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Long courrier

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Journal de bord : Paris-Montréal

Par Nathalie Coulon

 
« Un cognac, Monsieur ? »
« Et vous Madame, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Eau plate, gazeuse, une boisson chaude, vin, liqueur, champagne ? »
Le pilote affiche la couleur, ce sera des turbulences une grande partie du vol.
« Champagne oui champagne. »
Ça picole pas mal dans l’avion je dois avouer. 
Air Corsica par exemple propose des mini-Heineken sur son direct Bruxelles et pour le reste ce sera canistrelli café, jus de tomate cacahuètes déshydratées. C’est moins cool quand même ! 
Avec le tarif résident, je verrais bien un vol pumonte accompagné d’un bon rouge Faustine du domaine Abbatucci et pour le Cismonte un vin blanc bien frais d’Antoine Arena. 
Je trouve ça léger non ? Un accueil pareil surtout pour vaincre sa peur moins coûteux qu’un stage en capsule virtuelle à une blinde chez Air France simulateur foudre, tempête, fin du monde ! 
Bon ! La classe voudrait que la débauche soit soft tout de même et pas se faire débarquer en plein vol ! 
O joie ! 
La joie sur le sol canadien, c’est ce tirage au sort à l’arrivée pour nous accueillir :
« Bonjour, bienvenus au Canada, vous avez été sélectionnés pour un test Covid et une mise en quarantaine de 24 à 48 heures en l’attente du résultat négatif. »
C’est génial, ce monde nouveau. Déshumanisé. Des bornes partout, des agents peu et pas disponibles, des centaines de voyageurs qui grouillent aux quatre coins du monde, des cabines de fortune et cliniques éphémères, on vous attend écouvillon à la main, direct taxi et isolés.
PCR en poche au départ de Corse valable 48 heures mais gratuit, sur le territoire canadien 150 dollars et patientez un max pour le résultat et plus vous serez impatients et plus vous raquerez 300 dollars pour un résultat en moins de 12 heures. 
Ça change du système de la Sécurité sociale made in France surtout ! 
Mais après tout, qui a raison qui a tort pour faire barrage à cette pandémie qui ne cesse de se multiplier de vagues en vagues.
Pass sanitaire, pass vaccinal, j’en sais plus rien, après avoir flâné dans les rues de Montréal au froid, je découvre la neige légère et fraîche, je respire, me balade, je m’attarde dans un bistrot du Plateau-Mont-Royal créé dans les années 80 par une Norvégienne débarquée de Toronto, les lumières sont tamisées, les bières blondes et les nachos latino se mélangent très bien à l’ambiance Amérique du Nord. C’est d’une grande poésie, punk et libre dans ce quartier bohème de la ville. 
Je pense au « bed-in » de John Lennon et Yoko Ono :  Give peace a chance. 
Ça ne pouvait pas être ailleurs que là, vraiment.
Les gens sont gentils, cools, pourtant la ville est immense, ça donne une impression de paix, le ciel est bleu givré, c’est d’une grande beauté. 
On en oublierait les restrictions, les jauges et tout ce bordel viral. Je crois qu’on s’y est presque habitués. 
Voyager, on a finalement rien inventé de mieux. Tant que les frontières restent ouvertes, on aura cet esprit de liberté. 
C’est donc de l’autre côté de l’Atlantique, loin de mon île que je vous présente mes meilleurs vœux de paix, de santé et de prospérité.
Pace è Salute. 
Love and libertà à tutti. 

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