Députés nationalistes et libéraux ne durent leurs succès aux législatives qu’à un front républicain, ou en partie pour l’un d’eux à un apport lepéniste. Au-delà des étiquettes la majorité silencieuse signifia dans un stupéfiant premier tour que les édiles insulaires, locaux territoriaux ou nationaux, ne s’occupaient pas vraiment de leurs préoccupations. Le pouvoir incarné par Gilles Simeoni fut à l’évidence frontalement visé. Mais en incidence les autres nationalistes et la droite reçurent aussi un avertissement sans frais. Tous reconnurent qu’ils devaient se remettre en question.
Par Jean Poletti
Le coup passa si près que le chapeau tomba. Le temps des analyses factuelles de lendemain de scrutin doit laisser place au recul propice à des enseignements moins elliptiques. À cet égard ressurgit un fait incontournable qu’une fâcheuse tendance tend à occulter. Dans un scrutin, le score du premier tour se veut une indication que ne peut effacer le résultat final. La maxime « d’abord on choisit, ensuite on élimine » prit en l’occurrence l’aspect de la vérité. Le Rassemblement national totalisa quelque quarante cinq mille suffrages et sortit même en tête dans les deux circonscriptions de Corse-du-Sud, fut faiseur
de roi à Corte-Balagne, et talonna Michel Castellani du côté de Bastia. Cet épisode initial est d’autant plus éloquent que les représentants de Bardella, exception faite de François Filoni, étaient d’illustres inconnus, parachutés, sans l’élémentaire connaissance de l’île et étrangers aux problématiques fussent-elles récurrentes. Leurs prestations médiatiques s’avérèrent surréalistes aux lisières du vaudeville. Cela ne prit toutefois pas rang d’obstacle. Et nul n’ose imaginer leur résultat s’ils avaient été des candidats
capés et enracinés dans le terroir. Triturer les chiffres et se limiter aux victoires et défaites
ne suffit pas à combler l’implacable évidence. Tous les sortants chancelèrent sur leur piédestal. Et celui qui mordit la poussière fut en partie victime de l’apport non négligeable
des bulletins lepénistes qui convergèrent vers son challenger. À cet égard il ne paraît pas inutile de souligner que la candidate de la flamme fut priée de se désister sans autre forme de procès dans le cadre d’une directive émanant de ses instances régionales et nationales. Cela bien évidemment n’enlève rien à la réussite de François-Xavier Ceccoli qui précédemment rata de peu le coche. Il
affirma le soir de sa consécration qu’il n’était nullement comptable des ralliements. Et d’indiquer par ailleurs qu’il avait également bénéficié de reports venus de la gauche et accessoirement des nationalistes.
Des signes avant-coureurs
Quoi qu’il en soit une nouvelle donne, sinon politique à tout le moins électorale, bouscula l’échiquier. Le parti de Marine Le Pen s’est imposé comme le premier de Corse. Révolu le temps où son père, sitôt descendu de l’avion était stoppé par des manifestants. Terminé l’argumentaire répétant en leitmotiv que la droite extrême faisait ici de beaux scores exclusivement lors de consultations nationales. Désormais la donne se métamorphosa radicalement. Bien sûr il y eut cette présidentielle passée où Lionel Jospin, alors Premier ministre de cohabitation, promit l’autonomie s’il entrait à l’Élysée. Il fut battu mais certains ont encore en mémoire qu’il termina troisième chez nous derrière Chirac et un certain Jean-Marie Le Pen. Était- ce un signe avant-coureur ? Les prémices que malgré la promesse aux insulaires par celui
qui initia les fameux lundis de Matignon le lepénisme n’était plus un épouvantail. L’eau depuis coula sous les ponts. L’épisode tomba dans les abîmes de l’oubli. Nul ne daigna alors ouvrir le chapitre de l’introspection. Car depuis, au hasard de discussions informelles avec des citoyens qui n’étaient pas militants, perçait progressivement un mécontentement qui s’amplifia à bas bruit au fil du temps. Il
se concrétisa notamment par la fin du vote caché. Presque honteux. Une frange de l’électorat n’hésitant plus à dire ouvertement qu’elle n’avait plus aucune réticence à déposer un bulletin estampillé extrême droite. Après le père, la fille. Nul n’y prit garde mais du Cap à Bonifacio avec des apogées et des replis, ce parti devenait une sorte de marque, un label. Il exerçait un engouement accru, n’ayant que faire de la qualité ou l’efficience de ceux qui le représentaient dans les consultations diverses et variées.
Majorité silencieuse La question qui prévaut au-delà de tout jugement de valeur n’est pas de disséquer
sur l’importance de ce vote de rupture, mais de s’interroger sur les causes. Sauf à dire que l’île se drape d’atours que certains qualifient de fascistes, l’esprit rationnel peut déceler qu’une grande partie de la population adresse des griefs à ceux qui possèdent des responsabilités électives. « On ne s’occupe
pas de nous. » Telle est la formule lapidaire et néanmoins éloquente. La litanie s’articule autour de thématiques qui assaillent ici plus qu’ailleurs la société. Précarité, chômage, vie chère, mal vivre, accès au logement, économie en berne, fracture entre littoral et intérieur. Ruralité moribonde. N’en jetez plus
la cour est pleine. Ces accusations, proches de procès d’intention ne doivent à l’évidence
pas être toutes prises pour argent comptant. Mais transpire nettement le sentiment exacerbé au cœur de la population, que ses difficultés et ses appels ne sont que peu ou prou entendus, et a fortiori écoutés. Message reçu ? Nul n’en disconviendra au hasard des commentaires parfois proches d’un mea
culpa qui ne dit pas son nom. Dans le camp nationaliste, on évoque d’ores et déjà un aggiornamento. Gilles Simeoni dit sans fards, avec lucidité et sincérité que les évolutions majeures du corps électoral imposent une réflexion de l’ensemble des nationalistes,
conjuguées aux forces de progrès. Bref, il en appelait à l’avènement d’une stratégie politique susceptible de permettre la réussite des fondamentaux portés par ces mouvances, sans omettre le message adressé par les électeurs, nourri d’insatisfactions.
Introspection nationaliste Dans le camp de Jean-Christophe Angelini, l’invitation feutrée rencontra un écho favorable, à condition toutefois qu’il ne s’agisse pas, selon ses dires, d’un simple replâtrage. Une sorte d’alliance de circonstance, sans que soit défini un authentique projet de société. Comment ?
« Par une recomposition profonde du champ politique incluant celles et ceux qui sans être
nationalistes ont contribué à nos victoires électorales. » Prendre le pouls de Nazione équivaut à percevoir une sorte de front du refus à s’assoir à la table de plausibles négociations. >>>
La suite de cet article est à retrouver dans Paroles de Corse du mois de septembre 2024 en vente ici
Entre cinéma et politique, portrait d’une jeune femme engagée
Portrait
Par Karine Casalta
Révélée par le film À son image, de Thierry de Peretti, présenté à Cannes en mai dernier, elle incarne Antonia, une jeune photographe corse qui évolue au cœur des événements politiques qui ont marqué l’île des années 1980 aux années 2000. Animée par sa passion pour le cinéma et un engagement politique authentique, la jeune corse, à peine âgée de 20 ans, qui affiche déjà un parcours personnel riche et diversifié, s’y distingue par la justesse de son interprétation et sa présence charismatique à l’écran.
Actuellement étudiante en sciences politiques à l’Université de Bruxelles, son incursion dans le monde du cinéma s’est pourtant faite presque par hasard. Militante politiquement engagée, la jeune fille, alors attachée parlementaire de François Alfonsi, au Parlement européen, écrivait aussi régulièrement pour le journal autonomiste Arritti. « J’ai toujours eu une appétence pour le cinéma, mais j’ai la chance de faire des études qui me plaisent, et à ce moment-là, à 18 ans, j’avais la chance de travailler au Parlement européen, où j’étais la plus jeune des attachés parlementaires. C’était vraiment très intéressant et je n’étais pas forcément attirée vers une autre voie. »
De l’engagement politique à la révélation cinématographique
Mais son chemin a pris un tournant inattendu lorsqu’en 2022, après un article qu’elle a écrit sur le film de Thierry de Peretti, Enquête sur un scandale d’État, un ami l’informe d’un casting sauvage pour le prochain film du réalisateur et l’incite à y participer. C’est ainsi qu’elle prendra part aux auditions conduites par Julie Allione pour À son image. Et très vite, elle va se découvrir un réel intérêt pour l’improvisation et le jeu d’acteur. Rapidement en effet, elle se laisse happer par les discussions politiques et sociologiques enflammées, instillées par la directrice de casting lors de séances d’improvisation, pour créer une dynamique authentique à partir des interactions des comédiens.
« Je m’intéressais vraiment à ce qui se passait là-bas, qui était véritablement pour moi de l’ordre de l’enquête sociologique. J’aimais me retrouver avec des jeunes de mon âge, pour réfléchir sur des questions sociales, sociétales, philosophiques aussi, pour débattre ; c’était intéressant de me retrouver avec des jeunes de ma génération qui envisageaient ces questions avec parfois une vision totalement différente de la mienne, et voir comment on cheminait chacun sur ces questions du rapport à la terre, à la religion, au politique, où aux évènements de mars 2022 qui se déroulaient à l’époque en Corse. » C’est ainsi qu’après plusieurs sessions de casting et une semaine intensive en master class à Olmi Cappella avec toute l’équipe, elle va décrocher le rôle principal d’Antonia, dans À son image. Le rôle d’une photographe passionnée, qui va lui permettre d’explorer des thèmes qui lui sont chers, comme la quête de vérité et les questionnements politiques.
Des convictions chevillées au corps
Fervente militante nationaliste, Clara-Maria se passionne en effet pour la politique depuis sa plus tendre jeunesse. « C’est pour moi,dit-elle,une respiration ! » Elle marche en cela sur les traces de son père, Norbert Laredo, militant de la première heure, et premier élu écologiste et nationaliste de l’Assemblée de Corse. « Tout a commencé très jeune, monengagement originel vient de mon père, de son amour pour cette terre qu’il m’a transmis ; il m’emmenait dans les manifestations ; j’ai des souvenirs de figures qui reviennent, je pense à Edmond (Simeoni), Antoine Parodin… J’ai grandi dans cet environnement ! La terre, mon père, les gens, les amis, la culture… La Corse en elle-même en fait, c’est ce qui me porte ! »
Un engagement qui, même si de nombreux points les distinguent, la rapproche par certains aspects du personnage d’Antonia « Elle aussi est très engagée, très militante, mais elle l’est à un autre endroit, sur un plan philosophique, éthique, dans sa quête de la vérité à travers son objectif photographique. Mon engagement est plus social, sociétal et politique, mais en somme à cet endroit-là on se ressemble. » Et Loin de s’appuyer sur cette seule ressemblance, la jeune actrice a beaucoup travaillé pour incarner ce rôle et s’emparer du personnage.
Le goût d’apprendre
Clara-Maria s’est ainsi beaucoup documentée, pour approfondir ses connaissances autour de la photographie notamment, mais aussi pour parfaire sa culture, pourtant déjà riche, sur l’histoire de la Corse, et appréhender le vécu d’Antonia de l’intérieur. « J’ai commencé à reprendre la photo, j’ai suivi des manifestations à Bruxelles pour essayer de saisir des mouvements militants là-bas. J’ai aussi pris des cours de développement à l’École de photographie et de techniques visuelles Agnès-Varda à Bruxelles, et j’ai travaillé avec plusieurs photographes qui m’ont guidée dans l’appréhension de la photographie sur certains axes. Il est vrai que j’ai suivi une formation assez intensive sur la question. » Une détermination et une soif d’apprendre qui promettent sans nul doute à la jeune femme un avenir riche en contributions significatives dans les domaines artistique et politique. De fait elle colle au personnage avec une vérité saisissante. Remarqué à Cannes lors du dernier festival, puis présenté lors de quelques avant-premières, le film À son image qui sera projeté à l’échelle nationale le 4 septembre prochain, a jusque-là été très bien reçu, tant par les membres de la délégation de l’Assemblée de Corse que par la presse nationale, mais aussi par sa famille, ses amis, militants ou pas. « Je trouve ça passionnant de voir comment le film est reçu et entendu. C’est fort de voir ce que l’on arrive à transmettre par l’image, par le jeu, et j’ai hâte d’entendre par la suite ce que les gens y voient. Et de voir, selon le public, comment ça les touche et à quels endroits. Je trouve ça vraiment très intéressant. »
L’amour du jeu
Et de garder la tête froide, malgré cette expérience cinématographique extrêmement enthousiasmante. « Bien sûr cette expérience a fait bouger des choses ! Antonia a fait partie de ma vie durant près de deux ans, il me reste forcément des choses d’elle, mon amour pour la photographie notamment, qui ne m’a pas quitté depuis que j’ai repris pour le rôle ! Et puis j’ai découvert quelque chose que je ne soupconnais pas : mon amour pour le jeu ! J’ai découvert que j’aime profondément jouer. Mais en somme cela n’a rien changé dans ma façon d’appréhender les choses. Je me laisse porter. Je préfère vivre au jour le jour, en essayant de faire des choses qui ont du sens pour moi lorsqu’elles se présentent. »
Ainsi, la jeune femme, piquée au jeu d’actrice, a commencé le théâtre immédiatement après la fin du tournage, mais a choisi de se laisser surprendre par l’avenir plutôt que d’établir des plans de carrière. Dotée d’une détermination sans failles, Clara-Maria préfère se concentrer sur le présent, à savoir pour l’heure ses études et son engagement politique, appelant de ses vœux une autonomie de plein droit pour la Corse. Elle s’apprête ainsi à passer ses examens de deuxième année en sciences politiques et attend avec impatience la sortie nationale du film, continuant ainsi à jongler avec brio entre ses diverses ambitions et passions.
Un parcours riche en engagements et en découvertes, qui laisse présager un avenir prometteur pour Clara-Maria, dont la passion et la détermination continueront sans aucun doute à marquer les esprits, tant sur les écrans que dans les sphères politiques.
Sous le signe du 8 septembre
Il est des hasards du calendrier qui ne laissent pas indifférent. Par un curieux rendez-vous de l’histoire, une date que rien ne lie rassemble pourtant chaque année deux manifestations scellant la mémoire collective. A Santa di Niolu et les cérémonies commémoratives de la Libération se télescopent forgeant une journée dont la coïncidence confine au rituel.
Par Jean Poletti
É V È N E M E N T
Le 8 septembre 1943, Léo Micheli, Maurice Choury et leurs camarades de clandestinité lancent à Bastia et Ajaccio l’ordre d’insurrection. Dans un élan spontané, les résistants et une partie de la population se levèrent et commencèrent la reconquête d’une terre trop longtemps souillée par l’occupant fasciste et nazi. Combats arides, accrochages, embuscades, l’île s’embrasa. La disproportion de l’armement fut comblée par l’apport de Tabors et Goumiers épaulant la bravoure de ces combattants de la liberté à jamais réunis dans l’éloge de l’excellent livre Tous bandits d’honneur. Sans doute, ces soldats, sans uniforme mais vêtus de probité et d’esprit de sacrifice, songeaient-ils en ces instants à ces héros enserrés dans les griffes de l’OVRA. Morts sans avoir pu connaître l’épilogue heureux. Mais ils demeurent à jamais ancrés dans la mémoire collective, celle qui ne laisse nulle emprise au temps qui passe. Dans cette journée du légitime souvenir seront ressuscités par la force de l’imagination
Jean Nicoli, Giusti, Mondoloni, Fred Scamaroni, Vincetti, Danielle Casanova, et tant d’autres tombés les armes à la main, portant chevillés au cœur et à l’esprit la suprême volonté de ne pas subir. Tels périrent dans des fusillades, un autre décapité dans une sinistre geôle, ayant le temps de griffonner sur un paquet de cigarettes le message poignant adressé a ses enfants. « Si vous saviez comme je suis calme,
presque heureux de mourir pour la Corse et pour le parti. La tête de Maure et la fleur rouge, c’est le seul deuil que je vous demande. » Ces mots de Jean Nicoli au seuil d’une immonde exécution allient
noblesse d’âme et caractère forgé dans l’airain. Ils sont au panthéon de l’abnégation. Ils auréolent aussi en incidence tous ceux illustres ou anonymes foudroyés à la fleur de l’âge par l’ignominie des sbires de
Mussolini et d’Hitler. Parfois sous le regard bienveillant, pour ne pas dire complice des collaborateurs patentés.
Message d’outre-tombe
Déposer des gerbes. Observer la minute de silence. Réunir autorités civiles et militaires aux pieds des stèles se veut certes nécessaire, mais nullement suffisant. Il faut impérativement entendre ces voix d’outre-tombe susurrer en litanie que leur parcours digne des plus grandes épopées doivent servir d’exemple si d’aventure les circonstances l’exigeaient. Tel est leur seul et unique message. Au-delà des croyances et des chapelles. Car comme le déclamait si bien Aragon « Celui qui croyait au ciel/Celui qui n’y croyait pas/Tous deux adoraient la belle/ Prisonnière des soldats. » Voila épitaphe que ne renieraient pas ceux qui dorment d’un éternel sommeil dans des linceuls d’exceptionnelle vaillance. Et comme en écho résonnent les mots de Charles de Gaulle. « Les Corses auraient pu attendre que la victoire des armées réglât harmonieusement leur destin. Mais ils voulaient eux-mêmes être les
vainqueurs. »
À l’ombre du Cintu
D’un sujet, l’autre, cette journée oriente le regard du côté de Casamaccioli. Le village perché à flanc de montagne abrite la doyenne des foires de Corse. Durant trois jours, à l’ombre tutélaire du Cintu, se presse la foule venue des villes et des villages. Ce rendez-vous particulièrement prisé accueille indifféremment les fidèles et ceux qui sont exclusivement friands de réjouissances mêlant traditions et
modernité. La messe et la procession sont sans conteste un point d’orgue, où la statue portée à bout de bras effectue un immuable périple que ponctuent les chants religieux. Cet instant pétri de recueillement est encore rehaussé par la sempiternelle granitula dont la naissance se perd dans la nuit des temps. Les confrères s’enroulent en spirale dans un mouvement lent et parfaitement exécuté, symbolisant le retour cyclique de la nature et de la vie. Ces moments empreints de liturgie cèdent sans aucune jalousie ou préséance aux attraits plus laïques disséminés in campu. Là, de nombreux artisans
ont dressé leurs stands. Offrant à la foule des productions locales diverses et variées. Le passé recomposé ? Oui à maints égards. Les plus anciens auront un souvenir nostalgique en se remémorant le
célèbre pipier qui vendait ses articles façonnés à la main et portant l’estampille Orezza. D’autres se remémoreront dans une soudaine réminiscence ces enclos au bétail où ânes, mulets, chevaux bovins
et caprins attendaient des acheteurs. Après des tractations, à l’abri des regards, la vente se ponctuait par une franche poignée de main.
Tout document officiel étant superfétatoire et pour tout dire mal perçu. Par contre, la transaction avait comme épilogue le verre de l’amitié. Doux euphémisme en vérité car fréquemment les tournées
se succédaient. Et à l’évidence les boissons n’étaient pas quelque sirop ou eau minérale.
Originalité dénaturée
« La confiance dans le hasard est une attitude de vaincu. » Cette maxime de Confucius a doute définitivement renoncé à s’engager dans la tortueuse route de A Scala. Le « flambe » était, si l’on ose dire, de la partie. Des salles improvisées où trônaient d’éphémères tapis verts connaissaient d’intenses soirées de chemin de fer. D’importantes sommes étaient misées. Et certains éleveurs voyaient dans un banco perdant se volatiliser une année de dur labeur. La roulette et la boule avaient aussi leur clientèle. Tous espéraient le numéro de la chance.
Dans ces tripots, l’argent coulait à flots. En espèces exclusivement, chèques et cartes bleues étant aux abonnés absents. Tel est campé à grands traits l’aspect originel, et qui perdura longtemps de trois journées, portant témoignage d’une ruralité encore vivace et d’une culture revêtue d’authenticité. L’eau du Golu faillit les emporter. Au fil des éditions u spiritu di a fiera s’effilocha. Une fausse modernité
métamorphosa cet espace, le dénaturant. L’avènement d’un Luna Park au rabais s’esquissa. Avec en nouveaux arrivants : cirque, autos- tamponneuses, colifichets industriels, objets fabriqués en Chine. Et
la prolifération des barbes à papa supplantant les friandises nustrale. À l’évidence la foire perdait son âme. U Niolu endossait des habits non seulement commerciaux mais aussi mercantiles. Dépouillé de sa
spécificité qui en faisait le charme, pour ne pas dire sa séduction.
Retour aux sources
Pour certains une telle évolution pouvait s’apparenter à une perte de repères aux lisières de la crainte d’une acculturation. En corolaire de cette brutale mutation nombreux furent ceux qui boudèrent et n’honorèrent plus ce rendez-vous. Cela se conjugua avec une période, peu ancienne, alimentant à bas bruit l’idée que ce genre deréjouissance était anachronique. Ce n’est pas verser dans le quolibet
ou la médisance de dire que cet épisode champêtre n’était pas toujours en odeur de sainteté dans les populations urbaines.
Rurale forcément rurale, elle se heurtait insidieusement au qualificatif de passéisme. Dans une sorte de riaquistu qui ne disait pas son nom, un nouveau souffle vint revigorer et donner une seconde jeunesse à la vénérable institution. Cela ne fut nullement le fruit du hasard. Tant s’en faut. Sans doute émus par ce changement mortifère, certains aspirèrent à revenir aux sources. Certes ils n’étaient pas animés par le slogan « c’était mieux avant », mais l’enjeu consistait à allier hier et aujourd’hui. Ce travail de renouveau porta essentiellement l’empreinte de l’Associu di a santa et de nombreux bénévoles qui sans relâche s’investirent et persévérèrent depuis afin d’entretenir la flamme. Notamment quand elle vacillait sous le souffle d’une altération qui brisait la singularité. Nous en fîmes à l’époque l’éloge dans nos colonnes. En soulignant notamment le retour des paghjelle et autres chiam’è rispondi qui remettent à l’honneur ces poètes de l’oralité. Ils savaient improviser avec un talent oratoire consommé de longues heures durant, mêlant joutes épiques à un sens inné de la rime. Nous persistons et signons en évoquant la mémoire de Minellu d’Ascu, Roccu Manbrini, dit U Russignolu, U Majurellu Panpasgiolu, bien d’autres encore. La relève est assurée. Des jeunes successeurs marchent sur leurs brisées, faisant revivre avec bonheur la référence du chant dans ce qu’il a de plus spontané.
Particularisme enraciné
Voilà deux instants d’essence et de philosophie différentes qui s’inscrivent dans des mêmes journées. Abstraction faite de ces considérations, ne peut-on pas déceler une sorte d’héritage cultuel et patriotique, renvoyant au particularisme profondément enraciné.
Par Nathalie Coulon
Pendant ce temps à Vera Cruz, il faudra avoir la réf et la bonne !
Pendant ce temps à Vera Cruz, les Nuls en avaient fait une réplique mythique.
Pendant ce temps à Vera Cruz, c’est une petite scène de vie dans une épicerie pendant que la terre tourne en rond. Ici depuis ça ne tourne plus trop rond : Macron n’a toujours pas nommé son Premier ministre quoiqu’à l’heure où sera imprimé le mag peut-être après sa réunion au sommet de lundi. Des noms circulent, à la veille de sa rencontre avec Emmanuel Macron, Lucie Castets adresse aux Français
une lettre cosignée avec les représentants du Nouveau Front populaire. La candidate à Matignon affirme que « l’inaction du président de la République est grave et délétère ». Lucie Castets s’impatiente, la France aussi.
L’été fut très très chaud, les commerçants se plaignent et le touriste squatte absolument tous les centimètres carrés de plage laissés un peu libres. On ne remerciera jamais assez les guides et autres bons routards d’avoir ainsi spolié les plus belles plages, rivières, forêts de l’île. Tout en se demandant quel avenir pour la Corse et son tourisme de masse. C’est d’ailleurs le sujet du dernier livre de Jérôme Ferrari Nord Sentinelle, Contes de l’indigène et du voyageur, Actes Sud, lecture en cours pour moi et ça en dit déjà long sur l’indigène et le voyageur.
L’indigène a su aussi passer de belles soirées d’été sous la pluie fine, le parasol Pago offert lors d’un tournoi de pétanque en guise de parapluie, écouter du jazz manouche en sirotant un broc de piquette du canton, se délecter de cochon de lait à la broche et refaire ce putain de monde à l’endroit et à l’envers pour essayer de se sortir de ce bordel ambiant.
Ça c’est pour le clin d’œil aux gens qui cette nuit-là avaient fait des pronos sur le nom du 1er ministre, qui ont partagé des histoires à dormir debout pour essayer de rendre la vie un peu plus douce que le chaos du moment.
Cette rentrée aura été sous le signe d’une reconstitution de ligue dissoute (là aussi faut la réf) à l’humeur du cercle des poètes disparus tout émus d’apprendre la mort de Delon un dimanche de
dej au cabanon surplombant une plage du Cap corse en débattant sur le mec qu’il était, ses origines corses et sa beauté légendaire. Tout y est passé ! Que c’est beau les dimanches à la mer, les soirs de pleine lune (um ! Hic de l’insomnie), les repas aux discussions intarissables, le bon vin frais et se refaire
finalement La piscine, Rocco et ses frères et Mr Klein.
Comme ça l’air de rien…
Bonne rentrée aux petits, aux grands, il est désormais temps.
La pause sur le temps passé à Vera Cruz pendant ce temps- là n’est toujours que de courte durée, l’espace d’une minute, d’une seconde pour que la cliente revienne chercher sa plaquette de beurre.
Il y a les moments de bonnes heures et de bonheur…
Aspetteremu settembre pèchjode e porte di l’estate.
De Courson donne le tournis. Son obsession pour la Corse relève de la pathologie.
Naguère pourfendeur de toute spécificité, il se mua en chancre de l’autonomie. Puis se drapa dans le silence qu’il quitta cet été pour dire pis que pendre sur la prolongation d’une décennie du régime dérogatoire des successions. Et de se dédire dès le lendemain, prétextant que son propos indiquait simplement une mise en garde sur un projet risquant d’être retoqué. Tragicomique.
Par Jean Poletti
Le ci-devant Charles Amédée Simon du Buisson de Courson est un cas d’école. Ses changements sur le
dossier insulaire devraient figurer dans les annales des cours de sciences politiques. Ses saillies antagonistes forment une suite ininterrompue alliant tout et son contraire. Rapport de cause à effet ? Sitôt élu au poste envié de rapporteur du budget de l’État au Palais Bourbon, il déploya sans noblesse l’oriflamme du refus concernant le délai voté par le Sénat de l’amendement Panunzi. Ce n’était pourtant pas une jacquerie ou autre crime de lèse-majesté, mais simplement le moyen de donner un peu de temps pour mener à bien l’assainissement cadastral entrepris. Et en corollaire résorber définitivement le désordre dans le domaine des propriétés. Le régime dérogatoire permettant notamment un abattement de cinquante pour cent des droits de successions courait encore trois ans. Délai à l’évidence trop bref pour atteindre la normalité. Mais Charles ne se montra pas bon prince.
Il brandit l’épée de ses ancêtres chevaliers et trancha dans le vif amputant ainsi tout délai. Un coup de Jarnac qui surprit notamment ses deux collègues corses qui comme lui adhèrent au même camp
parlementaire. Michel Castellani et Paul-André Colombani furent- ils mis dans la confidence de l’intempestive intervention ? Nul ne le pense. Par contre, on peut imaginer que le duo ne fut pas avare de remarques peu amènes à l’endroit du drôle d’ami. Tout en essayant officiellement de minimiser l’importance de ses propos.
LABORIEUSES EXPLICATIONS
Ce n’est sans doute pas fruit du hasard si De Courson, toute honte bue, se déjugea. Dans un argumentaire cousu de fil blanc, il affirma que son intention n’était nullement de contester la légitimité du dispositif transitoire, mais d’alerter sur sa possible inconstitutionnalité. Voire un rejet de l’Assemblée nationale. Et en épilogue d’un plaidoyer digne d’un triple salto arrière d’asséner que la Corse devait accéder à l’autonomie. Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites. Mais c’est bien sûr on avait mal compris. Ou l’art et la manière de faire passer des vessies pour des lanternes.
Nul n’aurait réfuté un argumentaire qui aurait conjugué l’adhésion au délai tout en mettant en garde sur les problèmes juridiques. Mais en l’occurrence rien de tout cela. Seul le véto fut exprimé. Manichéen, comportant une seule facette, et un rejet sans autre forme de procès. Saint-Louis doit se retourner sous son chêne de justice. Chassez le naturel, il revient au galop. La formule s’impose tant le personnage fut prolixe en fluctuations. D’abord pourfendeur inlassable de toute spécificité insulaire, il se drapa ensuite dans les habits de l’évolutionniste faisant dire à ses adversaires nationalistes et progressistes : « Il a changé. »
L’ÉNIGMATIQUE ARISTOCRATE
Sincérité ou calcul ? Mutation intellectuelle puisée dans la réflexion ? Adaptation opportune à l’air du temps lui permettant de payer son ticket d’entrée à Libertés, indépendants outre-mer et territoires ? Groupe qu’il avait rejoint après de nombreuses pérégrinations. Naviguant de l’UDF à l’UDI en passant par les non-inscrits. Nul ne le lui reproche, tant on sait depuis Edgar Faure que « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. » Pour autant l’interrogation affleure sur cette révolution copernicienne qui le vit passer allègrement avec armes et bagages sémantiques de jacobin effréné à girondin frénétique à l’égard de la Corse. Tant mieux, applaudirent ici des deux mains les partisans d’avancées statutaires. Las, leurs louanges sur cette métamorphose connurent une sorte de bémol. L’harmonieuse paghjella devint cacophonie. Et l’impétrant eut beau se fendre d’un communiqué
invoquant une perception fallacieuse de sa déclaration, l’expectative s’instaura. Profitant de l’aubaine François-Xavier Ceccoli d’asséner dans l’hémicycle que De Courson était « un ennemi de la Corse
opposé à tout avantage fiscal pour l’île ». Le nouveau député enfonçait le clou « Un sinistre personnage dangereux pour la Corse. » Loin de nous l’idée de verser dans le procès d’intention.
Allons même jusqu’à admettre que l’aristocrate fit preuve d’une insigne maladresse. Personne n’infirmera qu’un tel mea-culpa eut été plus recevable si toutefois il était isolé et sans précédent. Mais en l’occurrence, il renvoie à une dichotomie qui interpelle. Rendant ardu le tri entre la bonne foi et la duplicité.
LA POLITIQUE ET L’ANDOUILLETTE
Jugements hostiles sur l’arrêté Miot et autres bonifications de taxes, se muèrent en défense ostensible du particularisme. Puis en plein été par une volte-face abrupte, corrigée à grand-peine. Ces louvoiements n’incitent pas à la présomption d’innocence. Et sans aller jusqu’à prononcer un verdict de culpabilité d’aucuns affirment qu’un tel clair-obscur donne tout son sens au propos de Édouard Herriot « La politique c’est comme l’andouillette, ça doit sentir un peu la merde, mais pas trop. »
Les résultats des élections législatives ont montré de la part des électeurs un sursaut républicain
pour éviter qu’une formation dont la généalogie est d’extrême droite n’accède au pouvoir.
Par Michel Barat,
ancien recteur de l’Académie de Corse
Ils ont pour beaucoup surmonté leurs opinions partisanes et souvent voté au deuxième tour pour un adversaire politique : ils ont été capables d’un dépassement républicain.
Cela aurait dû faire renaître un espoir non seulement pour l’utilité de la politique mais encore pour sa dignité. Las ! Les premières séances de
l’Assemblée nationale ont donné lieu à des comportements et des discours pires que les dernières
de la précédente. On ne sait si on doit en rire ou en pleurer. Au théâtre, il est habituel pour les grandes comédies, celles de Molière, de se demander si le comique n’est pas le masque du tragique ou du moins du drame. Traditionnellement pour reprendre les très classiques distinctions d’Aristote, les destins des héros tragiques suscitent la pitié, les comportements
des personnages comiques la dérision et le rire. On a évidemment une envie irrésistible de rire aux discours des principaux députés qui usent du comique de répétition au point qu’on sait ce qu’ils vont
dire avant qu’ils ne le disent et qu’on ne peut croire qu’ils y croient eux-mêmes à moins que l’élection n’entraîne la perte de la raison. Certes la situation est difficile parce qu’il n’existe pour personne une majorité absolue, ni même une majorité relative viable : il n’y a en fait que des minorités absolues.
Déni de réalité
Mais chacun affirme l’illusion d’être en capacité de majorité, certains revendiquent même une
victoire. Il s’agit d’un déni de la réalité tel qu’il atteint le ridicule des attitudes schizoïdes ou des
entêtements stupides. S’il n’en allait pas de l’avenir du pays on prendrait tous ces gens pour les mauvais acteurs d’une mauvaise comédie. Mais c’est bien du destin du pays et même du quotidien de chacun qu’il en va. Alors l’envie de rire devient celle de pleurer : la comédie est celle des députés, la tragédie celle du peuple et de la France qu’on ne peut prendre qu’en pitié. Pire, cette analyse ne peut que
conduire au populisme que les électeurs avaient repoussé par un sursaut républicain. Quand Tartuffe devient politique il ne fait plus rire, il fait peur, quand le siège de député devient la cassette d’Harpagon, c’est la République qui tremble. Les plus pessimistes ou plutôt les plus raisonnables présagent que cela conduira à un second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon dont on s’aperçoit que ni l’une ni l’autre ne souhaitaient réellement
gouverner.
De Chavez à Orbán
Il n’est pas interdit d’aller jusqu’à supposer que Jean-Luc Mélenchon à gauche et Éric Ciotti aspirent à la même chose : un populisme qui non seulement dissoudrait la république mais encore détruirait la démocratie, le premier dans une démocratie dite populaire du style de Chavez au Venezuela, l’autre dans une démocratie illibérale comme Orbán en Hongrie. La caricature est telle que ceux qui reprochaient à l’ancienne majorité d’avoir fait passer une loi avec les voix du Rassemblement national, les acceptent pour obtenir deux vice-présidences à l’Assemblée tout en n’acceptant aucune pour celui ci, pourtant groupe le plus nombreux.
Le spectre de Cassandre
Par bonheur, le Parlement ne reprendra ses sessions qu’en septembre et la trêve olympique pourra peut-être distraire de la tragédie républicaine. Après tout les jeux du stade, surtout olympiques, sont peut-être plus sérieux et moins dangereux que les jeux politiques. C’est sans doute pour cela que les Grecs anciens, peuple politique par excellence, les avaient créés.
Mais le réveil pourrait bien se révéler pire. Cassandre prévoit le pire mais il n’arrive pas toujours.
Nous en aurons une idée quand cette rubrique paraîtra.
En période estivale, la culture devient festive avec« E statinate ». L’évènement fut de retour
durant deux jours à Lumio. Sa marque de fabrique : Des livres et du vin. « Deux beaux produits del’intelligence », résume Marie-France Bereni-Canazzi. La coordinatrice de Musanostra, association qui a mis sur pied la manifestation, multiplie en effet les actions pour « faire sortir la littérature de la bibliothèque.» Conséquence, rendez-vous fut donné entre mer et maquis, au sein même du forum, pensé comme un lieu d’échanges.
Par Jean Poletti
Car les écrivains nationaux comme locaux présents en nombre purent deviser avec le public particulièrement dense et séduit. Voilà en substance, l’autre temps fort qui rythmera ces trois
journées. En présence de modérateurs, Gaspard Koenig, Sylvain Tesson, Ariane Chemin, Thomas Schlesser échangèrent avec l’assistance ravie de ce dialogue impromptu. S’agissant de Thomas Schlesser rappelons que son dernier ouvrage Les yeux de Mona publié aux éditions Albin Michel est déjà un best-seller. L’auteur éclectique est par ailleurs historien de l’art, professeur à Polytechnique, directeur de la fondation Hartung- Bergam. Son roman est qualifié de «phénomène» et connaît un important succès dans le monde entier. Il est vendu à plus de 160 000 exemplaires en France et
traduit en 37 langues. Souvent comparé au Monde de Sophie de Jostein Gaarder, il raconte l’histoire d’une petite fille menacée de devenir aveugle que son grand-père conduit avant sa cécité dans les musées parisiens (Le Louvre, Orsay, Beaubourg) afin qu’elle garde en mémoire les chefs d’œuvre ;
« chaque œuvre est une invitation à la vie par l’art », plaide l’auteur. Quant à Sylvain Tesson, écrivain, voyageur et essayiste, son dernier roman Avec les fées aux Éditions des Équateurs évoque un voyage vers la civilisation celte. Il raconte dans un journal de bord ses sentiments, ses exaltations sur fond de
mythologie.
Savante alchimie
Des vignerons de la microrégion étaient bien évidemment représentés en qualité d’hôtes de marque. Et témoins privilégiés de la tradition viticole de la microrégion. Le maire de Lumio, Étienne Suzzoni, également viticulteur, ouvrit la voie. Tandis que Pascal Leonetti, meilleur sommelier de France, se mêla avec bonheur à cet épisode. Il faut dire que l’influence enivrante du vin a souvent été source d’inspiration, depuis l’Antiquité, pour bon nombre de poètes et d’écrivains. Raison pour laquelle, les organisateurs d’E Statinate, misent eux aussi sur cette savante alchimie. Capturer l’imagination passait
aussi par la mise en valeur de la langue nustrale. À ce titre, Petru Leca reçut le prix «Musanostra» de littérature corse pour son recueil de poèmes E u ventu aux éditions Albiana. Au fil des pages,
l’ancien journaliste offre un voyage vers l’intime aussi séduisant qu’initiatique.
Notre brillant confrère s’inscrit dans une longue liste d’auteurs insulaires qui eurent légitimement la part belle. À l’image de Dominique Memmi, Sandrine Lucchini, Don Mathieu Santini ou encore José Carducci. En point d’orgue, la voix de la chanteuse Battista Acquaviva conférera un supplément d’âme à ces rencontres, résolument tournées vers le patrimoine vivant et les savoir-faire. Musanostra, fidèle à
son efficiente habitude poursuivra cet automne ce type de manifestations qui au-delà des différentes initiatives se fondent toutes dans un unique creuset consistant à promouvoir la littérature,
l’art, le cinéma, a lingua corsa. Et ainsi les offrir au public profane ou initié, en bannissant tout élitisme.
NOTER :
LA COLLECTIVITÉ DE CORSE, AIR CORSICA,
LA MAIRIE DE LUMIO, L’UNIVERSITÉ DE CORSE,
TÉLÉ PAESE, ÉTAIENT PARTENAIRES DE L’ÉVÈNEMENT.
WWW.MUSANOSTRA.COMMUSAFESTIVALS@GMAIL.COM
Histoire d’une relation existentielle
Par Jean-Pierre Nucci
L’analyse chronologique du rapport au sacré démontre que la transgression à la règle du moment édictée par l’État ou l’Église conduit inexorablement à la condamnation. Peu échappèrent à cette réalité. Cette soumission au sacré a toujours été omniprésente dans nos sociétés. Elle trouve sa source dans l’Athènes Antique. Rien de très surprenant que la civilisation athénienne, berceau de la démocratie, ait ouvert ce chemin. Athènes donc, tout commence ici en 399 avant J.- C. par le procès de Socrate. Il est reproché au père de la philosophie de corrompre la jeunesse et de ne pas croire aux dieux de la cité. Pour ces faits, l’accusateur public le condamne à boire la Ciguë. C’est le premier procès du genre. D’autres suivront. Le plus célèbre d’entre eux reste la crucifixion de Jésus. Quand Caïphe, le grand prêtre lui demande s’Il est le fils de Dieu, Jésus répond : « Je le suis. » Le grand prêtre déchire alors ses vêtements, signe conforme à la procédure judiciaire en cas de blasphème. Comme Socrate, la condamnation du Christ ne relève pas uniquement du fait religieux. Jésus était certes un blasphémateur pour le Sanhédrin*, mais un perturbateur à l’ordre public pour Rome. Sa mise à mort fut aussi politique.
Au Moyen Âge, le pape ordonna de reprendre la Terre sainte. Il s’agissait de châtier par-là non pas un blasphème mais un sacrilège, c’est-à-dire un acte. Pendant cette période dénommée improprement « l’obscurantisme », le périmètre de la sphère accusatoire se déploiera dangereusement. L’Inquisition, les Croisades sont l’expression la plus significative de ce dérapage répressif. Pour en rajouter, les réprimandes ne se limiteront plus à l’autorité religieuse, elles s’élargiront à la personnalité du roi. Né de droit divin, toute critique ou agression envers sa personne sera perçue comme une atteinte au sacré. On passera les guerres de religions et ses horreurs où protestants et catholiques se renvoyèrent la balle de l’impiété pour avancer dans le temps. À la période des Lumières. En 1748, paraît De l’Esprit des lois. Seront saisis là les grands principes qui régiront les sociétés politiques. Dans cet essai, Montesquieu ouvre la voie de la clémence en insistant sur la nécessité de distinguer les sphères religieuses et politiques. Pour lui le blasphème, non le sacrilège, ne doit recevoir que des sanctions religieuses (Excommunication, retraites, prières…). Il ne sera pas entendu, son texte sera mis à l’index par l’Église et dénoncé par le roi. L’alliance entre le spirituel et le temporel se renforcera à dessein, afin que chacun conserve ses pouvoirs respectifs. Au cours de l’année 1651, en parfaite contradiction avec Montesquieu, Louis XIV promulgua une déclaration contre les jureurs et les blasphémateurs. Dans sa dérive punitive, il ira jusqu’à révoquer l’Édit de Nantes si cher au bon roi Henri IV.
«Quiconque blasphème contre l’Esprit Saint n’obtient jamais de rémission. Il est coupable d’un péché éternel.» Marc 3, 28-29
« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi.»
Article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
Ces deux citations a priori contradictoires se rejoignent sur un point. La première omet de définir le châtiment réservé au blasphémateur, la seconde à celui qui contrevient à l’ordre public établi par la loi.
L’un des progrès juridiques qu’apporta la Révolution, c’est l’impunité du blasphème. Comme on l’a vu, sous l’Ancien régime, nul n’avait le droit de s’y prêter et encore moins de faire acte de sacrilège envers Dieu ou le Roi sous peine de mort! Imaginons aujourd’hui une personne conduite à la guillotine pour avoir injurié le président de la République ou un Cardinal («Casse-toi, pauv’con!») La triste et regrettable affaire du chevalier de La Barre est là pour éclairer nos mémoires. En 1766, ce jeune homme fut victime de l’obscurantisme. Penchons-nous un instant sur son histoire. Les faits se sont déroulés dans la Somme, à Abbeville plus précisément. François-Jean Lefebvre, chevalier de La Barre, descendant d’une famille de parlementaires, fut supplicié. À l’âge 19 ans à peine, sa langue fut arrachée, sa main coupée, puis il fut décapité et son corps brûlé à petit feu. Qu’avait-il fait pour mériter ce sort? Rien
de très condamnable. On en rirait de nos jours. En l’année 1766 donc, au cours d’une procession religieuse, ce jeune impudent s’était montré irrévérencieux. Mal lui en avait pris. Au passage de la statue à l’effigie de la Vierge, il avait ostensiblement refusé d’ôter son chapeau, de s’agenouiller et, pour en rajouter, s’était illustré en entonnant des chansons de corps de garde**. Il fut arrêté pour ces faits sur dénonciation. Les investigations qui suivirent furent menées avec partialité par un certain Duval de Soicourt, roturier à l’ambition contrariée. Une fois le chevalier emprisonné, on ordonna la perquisition de son domicile. Pour son malheur on y découvrit un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire. La détention de cet ouvrage prohibé sonna son glas. L’affaire fut gonflée de manière calomnieuse et devint politique. Même l’Église s’inquiéta d’un traitement aussi inapproprié aux faits. Son procès fut instruit à charge à une période peu propice à la clémence. Face au raidissement du Parlement de Paris, souverain en la matière, et à l’hostilité du roi Louis XV vis-à-vis des idées nouvelles, son cas fut érigé en exemple. La cour ordonna qu’il soit supplicié et que son «Dictionnaire» soit brûlé de même. Cette dernière sanction visait indirectement Voltaire. Le grand philosophe alerta l’Europe entière de sa relation avec la mort du chevalier de la Barre afin d’obtenir sa réhabilitation. Juste avant de mourir, il demanda à Condorcet, qui accepta de grâce, de poursuivre ce combat. Le chevalier fut réhabilité en 1793 (pendant la Terreur!) après la chute de la monarchie de droit divin et la disparition du crime d’hérésie.
Cette peine pour impiété et blasphème fut la dernière prononcée en France. Elle reste dans l’esprit de tous comme l’un des premiers combats menés pour la laïcité.
En créant un dédit vague, non défini, vous livrez les citoyens à l’arbitraire du parquet et du juge. Est-ce là ce que vous oserez appeler une loi de liberté, une loi républicaine ? Georges Clemenceau
Pour donner suite à une sombre affaire politique, la Chambre des députés délibéra pour que soit introduit dans le droit français le délit d’offense au président de la République. L’esprit qui anima les paroles du grand Georges le 21 juillet 1881 était empreint de dénonciation envers la volonté parlementaire d’un retour au caractère sacré dans la sphère politique. Il ne fut pas entendu. Depuis la Révolution, le roi, l’Église avaient perdu cet avantage, la République le transférera à son Président.
Pendant longtemps, la sentence inhérente à une atteinte au sacré relevait, d’une manière partiale convenons-en, d’une autorité hiérarchique incontestée. L’Église, Le Roi, le président de la République. Je passe les exactions commandées par le Comité de Salut Public envers les citoyens éclairés et les prêtres réfractaires pour me concentrer sur l’évolution récente du rapport au sacré. Est apparue dans les années soixante-dix un fait nouveau en la matière. La notion sacrée se transforma en une notion à géométrie variable. La personne sacrée n’est plus reconnue par le peuple, mais par un groupe de fanatiques. Au nom d’une folie religieuse ou identitaire, des terroristes massacrèrent des innocents. La sentence est prononcée sans procès préalable. La victime est jugée coupable à l’avance, elle n’a aucun droit à se défendre. Tout est entendu a priori, on tue car on est certain d’avoir raison. Il y a là une remise en question des fondements de la démocratie. Nul n’a le droit de se faire justice lui-même.
Venons-en au sport. Quelques exemples significatifs ont démontré que des atteintes au sacré se sont invitées là aussi sous formes diverses. En voici quelques-unes. Actualité oblige, commençons par les Jeux olympiques. «Black power» en 1968. Aux Jeux de Mexico, deux athlètes afro- américains levèrent sur le podium chacun un poing ganté de noir. L’acte par nature politique dénonçait le mauvais sort réservé à la communauté noire américaine. Pour ce sacrilège envers l’autorité olympique, ils furent condamnés à rendre leur médaille.
Penchons-nous maintenant sur le cas des supporters bastiais. Au stade de France, lors de la finale de la coupe de France du 11 mars 2002, une partie de ceux-ci sifflèrent La Marseillaise. Un blasphème identitaire qui déplut au président de la République, M. Jacques Chirac. Il refusa de saluer les joueurs considérant que l’on avait insulté par ce fait le caractère sacré de la Nation.
Pour finir, les Jeux de Paris 2024. En réponse à l’agression militaire de l’Ukraine par les troupes russes, le comité international olympique interdit à la Russie de participer aux Jeux. En revanche, dans le souci de ne pas sanctionner les athlètes russes, elle atténue sa décision en autorisant ceux-ci à participer aux Jeux en leur nom propre à condition d’avoir fait preuve de neutralité dans le conflit. La mesure divise encore.
*Sanhédrin: Assemblée des grands prêtes (Sadducéens) qui avait autorité sur la chose religieuse. **Chanson de corps de garde : chant paillard.
CINQ PARCOURS INSPIRANTS
Il est des femmes et des hommes ambitieux et optimistes, portés par une soif d’entreprendre pour créer, construire et faire grandir.
Des femmes et des hommes qui chérissent leur terre et s’attachent à la respecter pour mieux dévoiler son âme.
Des femmes et des hommes passionnés par le monde qui les entoure et qui l’appréhendent avec une vision moderne.
Rencontre avec quatre d’entre eux, devenus vigneron par passion.
Par Anne-Catherine Mendez
Jessica Fieschi : L’Ambassadrice
Dans les coulisses du monde viticole, une femme incarne la passion et le dynamisme de cet univers fascinant : Jessica Fieschi. Agent commercial de quatre vignerons, Jessica est devenue en quelques années une actrice clé de leur politique de commercialisation, reliant les richesses de leurs vignobles respectifs au marché local.
Jessica, vous êtes une figure nouvelle dans le monde viticole corse. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je suis née à Ajaccio et j’ai toujours évolué autour du domaine de l’hôtellerie et de la restauration. Dès mon plus jeune âge, j’ai été fascinée par le processus de vinification et par les histoires que chaque bouteille raconte. J’ai poursuivi des études en œnologie et en sommellerie ici en Corse pour transformer cette passion en carrière. Aujourd’hui, je suis agent commercial pour quatre vignerons corses, une mission que je mène avec une volonté inébranlable.
Comment décririez-vous votre relation avec les vignerons que vous représentez ?
C’est une relation de confiance et de collaboration étroite. J’ai tissé des liens solides avec eux au fil des ans. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi pour représenter leurs intérêts de manière authentique et efficace. Je suis leur ambassadrice, et je prends ce rôle très à cœur. J’assiste souvent à toutes les étapes de la fabrication avec eux, je les soutiens dans les moments de doute. J’ai la chance de connaître tous les mécanismes commerciaux, ayant été moi-même acheteuse. Je peux percevoir et comprendre les attentes des professionnels, mes clients. C’est une réelle valeur ajoutée pour eux.
Vous parlez souvent de votre passion pour le vin. Comment cette passion influence-t-elle votre travail ?
Pour moi, le vin est bien plus qu’un simple produit commercial. Chaque bouteille raconte une histoire, une culture, une émotion. Lors des dégustations, j’aime partager les anecdotes sur les terroirs, les méthodes de production artisanales et les traditions séculaires de la Corse. Mon enthousiasme est contagieux, et cela rend chaque rencontre mémorable pour mes clients.
Quels sont les défis auxquels vous faites face en tant qu’agent commercial de vignerons en Corse ?
L’un des principaux défis est de maintenir l’authenticité tout en s’adaptant aux exigences d’un marché globalisé. Il est crucial de préserver les traditions et les méthodes artisanales tout en répondant aux attentes des consommateurs modernes. De plus, la concurrence est féroce, mais c’est un défi que j’aborde avec détermination.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Je suis très excitée par l’avenir. Je veux continuer à promouvoir les vins corses atypiques, en en élargissant encore plus mon réseau de vignerons sur l’ensemble du territoire. Je m’étais lancée comme défi, un dans chaque microrégion ! Je suis également intéressée par l’éducation viticole et j’aimerais organiser des ateliers et des événements pour partager ma passion avec un public plus large. Il ne faut pas oublier que chaque bouteille est une invitation à découvrir l’âme de notre île, ses traditions et son savoir-faire unique. Je vous encourage tous à la lecture de ce dossier consacré à ces quatre viticulteurs singuliers, à goûter et à apprécier ces vins exceptionnels.
Domaine Falcucci : se réinventer à chaque génération et ériger la qualité en principe
Le Domaine Falcucci est né en 2019 sous l’impulsion de Claire Falcucci, fraîchement diplômée d’œnologie et globe-trotteuse, ayant parcouru le monde pour découvrir et travailler dans les vignobles de Nouvelle-Zélande, de Californie et des Cinque Terre.
Claire reprend alors les rênes de l’exploitation familiale où son grand-père François et son père Félix ont exercé à travers les années diverses activités agricoles avant elle comme le maraîchage, l’arboriculture, le raisin de table et la viticulture.
Ce principe de vie, cette véritable philosophie, transmis par Félix à sa fille, l’auront conduite à apporter sa pierre à l’édifice familial en étant la première génération à produire du vin.
C’est dans le petit chai de Vescovato où Claire vinifie les 4 hectares du Domaine que deux cuvées prennent alors vie. Celles-ci sont une parfaite harmonie entre les racines vigoureusement paysannes de la famille et la personnalité pétillante de Claire.
Deux cuvées voient le jour :
Entropie, une cuvée fruitée et conviviale
Sognu, une cuvée d’élevage tout en finesse et élégance
- Domaine Falcucci – 20215 Vescovato
Domaine Tarra di l’Apa : du vin et du miel
Situé aux portes d’Ajaccio, dans les plaines de Peri et de Carbuccia, le domaine s’étend sur une superficie de 25 hectares. Il est actuellement planté de 9,5 hectares de vignes dont 6 hectares en production. La proximité avec le golfe d’Ajaccio et avec le Monte d’Oro lui offre un climat extraordinaire. Les sols profonds permettent à la vigne d’exprimer tout son potentiel sur les arènes granitiques de cette région de Corse. La commune de Peri, qui fût jadis un haut lieu viticole de la région ajaccienne, est peu à peu tombée dans d’oubli. Aujourd’hui, plusieurs vignerons ont choisi de redynamiser la viticulture, notamment avec le cépage roi de l’Appellation d’Ajaccio : le Sciaccarellu.
C’est en 2015 que le rêve de Romain Salasca, cet apiculteur possédant un cheptel de 300 ruches et petit-fils de vigneron, a pu prendre vie grâce à la plantation de la première parcelle, U Castedducciu. Suivront les plantations de l’Incalcinatu et du Stagnolu sur la commune de Peri. Ce n’est qu’à partir de l’année 2018 que le domaine Tarra di l’Apa prend une nouvelle dimension avec l’association de Laurent Canessa.
Entre 2019 et 2021, le domaine se développe sur la plaine de Carbuccia avec 6 hectares supplémentaires. Cela représentera in fine un domaine couvrant 13 à 15 hectares.
Le rouge et le rosé sont issus de la parcelle plantée de Sciaccarellu, cépage roi de l’AOP Ajaccio, qui est, au cœur de la plaine de Peri, un terroir très réputé. Au Moyen Âge, surplombant la parcelle, se dressait une maison forte U Castedducciu qui lui donnera son nom.
Le blanc est issu de la parcelle située au cœur de la plaine de Peri plantée de Vermentinu. Celle-ci fut nommée l’Incalcinatu, car jadis, on y trouvait de la chaux. Elle se situe également au bord du canal Napoléon III qui permettait l’approvisionnement en eau de la ville d’Ajaccio.
- Domaine Tarra di l’Apa – Lieu-dit Albitronu – 20133 – Carbuccia
Le Clos Marinu : Vinu Naturale
Johann Thouvenot, originaire de Tolla dans le Prunelli, a obtenu son diplôme national d’œnologie à Montpellier après avoir validé sa licence en génie biologie à Corte. Il a ensuite entrepris un voyage de neuf mois en Méditerranée où il a travaillé en viticulture en Andalousie, en Toscane, en Croatie et en Grèce. Son périple l’a amené à perfectionner ses connaissances en vinification en Bourgogne, dans l’Aude et à Patrimoniu.
Installé en Corse, Johann a fondé sa société de prestation de services en viticulture et œnologie. Parallèlement, il a commencé à exploiter en fermage 2,5 hectares de vieilles vignes à Purtichju, sur le lieu-dit Scaglione, un terroir unique balayé par les vents marins.
Johann a suivi ses convictions en produisant dès son premier millésime (2019) un rouge et un rosé vinifiés uniquement avec des levures indigènes et sans collage. Son objectif est de préserver la nature tout en offrant des vins non formatés, digestes et équilibrés, qualifiés de vins vivants !
Les vins disponibles incluent le Rouge Corail, majoritairement Sciaccarellu avec une touche de Carignan, et le Rosé Corail, principalement Sciaccarellu avec du Vermentinu. Ces vins sont légers, gourmands, et marqués par des tannins fins pour le rouge et une belle complexité fruitée, florale et minérale pour le rosé.
Le vignoble du Clos Marinu, où Johann cultive ses vignes, est un micro-vignoble de 2,5 hectares à Porticcio, surplombant les plages d’Agosta et de Capitello avec une vue sur le Golfe d’Ajaccio. La proximité avec la mer Méditerranée et l’influence des vents côtiers créent un microclimat marin unique. Les cépages utilisés sont le Sciaccarellu, le Carignan et le Vermentinu, cultivés de manière durable et respectueuse de l’écosystème, sans pesticides ni traitements chimiques de synthèse. Les vinifications sont réalisées dans l’esprit des vins nature, avec des levures indigènes et très peu de sulfites, pour préserver l’expression authentique du terroir.
- Clos Marinu – Purtichju
Domaine De Peretti della Rocca : Une destination de goût
Près de Figari, protégé par ses vignes, le Domaine de Peretti della Rocca offre une alchimie chic et authentique qui se transforme au fil des saisons.
Jules, Colette, Joséphine, Françoise : les cuvées portent le nom des membres de la famille, comme un hommage, une déclaration d’amour. Chacune offre son lot de surprises et de singularités.
Ainsi, les vins rouges, vins rosés et vins blancs arborent des arômes subtils, adulés des fins palais. Sciaccarellu, Nielluccio, Minustellu, Grenache ou encore Vermentinu.
Chaque cépage est reproduit à maturité. Les vendanges, entièrement manuelles, ont lieu entre les mois de juillet et de septembre, selon les années et les humeurs de la nature. Quand vient l’heure de la récolte, le domaine s’enveloppe d’une atmosphère enivrante, où règnent convivialité et partage. N’hésitez pas à leur rendre visite durant cette période emblématique ! Puis vient le temps de la taille, ou encore celle des plantations. Le domaine viticole vit au rythme des saisons, et vous invite à y prendre part.
La propriété viticole est également un havre de paix pour y séjourner quelques jours. C’est dans ce désir de convivialité et d’échange que les hébergements et la table d’hôte A Spartera, vous accueillent toute l’année, en plein cœur du vignoble.
- Domaine De Peretti della Rocca – Route du Pruno – 20114 Figari
Retrouvez les recettes associées à ces vins dans Paroles de Corse de Juillet-aout en vente ici