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LES RENDEZ-VOUS DE L’AGENCE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE LA CORSE

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Travail et Emploi : Réinventer les dispositifs d’intervention pour un avenir productif

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Le rapport « Travail et Emploi » présenté lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse proposeé deux catégories d’actions en fonction du contexte socio-économique. La première consiste en une réorientation immédiate des dispositifs d’aide à l’emploi existants, fruit d’une large concertation avec les partenaires économiques et sociaux, pour mieux répondre aux besoins de l’économie insulaire. Le montant des nouvelles mesures portées par l’ADEC s’élève à Cette réforme, dont l’impact budgétaire est estimé à environ 1,7 M€, est financée dès le vote du budget prévisionnel 2024 sur le budget de l’ADEC. 

La seconde catégorie concerne l’intégration de la réflexion sur le travail et l’emploi dans le débat en cours sur l’autonomie régionaleprocessus de révision constitutionnelle de la Corse. Des échanges et travaux impliquant tous les acteurs débuteront à partir du mois de  Une conférence sociale sera mise en place pour que ce sujet soit au cœur des futures politiques publiques de la région autonome.

Alexandre Vincinguerra, président de l’ADEC, nous propose d’analyser cette double approche allant des réformes immédiates des dispositifs existants pour répondre aux besoins actuels de l’économie corse, à une réflexion plus large intégrée au processus de révision constitutionnelle, visant à façonner un avenir économique et social durable pour la région.

Quelle est la situation actuelle du contexte socio-économique insulaire, et plus particulièrement de l’emploi ?

Malgré des signes apparemment positifs de croissance et d’emploi en Corse, notre île la région s’inscrit dans une trajectoire de croissance appauvrissante. Les indicateurs économiques  semblent rassurants, avec une croissance des hausse des investissements, et un taux de chômage historiquement bas. Cependant, la crise sanitaire a accentué la pénurie d’emplois dans certains secteurs malgré une dynamique d’emploi apparente. Les entreprises rencontrent des difficultés croissantes à recruter pour des postes postes qualifiésnécessitant des compétences spécifiques, notamment dans le numérique, la gestion, le commerce et le BTP. Bien que le nombre d’offres d’emploi augmente, la majorité des nouveaux emplois créés sont des postes d’employés ou de professions intermédiaires, reflétant la structure tertiaire de l’économie insulaire. Les salaires moyens y sont parmi les plus bas de France métropolitaine, avec la moitié des salariés gagnant moins de 28 282 euros par an. Les disparités salariales sont également marquées par la taille des établissements et l’âge des salariés. Malgré une dynamique d’emploi apparente, principalement alimentée par les activités touristiques, ces emplois ne favorisent pas une insertion durable dans l’emploi Les projections pour l’avenir indiquent une accentuation des déséquilibres sur le marché du travail, avec un solde négatif prévu de -15%. Cette situation contribue à perpétuer les inégalités socioéconomiques, avec un niveau de pauvreté monétaire élevé en Corse. En outre, la crise sanitaire a amplifié une remise en question du rapport traditionnel au travail, avec une tendance à une forme de désacralisation de celui-ci et une recherche de nouvelles formes d’organisation et de rémunération.

Quelles seront les principales mesures mises en place ?Votre nouvelle approche semble se résumer essentiellement à 3 lettres : RSE. Pouvez-vous nous dire ce que vous mettez derrière ce sigle ? 

En introductionIl est essentiel de souligner que notre priorité demeure l’appui aux projets favorisant la production locale conforme aux orientations du SRDEII révisé, sans dépendre de niveaux spécifiques d’aide financière. Notre nouvelle approche de l’aide publique à l’emploi  met en effet l’accent sur le soutien aux acteurs entreprises engagées dans une démarche dela Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), la RSE c’est la réflexion des entreprises sur leurs impacts de l’environnement à l’égalité des sexes, en passant par le partage de la valeur ajoutée et l’épanouissement des, salariés.  considérNous considérons qu’il s’agit à la fois d’unée comme un levier pour répondre aux besoins en compétences et d’un moyen pour renforcer l’attractivité des postes. Face aux défis de recrutement et aux difficultés socioéconomiques persistantes, une approche différente est nécessaire pour soutenir lces entreprises. Ainsi, le soutien à l’emploi prend désormais en compte des critères objectifs tels que l’accompagnement renforcé vers l’emploi, la montée en compétences, la rémunération, l’engagement en faveur de l’emploi local, le pouvoir d’achat des salariés et l’amélioration des conditions de travail. L’intensité de l’aide est renforcée lorsque les entreprises répondent à plusieurs critères reflétant leur engagement dans une démarche envers la RSE. Sur le plan méthodologique, l’ADEC privilégiera les appels à projets pour sélectionner les entreprises éligibles et gérer le budget alloué annuellement.

Le retour des talents, ,le un CDI tourisme : des projets de rupture ?

Encourager le retour de la jeunesse corse et stabiliser les emplois saisonniers dans le secteur du tourisme sont deux objectifs clés pour renforcer l’économie insulaire. Ce n’est pas de l’idéologie, mais du pragmatisme. Environ un tiers des jeunes diplômés corses quittent l’île chaque année pour trouver du travail sur le continent ou à l’étranger, tandis que seulement 16% des nouveaux arrivants en Corse viennent de l’île elle-même, soulignant ainsi le défi de l’attraction des membres de la diaspora. Pour remédier à cela, des mesures sont proposées pour soutenir le retour des talents corses. Par ailleurs, pour améliorer l’attractivité de ces métiers, nous  etproposons d’expérimenter un modèle de contrat à durée indéterminée (CDI) dans le secteur du tourisme, c’est une ambition portée par toutes les majorités qui se sont succédé à l’Assemblée de Corse et que l’autonomie va nous permettre de faire aboutir.

Pour encourager le retour des talents, une aide forfaitaire de 8 000€ à 10 000€ sera offerte aux entreprises insulaires recrutant des profils qualifiés ayant obtenu leur baccalauréat ou un diplôme en Corse puis poursuivi leurs études ou travaillé à l’extérieur. Une plateforme d’échange sera mise en place pour faciliter la mise en relation entre les offres d’emploi en Corse et les personnes souhaitant revenir sur l’île. De plus, des actions de sensibilisation seront menées pour promouvoir les opportunités professionnelles offertes par les entreprises corses.

Concernant l’expérimentation du CDI dans le tourisme, il s’agit de sécuriser les parcours professionnels des saisonniers en leur offrant un emploi stable tout au long de l’année. Le dispositif proposé repose sur implique un CDI saisonnier avec un mécanisme de Repos Compensateur de Remplacement (RCR), permettant une rémunération régulière sur l’année. Pour rendre ce modèle attractif, une prime de « maintien dans l’emploi » serait versée par la puissance publique pendant une période limitée, puis progressivement remplacée par une prime versée par l’employeur. La Collectivité de Corse prendrait en charge 50% du coût de cette expérimentation sur une période de cinq ans.

Malgré le refus du gouvernement d’octroyer une prime de maintien dans l’emploi, des démarches sont envisagées pour sensibiliser le Premier ministre aux enjeux du projet et solliciter un droit à l’expérimentation. La Collectivité de Corse soutiendrait financièrement cette initiative tout en recherchant des solutions pour assurer sa pérennité.

En somme, ces initiatives visent à renforcer l’attractivité de la Corse pour les talents locaux et à stabiliser les emplois saisonniers dans le secteur du tourisme, contribuant ainsi au développement économique et à la création d’emplois durables sur l’île.

Pour ce qui est du dispositif Territoire Zéro chômeurs et du soutien à la transmission d’entreprise, vous êtes dans la continuité ?

Nous sommes pour l’innovation, mais n’avons pas vocation à remettre en cause ce qui marche bien ! Pour contribuer à la réduction du chômage de longue durée en Corse, une nouvelle phase d’expérimentation a été lancée par le gouvernement, permettant à 50 nouveaux territoires de candidater. À la suite du succès de la première expérimentation dans la Communauté de communes Pasquale Paoli, il est proposé de relancer l’expérimentation dans le territoire de Costa Verde. L’ADEC s’engage à soutenir ce processus en mettant à contribution ses équipes et ses fournissant une assistance en ingénierie de projet et en mobilisant des ressources financières.

En parallèle, La transmission d’entreprises est un enjeu majeur en Corse, identifié depuis longtemps déjà puisque nous avons  où un pourcentage significatif d’entreprises est susceptibles d’être transmises dans les prochaines années. Cette tendance pose des défis en termes de maintien de l’emploi et de pérennité des activités économiques. Pour anticiper et accompagner ces transmissions, divers dispositifs sont déjà en place, tels que notrele programme « Impresa Si » de la Collectivité de Corse et les mesures nationales comme le contrat de génération. Cependant, un soutien financier seul ne suffit pas toujours, ; un accompagnement renforcé est souvent nécessaire, notamment en termes d’ingénierie de projet, de soutien technique et de formation.

L’ADEC s’engage à soutenir ces efforts en fournissant une assistance technique et financière, ainsi qu’en mobilisant des ressources supplémentaires pour renforcer l’accompagnement des porteurs de projet. En travaillant sur ces deux fronts, l’objectif est de favoriser l’insertion professionnelle durable des demandeurs d’emploi et de maintenir la vitalité économique des territoires insulaires.

Par ailleurs, Ddeux partenariats stratégiques initiés par l’ADEC vont favoriser la transmission d’entreprises en Corse. D’une part, unUn accord avec l’ordre des experts-comptables qui vise à intégrer ces professionnels dans les différentes phases de transmission, de l’évaluation à la négociation avec les acquéreurs potentiels ;. D’autre part, un partenariat avec la Délégation régionale des SCOP et SCIC (dispositifs légaux permettant la reprise des entreprises par leurs salariés) de PACA et Corse qui vise à promouvoir les modèles coopératifs d’entreprises, mettant l’accent sur la pérennisation des emplois et des savoir-faire. Ces initiatives renforcent le rôle de l’ADEC dans le soutien à l’entrepreneuriat et à l’économie sociale et solidaire en Corse, contribuant ainsi au développement économique et à la stabilité des entreprises sur l’île.

Le rapport que vous avez présenté relève également d’une dimension plus politique, quels en sont les enjeux ?

La deuxième phase du processus de discussion entre la Corse et l’État est lancée se concentrant sur la préparation du Congrès pour l’adoption de la révision constitutionnelle et sur l’élaboration de la loi organique définissant le statut d’autonomie. Cette étape revêt une importance cruciale, nécessitant une large participation des acteurs politiques, économiques, sociaux et culturels. Les discussions porteront notamment sur les compétences dévolues à la collectivité autonome de Corse, le périmètre des pouvoirs législatifs et réglementaires, le pacte budgétaire, fiscal et financier, ainsi que sur les clauses de non-régression en matière sociale et environnementale. De plus, une réflexion sera entamée sur les changements de paradigme nécessaires pour promouvoir une économie de production et renforcer les mécanismes de protection sociale et de solidarité. Cette réflexion sera menée dans le cadre de la Conférence sociale, l’Accolta suciale, que nous souhaitons installer officiellement. Ce mode de concertation a fait ses preuves et a déjà joué un rôle positif dans la gestion des tensions économiques et sociales en Corse. À l’avenir, l’Accolta suciale, et pourrait également aborder des sujets tels que la relance de la charte sur l’emploi local et la promotion de la langue corse dans le monde professionnel.

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