Pierre-André Giovannini
À la une« L’entreprise privée est source d’inspiration et de savoir-faire. »
Après une carrière dans le domaine des transports, Pierre-André Giovannini est à la tête aujourd’hui de l’entreprise Maintenance Climatique Insulaire, nouvelle entité appartenant au groupe Ferrandi. Une aventure professionnelle qui le plonge dans le secteur de l’énergie, un monde nouveau qu’il découvre mais pour lequel, il admet une attirance certaine. Élégant, à l’allure juvénile, il propose au paysage économique corse, une nouvelle génération de dirigeants, à la fois modernes et respectueux des valeurs insulaires.
Rencontre
Par Anne-Catherine Mendez
Et si vous nous présentiez votre parcours ?
Je quitte la Corse à 17 ans, pour poursuivre mes études à Paris en droit et en économie. J’intègre ensuite une formation spécialisée dans le transport à l’école des Ponts et Chaussées.
Fraîchement diplômé, j’effectue mon stage de fin d’étude auprès du service de l’action régionale de la SNCF, qui me conduit à collaborer avec huit directions régionales. Je passe ensuite environ 7 ans à la RATP, dans le domaine de l’environnement et de la sécurité. En 2002, c’est le retour en Corse. Je suis alors embauché par la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Haute-Corse pour la mise en place des services de sûreté des aéroports de Calvi et de Bastia. Nous sommes passés de 70 personnes à 120 personnes à mon départ, 7 ans plus tard. De 2009 à 2015, j’exerce les fonctions de directeur régional de la SNCM. Je quitte définitivement la compagnie Corsica Linea fin 2017 après avoir participé activement au long processus de reprise.
Je prends alors quelques mois de recul, je recharge mes batteries, je passe du temps avec mes proches. En janvier 2020, je rejoins le groupe Ferrandi, avec pour mission le rachat de l’agence corse ENGIE COFELY. Au 1er mai 2021, j’ai donc pris la direction de cette nouvelle entité renommée Maintenance Climatique Insulaire.
Quelles sont les principales activités de la société que vous dirigez ?
La société Maintenance Climatique Insulaire offre à ses clients la conduite de l’énergie dont ils ont besoin à travers quatre sources d’énergie, le fioul, le gaz, le bois et l’électricité, elle compte environ 275 clients, hors particuliers, pour 450 installations sur l’ensemble du territoire. Notre activité principale propose des contrats de maintenance des installations qui produisent chaleur, fraîcheur et eau chaude sanitaire. Nous entretenons des chaudières quelle que soit leur puissance, des pompes à chaleur de différentes catégories, des systèmes de climatisation du plus simple au plus évolué. Notre mission est une mission de conseil, de maintenance et d’évolution des installations. Notre savoir-faire s’exerce dans l’optimisation de la performance énergétique. Ce n’est pas que du réglage de chaudière (rire), cela peut passer notamment par du calorifugeage qui permet d’offrir des certificats d’économie d’énergie à nos clients. Nous proposons également, pour environ 15% des contrats, une prestation qui permet de mettre à disposition tous les corps de métiers nécessaires à l’entretien et au bon fonctionnement des bâtiments que nous gérons.
Ce sont des contrats multitechniques, qui gèrent l’entretien par exemple des fenêtres, des portes, des prises électriques, la plomberie, le nettoyage des locaux, la mise à disposition de bennes à déchets, la lutte contre les rongeurs, la sécurité incendie…
Vous êtes également actionnaire de fait, de la SEM Corse Bois Énergie, comment voyez-vous son développement ?
Le groupe Ferrandi a pour activité principale la vente, la distribution de carburant et de lubrifiant à travers un réseau de 30 stations-service, l’avitaillement des aéronefs basés à Ajaccio, Bastia et Calvi ainsi que celui de quelques ports de plaisance. La société partageait également l’actionnariat privé de la SEM Corse Bois Énergie avec ENGIE COFELY. Quand ENGIE COFELY décide de quitter la Corse, en raison de divers aléas managériaux, le groupe Ferrandi a vite compris l’intérêt de devenir l’unique actionnaire privé de la SEM, associé à la Collectivité de Corse. La société d’économie mixte, Corse Bois Énergie, a pour objectif la structuration de la filière du bois et l’ouverture de débouchés à la production de bois énergie (biomasse) en Corse. La société a ainsi la charge des équipements de chaufferie et du réseau de distribution de chaleur implantés sur la commune de Corte, ainsi que divers établissements scolaires. Elle développe également la production et la livraison de plaquettes de bois, combustible des chaudières biomasses installées en Corse. La transition écologique nécessite aujourd’hui que nous puissions proposer un combustible alternatif et durable, si possible local. Le groupe s’est lancé à titre expérimental dans la fabrication de granulés de bois, nous avons reconverti également un camion-citerne pour transporter et distribuer les granulés. Nous sommes en phase terminale, les produits pourront être distribués d’ici quelques mois.
Il existe une véritable complémentarité aujourd’hui entre les différentes entités du groupe. Avec l’explosion des prix du fioul en particulier, le bois a toute sa place dans cette transformation. D’autant plus que le prix du bois énergie n’est pas corrélé à celui des énergies fossiles. Ce qui le rend d’autant plus pertinent à notre époque.
Au sein de l’entreprise, Maintenance Climatique Insulaire, nous avons pu conserver les 43 salariés, dont 35 environ sont des emplois de techniciens qualifiés sur le terrain. Nous sommes également en train d’établir des relations de travail avec des collectivités comme l’agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse, pour mettre en œuvre des sites pilotes qui proposeront une alternative, bois, granulés ou plaquettes. Ces produits ont la vertu d’être en circuit court, ce sont des essences locales, une ressource renouvelable et durable à la différence des énergies fossiles. C’est toute la filière qui doit s’organiser autour de ce développement.
2022 est une année de consolidation pour l’entreprise, nous sommes les héritiers d’un patrimoine de savoir-faire, mais nous devons faire évoluer les installations dont nous avons la charge, les moderniser afin qu’elles deviennent les plus performantes possibles à la fois pour nos clients mais également pour lutter contre le réchauffement climatique.
Comment vous sentez-vous dans cette nouvelle structure ?
Le transport était une passion, je découvre un nouveau métier, à la croisée d’un monde industriel et technique, mais qui reste souvent invisible aux yeux des clients. Au bout de la chaîne de compétences, nous vendons du confort de température (sourire) et de l’économie d’énergie. Nous menons des actions de maintenance préventives garant du bon fonctionnement des installations confiées par nos clients pour minimiser les interventions curatives, source de stress et d’insatisfaction. Ce qu’il me plaît après avoir côtoyé des bus, des métros, des avions, des bateaux, est d’intervenir au cœur des bâtiments, pour analyser le fonctionnement de leurs entrailles. Ce monde, un peu mystérieux, m’attire. L’entreprise privée est source d’inspiration et de savoir-faire.
L’avenir ?
La Corse a besoin de faire évoluer ses infrastructures vers le xxie siècle, et proposer des énergies propres pour entrer de plein pied dans la transition énergétique qui s’impose. Le groupe Ferrandi a un temps d’avance.
Votre maxime ?
Il vaut mieux viser la perfection et la manquer, que viser la médiocrité et l’atteindre.