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Comédie politique OU tragédie républicaine

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Les résultats des élections législatives ont montré de la part des électeurs un sursaut républicain
pour éviter qu’une formation dont la généalogie est d’extrême droite n’accède au pouvoir.

Par Michel Barat,
ancien recteur de l’Académie de Corse

Ils ont pour beaucoup surmonté leurs opinions partisanes et souvent voté au deuxième tour pour un adversaire politique : ils ont été capables d’un dépassement républicain.
Cela aurait dû faire renaître un espoir non seulement pour l’utilité de la politique mais encore pour sa dignité. Las ! Les premières séances de
l’Assemblée nationale ont donné lieu à des comportements et des discours pires que les dernières
de la précédente. On ne sait si on doit en rire ou en pleurer. Au théâtre, il est habituel pour les grandes comédies, celles de Molière, de se demander si le comique n’est pas le masque du tragique ou du moins du drame. Traditionnellement pour reprendre les très classiques distinctions d’Aristote, les destins des héros tragiques suscitent la pitié, les comportements
des personnages comiques la dérision et le rire. On a évidemment une envie irrésistible de rire aux discours des principaux députés qui usent du comique de répétition au point qu’on sait ce qu’ils vont
dire avant qu’ils ne le disent et qu’on ne peut croire qu’ils y croient eux-mêmes à moins que l’élection n’entraîne la perte de la raison. Certes la situation est difficile parce qu’il n’existe pour personne une majorité absolue, ni même une majorité relative viable : il n’y a en fait que des minorités absolues.
Déni de réalité
Mais chacun affirme l’illusion d’être en capacité de majorité, certains revendiquent même une
victoire. Il s’agit d’un déni de la réalité tel qu’il atteint le ridicule des attitudes schizoïdes ou des
entêtements stupides. S’il n’en allait pas de l’avenir du pays on prendrait tous ces gens pour les mauvais acteurs d’une mauvaise comédie. Mais c’est bien du destin du pays et même du quotidien de chacun qu’il en va. Alors l’envie de rire devient celle de pleurer : la comédie est celle des députés, la tragédie celle du peuple et de la France qu’on ne peut prendre qu’en pitié. Pire, cette analyse ne peut que
conduire au populisme que les électeurs avaient repoussé par un sursaut républicain. Quand Tartuffe devient politique il ne fait plus rire, il fait peur, quand le siège de député devient la cassette d’Harpagon, c’est la République qui tremble. Les plus pessimistes ou plutôt les plus raisonnables présagent que cela conduira à un second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dont on s’aperçoit que ni l’une ni l’autre ne souhaitaient réellement
gouverner.
De Chavez à Orbán
Il n’est pas interdit d’aller jusqu’à supposer que Jean-Luc Mélenchon à gauche et Éric Ciotti aspirent à la même chose : un populisme qui non seulement dissoudrait la république mais encore détruirait la démocratie, le premier dans une démocratie dite populaire du style de Chavez au Venezuela, l’autre dans une démocratie illibérale comme Orbán en Hongrie. La caricature est telle que ceux qui reprochaient à l’ancienne majorité d’avoir fait passer une loi avec les voix du Rassemblement national, les acceptent pour obtenir deux vice-présidences à l’Assemblée tout en n’acceptant aucune pour celui ci, pourtant groupe le plus nombreux.
Le spectre de Cassandre
Par bonheur, le Parlement ne reprendra ses sessions qu’en septembre et la trêve olympique pourra peut-être distraire de la tragédie républicaine. Après tout les jeux du stade, surtout olympiques, sont peut-être plus sérieux et moins dangereux que les jeux politiques. C’est sans doute pour cela que les Grecs anciens, peuple politique par excellence, les avaient créés.
Mais le réveil pourrait bien se révéler pire. Cassandre prévoit le pire mais il n’arrive pas toujours.
Nous en aurons une idée quand cette rubrique paraîtra.

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