EPF – Europa Plural Feminine – Chroniques d’Europe au féminin

Femmes et RSE : en Corse, un leadership au féminin pour une économie durable

Le 26 mai 2025, à Corte, la Chaire UNESCO 3 « Devenir en Méditerranée » et le laboratoire LISA ont accueilli une rencontre autour d’un thème devenu central dans les transformations économiques insulaires : le rôle des femmes dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Organisée dans le cadre du programme européen, Europa Plural Féminine portée par des partenariats entre chambres de commerce et acteurs économiques européens : notamment en Italie, en Allemagne, en Espagne et en Sardaigne, cette rencontre locale s’inscrit dans une dynamique transnationale visant à promouvoir l’égalité femmes-hommes dans le monde professionnel. L’ambition ? Faire de la RSE un levier d’innovation, de justice sociale et de durabilité – à travers une lecture féminine, inclusive et pragmatique.
Par Anne-Catherine Mendez

Leadership, vision et responsabilité

Lors de la table ronde, plusieurs femmes dirigeantes, entrepreneures ou actrices institutionnelles ont pris la parole pour partager leurs expériences. À commencer par Paola Fabiani, fondatrice de Wisecom et Vado Via, deux structures qui ont fait de la RSE un moteur de performance autant qu’un engagement éthique. « Notre modèle repose sur deux piliers : attirer des profils divers dans un métier peu valorisé, et les fidéliser. La RSE, ce n’est pas un argument marketing. C’est un choix stratégique », a-t-elle déclaré.

Dans le même esprit, Julie Paganelli (CRESS Corsica) a mis en lumière une tendance forte : le leadership féminin dans les domaines de l’économie sociale et solidaire et de l’entrepreneuriat local s’exprime par une attention particulière aux impacts sociaux, à la durabilité et à l’inclusion.

Quand la RSE devient levier de compétitivité

L’un des fils rouges de l’échange a porté sur la manière dont les femmes transforment concrètement les modèles économiques. Moins tournées vers le profit à court terme, elles intègrent volontiers la RSE dans la conception même de leur activité.

Élodie Tognarini, commissaire aux comptes au sein du cabinet C2C Conseil, a apporté un éclairage technique et stratégique sur les enjeux de la RSE en entreprise. Pour elle, la responsabilité sociétale ne doit pas se limiter à une posture : « C’est un outil de pilotage et de performance, au même titre que les indicateurs financiers. » Son intervention a rappelé que la durabilité se mesure aussi par la rigueur, la transparence et l’intégration des enjeux sociaux et environnementaux dans la gestion quotidienne des entreprises.

« La RSE ne doit pas être une case à cocher, mais une boussole pour innover », martèle Paola Fabiani. Son entreprise, pionnière dans l’utilisation de l’IA pour optimiser la relation client tout en réduisant la consommation de data, en est l’illustration : moins d’impact environnemental, plus de réactivité humaine. Un modèle duplicable et porteur d’avenir.

Penser l’écologie autrement, grâce aux femmes

Autre point fort de cette rencontre : l’équilibre entre tradition et innovation. Alexandra Pagni (Pôle Pépite) ou Cécile Martelli (A Prova) ont montré comment les femmes entrepreneures corses savaient conjuguer ancrage local et transition verte, souvent en lien avec l’agriculture, l’artisanat ou l’économie circulaire.

Élodie Sartet (Bouge ta Boîte) l’a confirmé : les entrepreneuses corses veulent inscrire la RSE au cœur de leurs stratégies. Pas par effet de mode, mais parce qu’il s’agit de construire des projets plus résilients, plus justes et plus ancrés dans les besoins des territoires.

Et maintenant ? Construire une synergie durable

La rencontre s’est conclue sur une série de propositions concrètes pour faire de la Corse un territoire exemplaire en matière de RSE, portée par l’énergie et la vision des femmes. Parmi les pistes : renforcer les passerelles entre institutions, entreprises et réseaux féminins ; développer des formations spécifiques à la RSE ; valoriser les bonnes pratiques locales.

Comme l’a souligné en clôture Nathalie Lameta, directrice de l’IUT de Corse « ce type de rencontre crée des ponts, des vocations, et réactive une intelligence collective précieuse ». Une intelligence portée par des femmes engagées, dans une île en pleine mutation.