Écoutez la radio en direct

Juifs de Corse, de Constantinople à Ajaccio

À la une

De Steve Coulom – Éditions Albiana

Lire, Ecouter, Voir…

Par Karine Casalta

Dernier ouvrage de l’écrivain ajaccien Steve Coulom, Terra prumessa publié aux Éditions Albiana, vient de remporter le Premier Prix du Livre insulaire du salon international de Ouessant dans la catégorie «essai». La Terre promise, a terra prumessa, c’est celle où les persécutions cesseront, où la sécurité régnera et l’on pourra vivre de ses talents, de son travail, au milieu des autres – quelles que soient les traditions, les mœurs, la religion… – sans craindre pour les siens. Posé dans un contexte historique mouvementé, ce livre raconte comment au début du xxe siècle, pour quelques familles de Constantinople, persécutées, cette terre promise sera une île, la Corse… Ayant quitté leur pays à la recherche d’un abri sûr, la Corse fut en effet pour ces familles une terre de refuge. Elle deviendra leur île, ils deviendront corses.

Au travers de récits recueillis et d’histoires singulières, Steve Coulom nous plonge dans cette époque passée, mettant aussi en lumière la rencontre de deux cultures, qui se rejoignent dans des valeurs communes fortes d’humanité et d’attachement à la mémoire et aux traditions. Aujourd’hui pleinement enracinés au sein de la communauté corse, ces anciens réfugiés se remémorent ce siècle qui fut pour leur communauté celui des exils et de la Shoah. Leur épopée et l’histoire des trois générations qui suivent sont celles de femmes et d’hommes simplement désireux de vivre heureux sur cette île providentielle où l’hospitalité ne fut jamais un vain mot. Celui aussi de la solidarité, de l’humanité retrouvée, des miracles et des retrouvailles. Une bouffée d’optimisme dans la tragédie qui arrive à point nommé et fait écho dans le contexte particulier de notre actualité !

L’auteur :

Ajaccien, Steve Coulom est revenu vivre en Corse, après une carrière à l’étranger et se passionne depuis toujours pour la mémoire populaire et la langue corse. Consultant dans le domaine de l’énergie, il signe avec Terra prumessa son deuxième ouvrage.

Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?
À travers le destin de familles juives installées en Corse au début du siècle dernier, Terra prumessa rappelle un aspect méconnu de l’histoire de l’île. Le livre rend hommage à la Corse et à ces familles qui ont tout quitté pour écrire une histoire commune.

Qu’est-ce qui vous a fait vous intéresser à ce thème ?
J’ai été fasciné par l’osmose qui s’est créée entre les communautés juives orientales pour la plupart qui se sont établies en Corse au début de xxe siècle et la culture corse latine et chrétienne. La capacité de la Corse, terre d’hospitalité, est un sujet d’intérêt et de réflexion intense pour moi.

Un personnage de votre livre qui vous a particulièrement touché ?
Barouch, un des doyens de la communauté juive d’Ajaccio, arrivé vers 1905, est un patriarche généreux, un aventurier qui vouait 

un amour profond pour notre île et y a laissé

une descendance de juifs corses.

Pour écrire, il vous faut… ?

Beaucoup d’énergie, de travail, de passion, de persévérance, et surtout trouver le temps d’écrire en se détachant du quotidien.

Votre meilleur souvenir de lecture ?

Le Pavillon d’Or de Yukio Mishima. Un conte philosophique sur l’éloge de la beauté, l’image des cerisiers en fleur… Le Pavillon d’Or est une forme idéale de la beauté qu’un moine bouddhiste va brûler. La beauté est éphémère… tout est beau dans ce conte du moine Mizoguchi.

Un livre que vous auriez aimé signer ?

Sur la route de Jacques Kerouac, publié en 1956. Un road movie écrit sur un rythme ininterrompu, un roman qui fut révolutionnaire, symbole de la contre-culture et dans lequel beaucoup de sujets tabous (pour l’époque) sont abordés.

Une passion en dehors de l’écriture ?

La natation. Je nage avec le GFCA, un club génial, un coach super (Pierre), une ambiance amicale et compétitive, juste ce qu’il faut.

Un lieu qui vous ressemble ?

La ville d’Ajaccio où je vis, j’y ai tous mes

souvenirs d’enfance, mon père qui y habite toujours à qui je veux rendre hommage et tous mes amis.

Qu’aimez-vous faire lorsque vous n’écrivez pas ?

Je répondrais plutôt en disant que j’adore lire des livres en langue corse, écouter de la musique et surtout passer du temps avec les gens que j’aime. Et lorsque j’ai fait tout cela et que j’ai le temps, je me réveille le matin très tôt pour écrire !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *