RALLUMEZ LES ETOILES
À la uneHumeur
Par Nathalie Coulon
Il y a quelques jours déjà en vue de la deadline de ma chronique, j’avais balancé à la rédac, à la boss même de la rédac, une petite note:
«Ce mois-ci, ce sera: le printemps, ses petites fleurs, Poutine, suivi de quelques points de suspension…»
Depuis, le printemps est là, on dirait qu’une petite tempête fraîche se profile à l’horizon avec un libecciu à 80 voir 90 km/h quelques jours d’affilée. Dommage, toujours dommage, les arbres déjà en fleur donnaient une petite note bien bucolique à cet hiver qui se prolongeait sans neige avec ses températures hors-saison.
Mars, ses giboulées.
En Corse, la légende des «I prestaticci:
– Marzu, catarzu, figliolu di manghjonu.
Ti ni sè andatu senza lacà mi un agnonu.
– Aprili, lu mè frateddu, presta mi lu prima è lu dui.
– Lu prima u tengu da mè. Ti pristaraghju u dui è u trè.»
Les jours prêtés : le mois de mars demande au mois d’avril de lui prêter deux jours pour se venger d’un berger irrespectueux et ainsi lancer une tempête contre lui pour décimer son troupeau.
Vrai ou faux, dans l’oreillette on veut bien me souffler que dans le fabuleux, la réalité dépasse bien souvent la fiction.
Après toutes ces considérations traditionnelles, météorologiques et climatosceptiques, je voulais, comme cité ci- dessus à la rédac, parler de Poutine.
Les deux jours passés entre la petite note envoyée et le reste de la folie du monde: Moscou est à feu et à sang, la centaine de morts dans l’attaque de la salle de concert m’effraie et me renvoie à l’ignominie du Bataclan. Tout tremble, tout explose, tout se pulvérise et rien ne bouge dans ce monde cruel. Le flot et le flou des informations qui circulent à la télé et sur les réseaux sociaux sont à décortiquer avec prudence à moins de n’être un politologue avisé et intègre.
Pour le reste du vulgum pecus on se débrouillera entre incertitudes, effroi, sidération et complotisme. On versera sa larmichette devant une Kate malade et affaiblie par un cancer, croyez bien moi aussi je la plains comme toutes les autres femmes atteintes par la maladie et si cette surmédiatisation pouvait influencer les campagnes de dépistage, ce serait là le plus beau du positif du rôle des médias.
Quant au reste, du reste, il y a sur cette planète des coins de terre où personne ne sera jamais en paix, ni les femmes afghanes et leur soif de liberté, ni les enfants sous les bombes à Gaza, ni les Ukrainiens sous les décombres, ni, ni, encore et malheureusement encore. Disgrazia !
Rallumez les étoiles, pas votre poste de télévision. Qu’est-ce qui nous sauvera des conflits d’intérêt, des égos des plus puissants, de la testostérone des hommes au combat. Je ne sais pas: le gazouillis des oiseaux, un feu de joie, des chants venus des chœurs des hommes et des femmes de cette terre en sursis, du cœur, du cœur et encore du cœur.
Bon printemps à tous et cœur avec les mains, hein!