PME, COMMENT PLACER VOTRE TRÉSORERIE DANS UN CONTEXTE ÉCONOMIQUE INCERTAIN ?
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PLACER EN PÉRIODE D’INFLATION
Puisque l’inflation s’est invitée dans la vie quotidienne des entreprises, bon nombre de conseils fleurissent et les dirigeants sont parfois encouragés à investir en actions ou dans l’immobilier, présentés comme étant les seules valeurs sûres. Car l’inflation érode la capacité de dépense des sociétés. Là encore, placer de la trésorerie dans ce contexte inflationniste fait oublier au dirigeant plusieurs situations : l’inflation gonfle les besoins en fonds de roulement de l’entreprise (BFR). Les BFR étant une donnée essentielle dans la valorisation des entreprises, ils réduisent les flux de trésorerie disponible qui servent de base aux évaluations. Le coût du capital, qui est le taux de rendement exigé par secteur d’activité de tout investisseur et qui inclut le coût de la dette, est lui aussi augmenté du coût de l’inflation et réduit d’autant la valeur de la société. Ces deux paramètres affaissent la valeur de l’actif économique. Une fois l’endettement net déduit de cette valeur calculée, il apparaît la valeur des capitaux propres (et donc des actions). Par déduction, une valeur d’entreprise qui chute fait baisser mécaniquement la valeur des actions. Le dirigeant affuté n’aura pas manqué de noter la baisse des bourses: investir en action n’est donc pas une très bonne idée. Par ailleurs, les taux d’intérêt réels, c’est-à-dire les taux actuels de l’endettement diminués de l’inflation sont toujours négatifs (car c’est cela le bon raisonnement, et non l’observation de la remontée des taux) mais aucun engouement ne semble aujourd’hui saisir les sociétés à emprunter massivement, d’autant que du côté bancaire, de nouvelles restrictions post- Covid ont été mises en place pour sécuriser les banques qui jouent la prudence. Du côté des chefs d’entreprise, l’avenir incertain sous fonds de guerre, d’augmentation des prix et de considérations salariales dues à la perte de pouvoir d’achat des salariés, inquiètent à l’idée d’alourdir les flux de trésorerie de la société par des remboursements supplémentaires d’emprunt. Enfin, du côté de l’investissement immobilier, l’acquisition d’un bien plutôt que la location semblerait avoir du sens: placer son cash dans une valeur sûre est réellement source de création de valeur à la condition que le bien soit acquis sous sa valeur de marché et soit susceptible d’être une réserve de valeur potentielle pour l’avenir. Mais de cette solution encore, le dirigeant d’entreprise jouerait les oracles à tenter de prévoir l’avenir.
QUE FAUT-IL FAIRE DONC ?
Un conseil avisé d’un financier est de ne pas chercher à optimiser sa trésorerie sur des placements qui relèvent plus de la spéculation que de la gestion. La trésorerie est un outil indispensable d’investissement, et la seule conduite à tenir est d’investir dans des projets qui ramènent le taux de rendement attendu des actionnaires. En l’absence de projets, il n’est que trop conseiller de mettre en œuvre des politiques d’intéressement et de participations salariales et de verser des dividendes. Et si l’entreprise dispose d’une trop grande réserve de cash supplémentaire, je préconise d’améliorer les marges de la société en contrepartie d’une forte réduction du délai de paiement aux fournisseurs. Ainsi, un escompte de 1 à 3% sur vos achats de matières contre un paiement rapide est un placement bien plus sûr et bien plus utile à toute votre chaîne de valeur qu’un compte de dépôt ou un placement en action qui ne sont pas du tout des fins en soi pour une entreprise. Pour le reste, n’oubliez jamais : en matière de finance, la rationalité est de ne pas spéculer!