins, qui fonde la doctrine de la politique publique en ce domaine.

Déconventionnent acté

Clairement et en occultant l’euphémisme cette décision instaurerait une santé à deux vitesses. Le malade qui n’est pas en peine de payer pourra consulter immédiatement, tandis que la population aux revenus modestes sera contrainte de s’orienter vers un conventionné, sans espoir d’avoir un rendez-vous rapide. Cette pratique a déjà cours dans plusieurs pays d’Europe, mais rares sont ceux qui auraient imaginé qu’elle touche un jour nos rivages. Dans une île la plus pauvre de France et prise dans la spirale de la précarité qui ne cesse de s’amplifier. Le collectif ne lance pas un avertissement sans frais. Il persiste et signe. La stratégie est initiée et assumée. Avec en point d’orgue ce mois de mars à Bastia la tenue des Assises des médecins généralistes. Un moment pédagogique pour expliciter les mutations qu’ils sont contraints d’opérer en réaction à l’attitude de l’institution nationale. Tout naturellement, les débats rejoignent à maints 

égards les carences de l’offre médicale insulaire publique et privée. Car transcendant le déni à l’endroit des généralistes, les dysfonctionnements embrasent l’ensemble des prestations pénalisées par l’inadaptation criante.

Ministère claquemuré

Ainsi, s’agissant du nouvel hôpital de Bastia l’expectative prévaut. Celui de Falconaja est vétuste et ne peut répondre aux besoins de la moitié de la population insulaire. Les cris d’alarme sont nombreux. Le fameux Ségur de la santé n’eut pas chez nous les résultats escomptés. De promesses en atermoiements, les réalisations nécessaires jouent l’Arlésienne. Dans ce dossier aussi l’attentisme du ministère concerné prend l’apparence d’un abandon sans autre forme de procès. Des urgences en passant par l’ensemble des services, les personnels tentent par une disponibilité sans faille à juguler, autant que faire se peut, un dispositif obsolète. Il ne peut plus absorber les besoins que sont en droit d’attendre ceux qui sont admis sur des lits de douleur. Une association de défense des usagers s’est constituée, elle clame une authentique remise à niveau, prône avec d’autres la création d’un centre flambant neuf. La mairie offre gracieusement un terrain 

pour aider à cette innovation. Des rapports se succèdent, demeurant lettres mortes sur un bureau des éphémères ministres qui sitôt assis dans leur fauteuil sont remplacés ou démissionnent. Difficile devant cette valse des portefeuilles de trouver un interlocuteur fiable. Il faut sans cesse remettre sur le métier l’ouvrage. Expliciter à perdre haleine les impératifs au gré des interlocuteurs sans cesse renouvelés, qui écoutent d’une oreille distraite les démonstrations éculées à force d’être employées.

Législation méprisée

Un scénario qui se retrouve également dans l’avènement d’un Centre hospitalier universitairequiprendaufildesanslestraits d’un mirage. Pourtant la Corse est la seule et unique région de métropole et d’Outre- mer à en être privé. Dérogeant ainsi malgré elle aux principes de la loi Debré prévoyant une telle unité dans chaque région, suivant

le découpage administratif en vigueur. Mais ici, on nous impose une spécificité inique tant refusée dans d’autres domaines. Alors que par exemple Angers et Nantes possèdent deux CHU tout comme Montpellier et Nîmes ou encore Brest et Rennes. Vérité au-delà, erreur en deçà. Par quelle curieuse alchimie notre île est-elle privée d’une structure au mépris de la législation? Par quel curieux hasard des agglomérations dont la population n’excède pas la nôtre disposent depuis fort longtemps d’un tel établissement ici interdit ? L’entendement chancelle devant ce fameux cas de non-droit caractérisé. Bien sûr, édiles et représentants de la société civile donnent de la voix et des motions. Praticiens insulaires et continentaux dénoncent. Nos quatre députés, tels des Mousquetaires, portent le fer au Palais Bourbon. Ils essuient en retour des réponses laconiques aux accents d’éléments de langage systématiquement ressortis des tiroirs sans l’once d’une nouveauté. Vous

avez dit force d’inertie? Cécité volontaire? Sédatif du dédain? En terre continentale, nombre de CHU opérationnels reçoivent au fil des budgets de confortables subventions pour en améliorer le fonctionnement ou dans un but de restructuration. Mais tandis que l’opulence et le «quoi qu’il en coûte» est d’actualité sous d’autres cieux, ici prévaut le règne de la portion congrue.

Vision amputée

Inutile d’épiloguer plus avant pour dire que ces trois cas d’école attestent que dans le domaine de la santé aussi la vision parisienne s’habille d’un arbitraire qui entachent les principes cardinaux de la République. Dont l’on nous rebat par ailleurs les oreilles depuis les salons lambrissés et les allées du pouvoir. Et pendant ce temps-là, tout un pan de la ruralité manque cruellement de praticiens. Les normes nationales de la distance pour accéder à un centre de soin relèvent ici de l’utopie. Les plateaux techniques sont fréquemment en retard de nouveauté faute de remplacement. Passer un scanner et autre IRM nécessite de ronger son frein. Rarement le qualificatif de patient n’aura été si approprié! Et la nave va. Sans que les mouvances étatiques ou institutionnelles autorisées ne daignent décrypter une problématique dans sa globalité. Pourtant, il s’agit d’une mission cardinale, qui rejoint le sacro-saint principe d’égalité des citoyens du traitement des maladies. Si certains sont privilégiés par rapport à d’autres, la rupture est non seulement médicale mais également morale et occulte le concept même d’humanité.

La thérapie de l’avion

Le sort fait à la Corse est indécent. Il laisse affleurer le proverbe Baccala per Corsica en mettant une population à une homéopathie contrainte. Il n’est que temps de faire entendre raison à ceux qui sur les bords de la Seine font la sourde oreille. Sans aller jusqu’à employer le terme d’ostracisme, il n’est pas usurpé d’avancer que la santé ne peut plus se satisfaire d’être laissée sur le bord du chemin et vouée à cette indigence trop longtemps mise sous l’éteignoir. À moins que de guerre lasse les malades confortent l’adage «Le meilleur médecin, c’est l’avion.» Est-ce cela l’avenir d’une île qui se targue par ailleurs de s’ériger en autonomie? Osons espérer que le pire ne sera pas sûr. Pour inverser cette situation, il conviendrait que s’instaure et s’amplifie une démarche populaire qui créerait une force de pression telle que l’ignorer serait difficilement tenable par la capitale.

Riposte citoyenne

Dans le même temps une telle révolution citoyenne, nourrie de pétitions et de rassemblements, donnerait encore plus d’envergure au

En annonçant la fin du droit du sol et l’avènement d’un droit du sang pour le département d’Outre-mer de Mayotte, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, relance le débat non seulement sur l’acquisition de la nationalité française mais encore sur l’idée même de la France.

Par Michel Barat,
ancien recteur de l’Académie de Corse

Nul ne peut ignorer que l’immigration comorienne massive détruit les conditions de vie des Mahorais au point de créer un des lieux de surpopulation et de misère les plus extrêmes. Mais une telle initiative est- elle possible sur une partie du territoire français sans entraîner son application sur sa totalité? Le droit du sol à Mayotte, en application de l’article 73 de la Constitution, est restreint par une condition supplémentaire: l’exigence d’une présence régulière sur le sol français d’au moins trois mois de l’un des deux parents étrangers au moment de la naissance pour que l’enfant puisse acquérir définitivement la nationalité française. Mais une telle suppression complète semble bien remettre en cause l’indivision de la République. Or, l’argument de l’indivision est souvent opposé à des demandes de modification de statut de certaines régions, comme en Corse. Notons que le droit du sol n’est pas intégral ni automatique en France: un enfant de parents étrangers, né sur le sol français, peut acquérir la nationalité française à sa majorité sous réserve d’une présence de cinq ans continue ou discontinue en France depuis l’âge de onze ans ou encore à la demande de ses parents à l’âge de treize ans. Donc contrairement à ce qu’on dit trop souvent nul peut-être français par droit du sol sans le vouloir.

 » LE GÉNÉRAL DE GAULLE NE POURRAIT PLUS ÊTRE COMPRIS NI MÊME ENTENDU QUAND IL PROCLAMAIT AVOIR UNE CERTAINE IDÉE DE LA FRANCE. « 

STATUT POLITIQUE

Contrairement, une fois de plus à une idée reçue, le droit du sol sous des formes différentes ne date pas de la Révolution mais s’appliquait déjà sous l’Ancien Régime. Ce qu’apporte comme un acquit éminent la Révolution et qui sera confirmé formellement par la Troisième République, c’est que la nationalité française implique la citoyenneté française et les droits civiques afférents, ce qui, bien entendu, ne pouvait être sous l’Ancien Régime. La question se révèle philosophiquement de première importance car l’acquisition de la nationalité française n’attribue pas uniquement un passeport, une identité, mais bien plus un statut politique. La nationalité française ne résulte pas simplement d’une hérédité mais d’un contrat entre des citoyens. La nation française et non pas le royaume de France naît avec « la Fête de la Fédération », le 14 juillet 1790, quand les représentants des anciennes provinces se réunirent sur le Champ de Mars pour prêter un serment d’union et de fidélité à la nation. Nous remarquerons en passant que c’est ce que célèbre la fête nationale.

NATIONALITÉ ET CITOYENNETÉ

Le droit du sang intégral confère uniquement par filiation la nationalité et n’a pas la même signification quand il est complété par le droit du sol: le droit du sol introduit dans le concept de nationalité un acte volontaire, celui d’être français étant né sur le sol français, comme d’ailleurs le fait par une voie plus complexe la naturalisation d’un étranger. Il faut aussi noter que le droit du sang ne se limite pas qu’à cela, mais il est aussi le droit du sang versé, l’acquisition de la nationalité par le combat pour la France. La suppression totale du droit du sol conduirait inéluctablement à une mutation de la France qui ne serait plus une idée mais un fait biologique: le général de Gaulle ne pourrait plus être compris ni même entendu quand il proclamait avoir «une certaine idée de la France». Une suppression même partielle risquerait d’ouvrir la voie au découplage entre nationalité et citoyenneté. Il est loin d’être certain que cette suppression à Mayotte puisse mettre fin ni même freiner l’immigration comorienne sans doute incitée par la très grande différence de niveau et de conditions de vie, elle augmenterait le nombre d’étrangers sur l’Archipel sans amener de solutions efficaces et respectueuses des personnes.

IDÉE RÉPUBLICAINE

Qu’un tel débat puisse s’ouvrir, que des voix puissent s’élever pour l’étendre à la France dans son ensemble, témoigne de l’affaiblissement de l’idée de République par la déconnexion entre nation et citoyenneté: les Allemands cesseraient de dire «Gross Nation», «la Grande Nation» pour désigner la France en la distinguant tout autant du «Reich» que du «Land». Cette tentation répétée de modifier la constitution pour régler un problème ponctuel, fût-il lourd, cet abandon de toute hiérarchie des normes est en fait le symptôme du délitement de l’idée républicaine et de la réduction du citoyen en individu. Si l’on n’y prend pas garde l’éventuelle suppression du droit du sol à Mayotte pourrait à terme s’avérer le diable qui diviserait la République en consacrant la désunion nationale.

De Camille de Peretti

Calmann-Lévy Littérature

Par Karine Casalta

Avec ce roman entre histoire et fiction, Camille de Peretti nous entraîne dans une saga familiale au fil de trois générations et sur deux continents, autour du tableau Portrait d’une dame de Gustav Klimt.

Peint à Vienne en 1910, ce tableau a connu une histoire mouvementée qui interroge encore aujourd’hui. Acquis par un collectionneur en 1916, on ne sait pas ce qu’il devient, jusqu’à ce qu’une étudiante en histoire de l’art s’aperçoive en 1997, que ce qui semblait être un autre tableau de Klimt, acheté en 1925 par le musée de Plaisance en Italie, est en fait ce même tableau repeint par le Maître.

Volé la même année alors que se préparait l’exposition qui devait le célébrer en mettant en valeur cette découverte, il va mystérieusement réapparaître en 2019, fortuitement retrouvé par un jardinier dans les jardins du musée, sans qu’on ne sache jamais ce qui lui est arrivé durant toutes ces années.

Qui l’avait acheté en 1916? Pourquoi a-t-il été repeint? Pourquoi a-t-il été volé? Pourquoi est-il subitement réapparu? Qui était la jeune femme au regard subtilement mélancolique représentée sur le tableau? Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police n’explique ces mystères. S’interrogeant sur cette femme, Camille de Peretti en imagine dans ce roman la destinée et celle de ses descendants, tous liés par ce tableau. Dans un récit parfaitement rythmé où se mêlent secrets de famille, amours contrariées et drames retentissants, l’auteure nous fait ainsi voyager au fil des lieux et des époques, de la Vienne des années 1900 au New-York de la Grande Dépression jusqu’à l’Italie contemporaine.

La toile, retrouvée par hasard, devient ainsi le point central d’une fresque familiale captivante.

L’auteure, Camille de Peretti

Romancière et traductrice, Camille de Peretti est née à Paris où elle a effectué toute sa scolarité dans une école internationale. Après une hypokhâgne et une khâgne, elle intègre l’ESSEC et multiplie par la suite les activités professionnelles: elle travaille tour à tour dans l’analyse financière dans une banque d’affaires singapourienne, puis pour la télévision japonaise où elle anime une émission culinaire, et enfin en France dans l’événementiel. En 2005, elle publie son premier roman, Thornytorinx aux éditions Belfond (prix du Premier roman de Chambéry). L’inconnue du portrait est son 9e roman.

Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?
L’Inconnue du portrait, c’est l’histoire vraie d’un tableau de Gustav Klimt perdu, repeint, volé et retrouvé dont personne ne sait rien, surtout pas qui était Celle représentée sur le tableau. C’est une fresque qui s’étale sur 110 ans, une saga à suspense, où j’imagine la destinée de cette jeune femme ainsi que celle de ses descendants.

Photographe Céline Nieszawer-Leextra

Pour écrire il vous faut… ?

Du temps et une maison sans enfants.

Les thèmes qui vous inspirent ?

L’art, l’Histoire et le courage des femmes.

Votre meilleur souvenir de lecture ?

Le dernier livre qui m’ait littéralement emportée était À l’est d’Éden de John Steinbeck, c’est tout ce que j’aime, des personnages très forts, une histoire pleine de rebondissements, d’amour et de violence portée par une plume magnifique.

Un livre que vous auriez aimé signer ?

La vie devant soi de Romain Gary.

Une passion en dehors de l’écriture ?

Cela ne va pas surprendre, mais la peinture.

Le personnage de votre roman de qui vous vous sentez le plus proche ? Isidore, indéniablement.

Qu’aimez-vous faire lorsque vous n’écrivez pas ?
Lire, avec une bonne tasse de thé. 

Chaque fois qu’une réforme décentralisatrice est envisagée, elle a ici pour habituelle compagne de route une fracture qui traverse tout l’échiquier politique. L’actualité le démontre à nouveau. Sous l’ère de la gauche, et en incidence celle de Sarkozy, prévalait une méthode avec en corollaire la volonté d’aboutir. Cette fois, la conjonction de lignes rouges, l’improbable consensus pourtant réclamé par Darmanin et ses pas de clerc, alourdirent le climat insulaire, ourlant l’avenir du spectre du vieux démon des déchirements et la résurgence de la clandestinité.

Par Jean Poletti

La Corse serait-elle frappée d’une sorte de malédiction? Par quelle curieuse alchimie, tout projet évolutionniste semble synonyme d’oppositions frontales ou diffuses de la classe politique? Pourquoi ce concept de spécificité, qui irrigue désormais la société, est-il battu en brèche sitôt qu’une avancée est proposée? Une sorte de schizophrénie qui rend actuellement le dossier d’autant plus ardu à résoudre, tant du côté de Paris il semble que certains le soutiennent comme la corde soutient le pendu. En prononçant le mot autonomie l’actuel ministre de l’Intérieur sembla donner l’impression qu’il répondait davantage au souci d’éteindre un incendie qu’à une décision mûrement réfléchie. Là est sans doute le hiatus originel. Que l’on sache, cette mutation institutionnelle n’était pas dans les cartons du pouvoir. Elle fut une réponse factuelle aux débordements consécutifs, au guet-apens mortel d’Yvan Colonna dans les circonstances que l’on sait. Sans doute rapidement happé par les conséquences de son annonce le pensionnaire de Beauvau ne cessa d’alterner volontarisme et réserves. Acquiescements et restrictions. D’aucuns évoqueront un double langage. D’autres, la crainte de se fourvoyer dans une problématique dont il n’avait pas appréhendé les méandres. Annihilant, faute de succès, toutes ses chances à la prochaine présidentielle. Exemple éloquent, lors de la commémoration de l’assassinat de Claude Érignac, il eut des mots évoquant l’impérieuse nécessité de scruter le futur avec sérénité. Et de marteler « Il est temps d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la Corse, le gouvernement de la République est prêt. Il vous attend, il tend la main.» Qu’en termes élégants, ces choses-là sont dites, aurait acquiescé Molière. Mais dès le lendemain, sur une radio nationale, il employa une formulation sinon opposée à tout le moins différente, soulignant à l’envi les limites, presque les ukases, concernant la plausible réforme. Puis faisant fi d’une délibération 

largement adoptée par l’Assemblée territoriale, il réclama sans sourcilier l’unicité des édiles. Sans doute une manière de remettre dans le jeu la droite insulaire.

Mouvances balkanisées

Au-delà de tout jugement de valeur, et même si une telle volonté partait d’un bon sentiment, il passa ainsi par profit et perte le sacro-saint vote majoritaire qui prévaut en saine démocratie. D’autant que cette stratégie fut une pomme de discorde dans le camp libéral fractionnée entre la démarche incarnée par Laurent Marcangeli et Valérie Bozzi et celle défendue par Jean-Martin Mondoloni. Les premiers globalement partisans d’une autonomie, avec en contrepartie la territorialisation du mode de scrutin de l’Assemblée de Corse et la création d’une métropole ajaccienne. Le second, selon sa formule, préférant adapter les lois existantes plutôt qu’en adopter de nouvelles. Dans un calendrier qui ne doit rien au hasard, Nazione fut porté sur les fonds baptismaux. Agrégeant notamment Corsica Libera et Patriotti, il prône l’émergence d’une République corse. >>>

La suite de cet article est à retrouver dans Paroles de Corse #129 de mars en vente ici