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PLANÈTE BLEUE

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Quatre ans seulement après avoir été rétrogradé en N3, le SCB retrouvera la ligue 2 dans quelques semaines. Un retour gagnant et un titre de champion de National largement mérités, résultat d’une mobilisation sans failles et d’un remaniement en profondeur du fonctionnement du club. Le match ne fait que commencer. 

Il y a d’abord la joie, que l’on imagine immense mais que le président du SCB Claude Ferrandi veut contenue. « Bien sûr que nous sommes heureux de ces résultats. C’est la satisfaction du travail accompli, de l’engagement de toute une équipe récompensée même si on sait que ce n’est pas une finalité en soi. Le chemin est encore long. » Réaliste, pragmatique, sans surprise, l’entrepreneur se dit fier aujourd’hui d’avoir initié une construction. De nouvelles bases pour un club qui n’a eu de cesse de jouer avec les nerfs de ses supporters, et pas seulement sur le terrain sportif. 

« L’arrivée dans le monde professionnel va être compliqué. Tout ce qu’on a vécu jusqu’à présent a été très compliqué. Donc nous nous préparons comme si le plus dur restait à faire. » Pourtant, le club a entamé sa mue y compris et peut-être même surtout concernant l’assainissement de son fonctionnement et de ses finances. L’idée fixe est de ne surtout pas reproduire les errements du passé. « L’important aujourd’hui est d’apporter une stabilité au club. Et d’apprendre de nos erreurs. En ce sens, nous souhaitons une étroite collaboration avec l’ensemble des composantes du club avec au-delà du consensus, une gouvernance plus réfléchie et partagée. » Une gestion vertueuse qui passe en partie par la création d’une société commerciale avec pour objet l’intérêt collectif (SCIC) dans laquelle 1 personne égale 1 voix en assemblée générale. Au sein de la SCIC, 5 collèges réunissent les différents « membres » du club : fondateurs, acteurs économiques, supporters, salariés et anciens licenciés et collectivités avec un droit de vote et un capital bien distincts. En clair, les droits de vote sont fixes quel que soit l’apport au capital. « Le principe directeur est de redonner confiance à nos partenaires ainsi qu’aux supporters avec une structure qui se veut la plus transparente possible. Nous souhaitons partager la destinée du club avec le plus grand nombre sur un modèle participatif s’agissant des points stratégiques : les finances, la commercialisation, l’exploitation du stade ou encore les aménagements. Le sportif relevant de la seule responsabilité de la direction générale. » Une organisation inédite dans le monde du foot professionnel qui n’est pas sans rappeler le club espagnol du FC Barcelone et de ses très actifs socios. 

Club et associés 

Justement, Anthony Luciani, ancien président des socios, membre fondateur de Testa Mora 92 et initiateur de la webtv Minenfootu revient sur cette évolution. « Sous ma mandature, les supporters ont récolté plus de 230 000 euros pour le club et depuis, l’enveloppe a encore grossi. Nous avons intégré la SCIC et c’est un véritable changement dans la façon même d’appréhender les choses. Un exemple, nous sommes bien plus sereins face à la DNCG, le gendarme financier du foot. Avant, l’angoisse grandissait quand juin arrivait ! » Si la passion est présente depuis toujours, cette parenthèse des quatre ans aura été très particulière pour Anthony. « Retrouver le monde professionnel a été l’essence de notre combat. Certaines grosses villes comme Rouen, Toulon ou Cannes n’ont jamais retrouvé l’élite. Pourtant, je garde des souvenirs magnifiques comme lorsque le Sporting a joué avec le maillot socio pour un match retransmis à la télé. C’était il y a trois ans. J’y ai donné le coup d’envoi devant plus de 10 000 personnes. C’est peut-être l’un des plus beaux jours de ma vie. Il faut dire que l’engouement n’a jamais faibli. En amateur, on jouait devant 5 000 personnes. L’équipe se transcende forcément. Sur le continent, j’ai vu des rencontres réunissant une trentaine de spectateurs… Et puis, il faut aussi rendre hommage aux dirigeants qui ont rendu tout cela possible ; qui ont permis à la SCIC de se créer et de la faire vivre. »

« Nous avons conscience qu’un club n’est pas une entreprise comme les autres. C’est un bien public qui implique de grandes responsabilités. » Une charge qu’endosse également une vingtaine de communes réparties sur l’ensemble du territoire. Chacune ayant souscrit au capital du club de 2 500 à 150 000 euros pour la seule ville de Bastia. « L’engagement ne se résume pas au simple investissement financier. Un programme pédagogique est élaboré avec ces villes notamment à destination des enfants qui peuvent le temps d’un match accompagner les joueurs sur le terrain en tant qu’Escort Kids ou assister à des interventions des membres du Sporting qui déclinent et expliquent les différentes métiers du football », détaille Claude Ferrandi. 

Acteur du changement 

Plus qu’un club de football, le SCB s’impose désormais comme un acteur économique et social de premier plan avec l’ambition de diversifier ses activités. « Nous avons mis en place des activités connexes et quasi-indépendantes du sport. On souhaite que les finances du club puissent être équilibrées sans le poids et l’incertitude des résultats sportifs. Une rétrogradation ou des droits télé au montant encore incertain ne doivent pas impacter le projet qui n’est pas que sportif. C’est un projet de vie. L’histoire du club est faite de difficultés, cycliques, et de moyens limités, c’est pourquoi nous devons enrayer ces montagnes russes et proposer d’autres axes de développement. »

Ces nouvelles pistes passeront par une agence de communication 360, l’organisation de séminaires, en partenariat avec Corse Incentive, le traditionnel merchandising, des relations renforcées avec l’Université de Corse mais aussi avec les anciens joueurs, le projet d’un musée virtuel et le numérique avec une section e-sport. Un secteur en pleine expansion qui séduit au-delà de la planète foot. « Nous voulons engager des équipes de haut niveau estampillées SCB sur différents jeux comme Fortnite ou Fifa pour les puristes… À titre de comparaison, l’industrie du cinéma représente plus de 90 milliards d’euros de recettes mondiales, l’e-sport a déjà atteint les 150 milliards. C’est pour nous une manière d’attirer d’autres sponsors, d’autres profils, d’autres soutiens pour que le club rayonne. »

Et muscle son budget qui oscillerait entre 7,5 et 8 millions d’euros pour cette saison. Sans surprise, le président qui « découvrira » le monde du football professionnel insiste sur l’objectif principal : la stabilité avec une équipe administrative renforcée qui compte désormais une quinzaine de personnes et un effectif de 18 joueurs avec de nouvelles recrues dont le gardien Johny Placide, le défenseur Kylian Kaïboué ou encore l’international gabonais Lloyd Palun. 

Un nouvel élan pour ce club mythique qui ne laisse personne indifférent dans l’île. Et ailleurs. Anthony Luciani, redevenu simple mais toujours aussi fidèle supporter, a peut-être le début d’une explication à cette fièvre bleue. « Le Sporting est une icône de la Corse. Nous venons de célébrer les 40 ans de la Coupe de France avec une incroyable ferveur. Le SCB, c’est la Corse qui gagne, qui nous rend fier. Il y a des choses qu’on ne peut pas réaliser en politique ou en matière économique mais en sport et en l’occurrence en foot, tout est possible. On peut sur un match rivaliser avec les plus grands. On a déjà battu Paris. » L’enthousiasme n’est jamais loin et n’empêche pas le réalisme pour le prochain championnat, rejoignant ainsi le président Claude Ferrandi. « Le club est encore convalescent. L’essentiel est de pérenniser les acquis avant de penser aller plus haut. » Mais rien n’empêche de rêver, non ? 

INFOS + : 

La campagne d’abonnement a débuté le 15 juin dernier. Le club espère fidéliser entre 7 000 et 7 500 personnes sur les 16 000 places que compte le stade Armand-Cesari. 

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