



C’est en 1774 que les Bastiais découvraient leur tout premier théâtre « place de la Comédie », aujourd’hui appelée place du Marché. Trois ans après, on en construisait un autre à proximité. Un siècle plus tard, on érigeait le théâtre municipal actuel. Si à Bastia la proximité avec l’Italie, la richesse culturelle et la densité de son bassin de population contribue à développer un engouement pour le bel Canto dans la culture populaire, il n’en reste pas moins qu’à Aiacciu aussi, le goût pour l’opéra irradiera la capitale régionale.
Par Vannina Angelini-Buresi
C’est au début du xixe siècle, en 1830, qu’à Aiacciu le théâtre Saint-Gabriel ouvrira ses portes, baptisé en l’honneur du préfet Gabriel Lantivy instigateur entre autre, de cet édifice architectural. La population ajaccienne avide d’airs populaires, passionnée de chants, connue et reconnue pour ses puissantes et mélodieuses voix, participait régulièrement à la programmation culturelle de la cité.
Se déployait en Corse un véritable enthousiasme autour de la culture italienne, et pour l’opéra. Comme à Bastia, ils allaient tous écouter Bellini, Donizetti, Rossini et d’autres. Ce n’est qu’à la fin du xixe qu’en Corse, on commence à apprécier l’opéra français tel que Bizet ou Gounod. C’est Napoléon qui initiera les Français à la culture de l’opéra italien, au théâtre mais également dans les salons de la noblesse de l’Empire parisien, où l’on fait venir des ténors avec des extraits d’opéra et des romances, des harpistes et des pianistes notamment chez les sœurs de Napoléon, Élisa et Pauline.
À Bastia, après le romantisme, on découvre une autre expression, c’est l’arrivée du vérisme, influencé par le réalisme dans le chant, c’est quelque chose de plus immense très lyrique et plus exacerbé dans les émotions à la fin du xixe. Les Corses s’emparent de certains chants, l’opéra est chantonné dans la rue, ils se l’approprient, ça fait partie de leur patrimoine. L’immigration des Napolitains et des Siciliens apportent d’autres mélodies aussi. Des chants assez vocaux qui demandent une tessiture assez élargie.
Ténors et riaquistu
Dès la fin du xixe et le début xxe siècle, les opéras français commencent à attirer du monde et la Corse connaît le plus grand vivier de chanteurs lyriques. Notamment avec César Vezzani et sa compagne Agnès Borgo, Martha Angelici soprano, Isabelle Andreani mezzo soprano, Gaston Micheletti ténor ajaccien qui obtient des rôles à l’opéra comique et José Luccioni qui viendra clôturer l’âge d’or. Un coup d’arrêt se produisit, le théâtre de Bastia, véritable référence, une sorte de mini Scala, subit des dommages causés par les bombardements, quant à celui d’Aiacciu, il fut la proie les flammes. Cependant, la culture de l’opéra est toujours présente et ses airs imprégnés dans la mémoire des Corses. Après la guerre, on retrouve toujours Martha Angelici, Micheletti, Vezzani, Tibère Raffali et en même temps Tino Rossi. Il est classé dans la catégorie « Ténorino » chanteur d’opérette, archétype de la culture populaire, influencé et nourrit par les nombreux opéras qu’il a découverts au cours de son enfance et de sa jeunesse au théâtre Saint-Gabriel d’Aiacciu.
Les années 50 sont l’époque des ritournelles, des sérénades et des cabarets. Le Riacquistu dans les années 70 s’attèlera à réhabiliter le chant en « Paghjelle » dit traditionnel et celui du « Cantu Sacru », les autres genres seront délaissés un temps voire décriés comme le cabaret et le « Bel Canto ». Dans les années 80, seul Tibère Raffali fait carrière ailleurs et obtient le prix Pavarotti à New York. Il faudra attendre les années 90 pour voir percer une chanteuse lyrique bastiaise Michèle Canniccioni, une soprano qui aura une carrière internationale comme Martha Angelici, quarante ans auparavant. « Par ma volonté et mon travail, j’ai persévéré et percé. Sans connaître personne sans avoir aucun soutien, à une époque où c’était le néant à Bastia et ailleurs en Corse. »
L’atout corsophone
Michèle s’est produite au Japon, au Brésil, en Russie et à Milan bien sûr. Au début des années 2000, pour des raisons de santé, elle met fin à sa carrière mais se consacre aujourd’hui à la transmission car elle donne des cours particuliers. Ce n’est pas en France qu’elle estime que l’on fait carrière mais à l’étranger. D’ailleurs le fait d’être corsophone, « car la langue corse ouvre au portugais, à l’italien »favorise la pratique du chant. « Au niveau de l’aptitude du langage, le positionnement vocal de la voix parlée en corse est très rond comme le russe, d’ailleurs je chantais très bien en russe. »
Jean-Jacques Ottaviani, ténor bastiais, insiste lui aussi sur la maîtrise de la langue corse comme un avantage dans la pratique du chant lyrique « avec ce phrasé long que l’on a et ses fioritures, en plus de la facilité que l’on peut avoir par la richesse de la langue à avoir des harmoniques que d’autres n’ont pas en France par exemple ; Ce n’est pas anodin que dans le classement des cent ténors mondiaux du xxe siècle, il y ait quatre Corses : Vezzani, Micheletti, Luccioni et Tino Rossi. Nous avons aujourd’hui un foisonnement de chanteurs à voix, ténor, soprano, mezzo soprano, que l’on doit en partie au conservatoire Henri-Tomasi et ses deux antennes à Aiacciu et Bastia. De nombreux Corses font leurs premières armes ici et partent par la suite se perfectionner sur le continent ou à l’étranger et entament des grandes carrières comme Amélie Tatti ténor et Eléonore Pangrazi mezzo soprano ou Jean-François Marras ténor aussi qui mène une carrière à Paris et à l’étranger et encore la soprano Julia Knecht qui mène elle, une carrière ici. A leva nova marchent sur les pas de Michèle Canniccioni qui a ouvert la voix à cette nouvelle génération,certains d’entre eux reviennent régulièrement se produire sur la scène corse comme récemment au palais des Congrès d’Aiacciu. Le mois dernier pour la première édition d’« Avant-Scène » Opus Corsica, son président Xavier Torre et la concertiste directrice artistique de cette association, Laura Sibella, réunissaient de grands artistes lyriques et classiques corses et internationaux, afin qu’ils travaillent ensemble pour offrir un concert d’exception mettant en avant de jeunes talents insulaires.
Musiques en harmonie
Pour Laura, la musique classique fait partie de la culture populaire, « La musique classique présentée comme la Grande Musique, ou la musique dite savante, est souvent opposée aux musiques populaires que l’on nomme maintenant musiques traditionnelles. Elles ne sont pas plus simples que les autres ne sont sérieuses. Ce qui les différencie, mais ne les oppose pas, c’est que l’une est de tradition écrite, préservée sous la forme d’une notation musicale alors que l’autre est transmise oralement. »
La suite de cet article est à retrouver dans Paroles de Corse #111 – juin
« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ». Spiderman ? Oui mais pas seulement. La morale de l’Homme-Araignée pourrait être aussi celle de la nouvelle promotion d’ambassadrices et ambassadeurs du sport de la Corse. Une équipe sélectionnée par la Collectivité de Corse et ses partenaires, mobilisée autour d’un double objectif : promouvoir la pratique et les valeurs du sport sur l’île et représenter la Corse au plus haut niveau.
Par Caroline Ettori

Le 27 janvier dernier, l’Assemblée de Corse adoptait à l’unanimité le rapport relatif à la nomination des 13 ambassadrices et ambassadeurs du sport pour les deux prochaines années. Au-delà de leur mission de représentation de la Collectivité de Corse, ils assureront la promotion de la pratique sportive et incarneront ses valeurs auprès des différents publics, des scolaires aux seniors d’autant plus énergiquement que la crise sanitaire n’aura pas été sans conséquence sur le secteur.
Lauda Guidicelli-Sbraggia, conseillère exécutive en charge des sports, fixe le cap de ce dispositif : « Notre objectif est d’encourager une ré-adhésion au sport et montrer qu’en Corse, on peut réussir en tant que jeune sportif. » Et si la pratique est importante, elle ne fait pas tout. La conseillère exécutive reprend : « De la même manière, il s’agit de promouvoir un parcours de vie avec ses victoires mais aussi ses échecs et la manière dont on les surmonte. L’humilité, l’abnégation, la résilience, la persévérance sont au cœur du programme. Valoriser cette jeunesse-là comme modèle à suivre, transmettre un message d’espoir et de réussite est essentiel. Et grâce à eux, c’est une image positive de la Corse qui est portée au plus haut niveau. »
Élite insulaire
Et pour cause, cette équipe d’élite a fait l’objet d’une sélection drastique. Christophe Gianni, chef de service « développement de la pratique sportive » au sein de la Collectivité de Corse en précise les étapes. « Un appel à projet a été lancé en fin d’année dernière. Nous avons reçu 36 dossiers et 26 postulants ont été auditionnés. Une présentation de 5 minutes suivie d’un échange avec le jury composé de la conseillère exécutive en charge du sport, du vice-président et du directeur du Centre du Sport et de la Jeunesse Corse, d’un représentant de la Direction des Sports de la Collectivité de Corse et d’un journaliste sportif membre de l’Union nationale des journalistes sportifs ont permis d’arrêter les nominations. » Témoin privilégié de ces rencontres, Christophe Gianni retient la qualité des interventions. « Le choix a été compliqué. Le niveau des candidats, leur préparation et leur volonté de s’engager ont convaincu les membres de jury de passer finalement de 8 à 13 ambassadrices et ambassadeurs. »
Parmi eux, le jeune Antonin Romieu. À 15 ans, l’adolescent est élève en classe de première au lycée Émile-Zola d’Aix-en-Provence. Originaire de Monticello en Balagne, il a quitté la Corse en septembre pour intégrer le Pôle Espoir PACA section squash. « Le sport a toujours fait partie de ma vie. J’ai pratiqué le foot, le hand, la course à pied mais le squash reste ma passion. » Précoce, Antonin fait ses débuts sur les courts à l’âge de 3 ans, encouragé par son père, entraîneur du club de L’Île-Rousse. Très vite, il enchaîne les tournois et compétitions et ses performances retiennent l’attention des coachs de l’équipe de France qui lui offriront une première sélection à 12 ans. Désormais sportif de haut niveau espoir, Antonin a dû s’adapter à sa nouvelle vie : « J’ai eu un peu de mal à la rentrée mais je n’ai jamais oublié pourquoi j’étais là et ce que je devais faire pour progresser. » École le matin, sport l’après-midi, entraînement le soir, un programme millimétré qui apporte une rigueur et un sérieux nécessaires au jeune athlète. « Mon objectif est d’aller le plus loin possible et d’être un jour champion du monde. Ce sera long et pas forcément facile mais je m’entraîne tous les jours avec des joueurs de 18, 19 ans et je ne suis pas loin d’eux. Alors je sais que c’est possible. » En devenant ambassadeur du sport, c’est un peu de son expérience, de sa confiance qu’Antonin va partager avec ses interlocuteurs. « J’échange déjà beaucoup avec les enfants du club où je donne beaucoup d’informations sur le squash. En tant qu’ambassadeur, je souhaite être le meilleur exemple possible et j’imagine les interventions dans les écoles ou auprès de personnes plus âgées comme des moments privilégiés autour du sport et de son développement. » Un discours bien pensé, des ambitions claires, le goût de l’effort, il est certain que ce futur ingénieur en Formule 1, son autre passion, est un atout indéniable pour la Collectivité de Corse.
Une compétition contre soi-même
Autre profil mais motivation égale et détermination à toute épreuve : Juliette Lepage. Étudiante en troisième année d’italien et Lettres Modernes à l’université de Corse, Juliette est avant tout une femme de défi. « Je suis triple AAA pour Asthmatique, Aveugle, Asperger et j’aime le sport à ma façon, versatile, volatile. J’ai pratiqué plein d’activités, je ne m’interdis rien : judo, équitation, triathlon, saut en parachute, ski… Le plus important pour moi est de me lancer des défis. » En toute logique donc, Juliette fête ses 18 ans sur les pistes du GR20 pour se dépasser bien sûr mais aussi pour sensibiliser le grand public à l’arthrite juvénile. En 2021, elle fait du désert marocain son terrain de jeu en participant au Rallye Aïcha des Gazelles. Et 2023 la fera pédaler. « Beaucoup ! ». Son rôle d’ambassadrice, Juliette l’envisage comme une opportunité d’apporter une autre vision du sport : il est bien à la portée de tous. « Il n’y a pas de petits exploits, chacun doit être fier de ce qu’il réalise que cela soit aux échecs, au rugby ou en breakdance… Tout le monde doit pouvoir connaître les joies et le plaisir du sport. C’est ce que je souhaite défendre. »
Alors oui, la jeune femme admet que tout n’est pas parfait notamment sur les questions d’accessibilité mais ce n’est pas une raison pour abandonner. « J’ai envie d’aller échanger avec les acteurs du secteur qui pourraient être frileux par rapport à l’handisport pour leur montrer que c’est faisable. De tout façon, la vie est une compétition. Je suis en compétition constante contre moi-même. Alors le fait d’atteindre un objectif, quel qu’il soit, c’est un vrai bonheur. » Même si elle ne conçoit pas les choses de cette manière, Juliette est un véritable exemple à suivre pour les aspirants sportifs et les autres. « Je préfère ne pas y penser. Je n’ai pas envie de donner des leçons. Je veux simplement être moi et laisser un souvenir en tant que Juliette et non comme la “petite aveugle”. Là, j’aurais tout gagné. » En attendant, la jeune aventurière entend bien continuer à suivre ses envies : créer, écrire, composer, traduire, échanger, transmettre et représenter la Corse sur l’île et même un peu plus loin. Sans limite, Juliette, qui a d’ailleurs participé le 20 février dernier à une marche organisée en parallèle du Foyal Urban Trail en Martinique.
Question de volonté
Pour mener à bien leur mission et en contrepartie de leur engagement, les ambassadrices et ambassadeurs du sport bénéficieront d’une bourse de 4 000 euros annuels pour leur mandat de deux ans avec une évaluation du dispositif au bout d’un an. « Ils sont invités à se dépasser encore plus et pas uniquement sur le terrain de jeu », relève Lauda Guidicelli-Sbraggia. C’est l’occasion pour eux de se confronter à un autre environnement. Nous attendons beaucoup de ces jeunes gens qui doivent refléter les valeurs de la charte du sport : l’entraide, le fairplay, le respect des règles, s’investir dans la lutte contre les discriminations, l’homophobie… Ils peuvent être également force de propositions. Plus qu’un investissement sportif, il s’agit d’un engagement citoyen, politique au sens noble du terme, au service de quelque chose de plus grand. » On vous avait prévenu : le pouvoir et les responsabilités vont de pair.
Et ne disparaissent pas une fois le mandat achevé. En effet, le dispositif a été présenté et adopté pour la première fois par l’assemblée de Corse en juillet 2019. Une première génération d’ambassadeurs qui a dû assurer durant les deux ans de crise sanitaire. « Malgré un contexte difficile, nous avons organisé plus de 80 interventions dans les écoles, au CSJC, à l’université, auprès d’associations », précise Christophe Gianni qui salue particulièrement le travail des athlètes handisport Thierry Corbalan et Bastien Caraccioli sans oublier le parcours olympique de la karatéka Alexandra Feracci. « Ils ont pris leur fonction très à cœur et resteront ambassadeurs à vie. »
Deux promotions, deux générations et un passage de témoin pour amener le plus grand nombre à la pratique sportive, provoquer un déclic chez les plus jeunes : « Quand les enfants voient arriver les ambassadrices et ambassadeurs à l’école, ils les regardent avec des étoiles plein les yeux. L’idée est de faire de la Corse une terre de sport et que même dans les endroits plus isolés avec peu de moyens et de structures adaptées, on se dit qu’on peut arriver à faire des choses, à performer à l’instar du vice-champion du monde de VTT enduro cap-corsin Ceccè Camoin », commente le chef du développement de la pratique sportive.
« La Collectivité de Corse a alloué une enveloppe de 8 millions d’euros au sport comprenant investissement et fonctionnement pour accompagner les collectivités, les associations et les sportifs », rappelle Lauda Guidicelli-Sbraggia. Nous avons conscience que le budget est contraint mais notre politique est volontariste avec une approche basée sur l’intelligence collective qui passe par la sensibilisation des acteurs et la connaissance de leurs besoins, le maillage territorial ainsi que par l’organisation d’événements comme I Scontri di u Sportu. La politique sportive doit être une politique vectrice de lien social, de prévention, d’intégration. Il est de notre responsabilité en tant que femmes et hommes politiques d’être connectés à la réalité et de donner les moyens d’agir à cette jeunesse pour elle et son avenir. » Une ambition qui sonne comme un impératif.
Les Ambassadrices et Ambassadeurs Sportifs de Corse 2022-2024 Catégorie des 15-18 ans :
Lisa ARNEAUD (Athlétisme)
Lisandru BERTINI (VTT Enduro)
Paul-Antoine LANFRANCHI (Kick Bocking)
Thomas PINA (Futsal)
Antonin ROMIEU (Squash)
Catégorie des 18-30 ans :
Victoria BINET (Athlétisme)
Hugo BOIGEOL (MMA et Kick-Boxing)
Catégorie Handisport :
Juliette LEPAGE (Défi sportif)
Kevin ROUSTAND (Sport automobile)
Mathieu SANTONI (Motocross)
Catégorie Juge et Arbitre :
Élodie ARDILOUZE (Rugby)
Jean-Baptiste DAU (Karaté)

La décision de Total-France d’une ristourne durant un trimestre de dix centimes d’euros par litre de carburant est en saine logique appréciée par les consommateurs. En contrepoint, elle met à mal les concurrents insulaires, qui n’ayant pas la même surface financières et une logistique similaire, ne peuvent suivre cette guerre des prix. À terme, le risque est patent pour l’organisation de la distribution locale, avec en corollaire la fermeture de nombreuses stations-service dites de proximité.
Par Jean Poletti
Les automobilistes sont légitimement ravis de cet effet d’aubaine. Jusqu’en mai, ils pourront se ravitailler à moindre frais dans l’un des cinquante points de vente à l’enseigne Total. Revers de la médaille, l’opération du grand trust, qui a engrangé quelque seize milliards de bénéfices, ne grèvera nullement ses comptes. Il en va différemment, ici plus qu’ailleurs, pour les concurrents n’ayant pas la même amplitude logistique et une trésorerie plus modeste. Sans entrer dans l’énumération exhaustive, on peut citer Vito-Corse et Ferrandi-Esso. Ils ne pourront pas suivre cette offre commerciale, qu’ils apparentent à une déclaration hostile teintée de concurrence déloyale.
À l’évidence cette opération, limitée dans le temps, pourrait bien déréguler le marché insulaire contraint. Et désarçonner ainsi, les distributeurs et détaillants moins nantis. Avec les conséquences sociales et du maillage territorial qui en découleraient. Sans préjuger de la faillite des pompistes indépendants, ou gérants d’enseignes modestes.
Au-delà du factuel qui tel Janus a deux visages, il convient de noter que l’opération « guerre des prix » qui ne dit pas son nom porte le sceau des dérives d’un libéralisme exacerbé. Il s’engouffre dans les carences de la puissance publique.
La campagne des cent jours
Car sauf à être un béotien perpétuel, rien n’interdit de penser que la philanthropie n’est pas le carburant principal du puissant groupe pétrolier qui a initié une stratégie du coup de pompe. D’aucuns sont fondés à imaginer que sa perspective nourrit aussi l’espoir à terme de fidéliser une nouvelle clientèle, qui durant cent jours aura pris l’habitude de converger vers ses enseignes.
La pratique n’est pas nouvelle. Elle procède d’une stratégie valable dans ce domaine comme dans bien d’autres. En bannissant tout procès d’intention, rien ne fait obstacle dans certains esprits de penser que derrière l’altruisme sommeille la quête de futurs profits.
Dans l’intervalle des labels écartés à leur corps défendant se trouvent au pied du mur. Dans l’impossibilité de faire sinon plus, à tout le moins autant, sans risquer de fragiliser leurs trésoreries. Ils seront les témoins impuissants de l’exode des usagers traditionnels vers d’autres offres plus alléchantes du ravitaillement en or noir.
Cela peut engendrer de fâcheuses conséquences. Notamment des détaillants, propriétaires ou gérants contraints de mettre la clé sous la porte, laissant sur le carreau nombre de salariés. Combien en effet auront les possibilités financières et budgétaires de tenir un trimestre avec des ventes en deuil du gas-oil ou de l’essence ? D’autant que ces produits, sans être d’appel, permettent en corollaire du plein d’un réservoir d’acheter divers articles qui trônent désormais sur les présentoirs de toutes les stations. Rurales ou citadines. Un manque à gagner d’envergure. Une double peine pour ceux dont la marge bénéficiaire des carburants n’excède fréquemment pas en net deux ou trois centimes du litre.
Le sommeil de l’État
Voilà qui nous conduit inévitablement au nœud gordien de la problématique. Sur un plan général, il conviendrait une fois pour toutes de tordre la fausse vérité d’un prix du baril onéreux. Dans notre pays les taxes représentent, au bas mot, la moitié du prix que doit acquitter l’automobiliste. Dans ce droit fil par quelle curieuse alchimie dans l’île faut-il débourser davantage que sur le continent malgré une fiscalité avantageuse ?
Un groupe spécialement constitué analyse et cogite sur ce mystère. Gageons qu’il fera mentir Clemenceau qui disait fréquemment que pour enterrer un problème il fallait créer une commission !
Mais a-t-on besoin de tout ce docte aréopage ? Par quel obscur cheminement intellectuel, ce qui est en vigueur en Outre-mer ne peut l’être chez nous ? Là-bas, les prix sont bloqués dans le cadre du décret Lurel, du nom de ce parlementaire de Guadeloupe. Mais dans une sorte de distorsion politique, ce qui est évidence dans certains territoires devient utopie dans d’autres.
L’inertie de la puissance étatique, sa lecture divergente au gré des situations laisse le marché agir à sa guise. L’exemple des carburants est un authentique cas d’école. Sans jeter la pierre à la firme Total, il serait sain de s’interroger, sans fards ni atermoiements, sur la chronique des déboires annoncés pour ceux qui tout au long de la filière subiront de plein fouet un dispositif passager.
Le coup de grâce
D’un mal peut émerger un bien. Le temps n’est-il pas venu pour que Bercy et autres ministères concernés prennent les mesures qui s’imposent afin la Corse ne soit plus un dindon d’une farce qui n’a que trop duré. Prêtant le flanc à des initiatives éphémères, adoubées par les automobilistes, mais qui ne sont que vains palliatifs et cautères sur jambe de bois. Sans extrapoler outre mesure les fâcheuses conséquences économiques et sociales et la plausible disparition des stations de proximité, qui tentent de survivre contre vents et marées. Mais pourraient cette fois elles aussi connaître le coup de grâce.

Stella, héroïne éco-responsable
La création littéraire et l’imagination participent à l’éducation à l’environnement. C’est la conviction de Jean-Louis Pieraggi, agent au sein de l’Office de l’environnement de la Corse et désormais aussi conteur. Pour le plaisir des jeunes et des moins jeunes aussi.
Par Véronique Emmanuelli
Jean-Louis Pieraggi, agent au sein de l’Office de l’environnement de la Corse passe une part de son temps à sensibiliser les plus jeunes, à la beauté et à la préservation de la faune, de la flore, et aux défis d’un monde que les générations précédentes n’imaginaient pas ; le réchauffement climatique, les épisodes météo extrêmes, l’épuisement des ressources naturelles. Parce que la sauvegarde de l’environnement est aussi une question d’éducation. On détruit, on pollue, le plus souvent par ignorance.
De toute évidence, les enfants représentent, en plus, un excellent public. Ils montrent l’exemple, portent le débat à la maison, en attendant d’être des adultes demain. Pour éveiller les curiosités, susciter des engagements, l’agent de l’ONF a établi un nouveau plan d’action en s’orientant vers la création littéraire et en se mettant dans la peau du conteur.
C’est ainsi que l’éducation à l’environnement est devenue Les enfants de Pandora, L’étoile et la mer, publié aux éditions Albiana. Cette fois Jean-Louis Pieraggi privilégie la fantaisie, sollicite les imaginaires tout en campant dans un décor qui ressemble à bien des égards au nôtre. Car d’entrée, l’intrigue embrasse une multitude de thématiques ; les embardées climatiques, les lanceurs d’alerte, les incendies géants, la destruction massive des espèces, les dérèglements sanitaires avec, en toile de fond, l’émergence d’épidémies nouvelles, ou encore l’aveuglement des hommes.
Nocturne en mer
Dans ce paysage où les embûches se succèdent, l’auteur a inséré Stella, la jeune étudiante en « sciences de la nature » à l’université de Corse, mélange de puissance et de fragilité, d’évanescence et de présence. Son énergie, son enthousiasme, sont palpables à chaque instant, au point de transformer chaque journée en une fresque virevoltante. Mais le dynamisme dont elle a le secret, son intuition aiguë agissent de drôle de façon dès que l’obscurité l’emporte. « Elle fait des rêves très étranges la nuit qui la conduisent à vivre des aventures exceptionnelles », confie l’auteur.
À son programme nocturne, figure une escapade en mer assortie d’une rencontre pour le moins surprenante avec un petit groupe de dauphins, un face-à-face avec une meute de chiens et une horde de loups au fin fond de la montagne. Les nuits de Stella mènent encore à de gigantesques oiseaux, à des hommes qui portent des enfants dans les bras ou à un berger qui presse un peu trop le pas à travers la forêt. Les équilibres qui vacillent génèrent de l’angoisse, de l’excitation mais aussi une envie de comprendre un peu mieux ce que l’on croit voir.
Berger solitaire
Stella, toute en tensions, sent des instants propices, inéluctables encore, afin de saisir des enjeux planétaires. Au fil des pages, certains sentiments mystérieux, tenaces sont distillés par Mattea, la tante, « veuve depuis de longues années » et qui « gardait dans son regard un léger voile de tristesse qui n’arrivait pas, toutefois, à ternir sa gaîté naturelle ».
Elle tient l’auberge familiale au bord de la rivière dans la vallée de la Restonica. Elle a la particularité de « communiquer avec les arbres et les animaux ». Sur la trajectoire de l’étudiante se greffe encore le visage de Baptiste, le berger, dont la vie est réglée par la montagne, la solitude ou encore une belle flambée dans la cheminée de sa maisonnette, au milieu de nulle part. Sa conception du cours des choses. Il en est sûr, « il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ». Il a sans doute aussi quelques messages à délivrer. Son histoire personnelle suffirait d’ailleurs, à elle seule, à nourrir bien des fantasmes.
Enjeux de notre temps
Au fil des pages, l’étudiante chemine toujours aux côtés du professeur San Marco. De Corte, à la Restonica, en passant par Ninu, les Pozzine, et jusqu’au rivage. L’enseignant est âgé. Il est connu pour être passionné par son sujet ; « les symbioses », autrement dit, « cette incroyable association entre deux espèces différentes très répandue chez les animaux comme chez les végétaux ».
À certains moments, le savant dira son regret d’avoir entraîné l’étudiante « dans une drôle d’aventure ». Mais les peurs, le découragement et les épreuves n’ont qu’un temps. En l’occurrence ce sont les animaux, et en particulier deux cachalots, qui rendent accessible de nouveaux horizons.
Un récit qui flirte avec le fantastique tout en intégrant des éléments scientifiques précis et des enjeux de notre époque. À lire sans modération.
Les enfants de Pandora, L’étoile à la mer, Jean-Louis Pieraggi, aux Éditions Albiana

AVIA U PRUGETTU DI PARTE IN SVIZZERA DA TRAVAGLIÀ PER UN GRANDE GRUPPU ORILLOGIAIU, MA A PANDEMIA DI COVID-19 HÀ CAMBIATU UN POCU STA VIA. TANDU, À 25 ANNI, JEAN-DOMINIQUE LE MEUR HÀ DECISU DI FRANCÀ U PASSU : METTE IN BALLU A SO PROPRIA ATTIVITÀ IND’U SO PAESE D’A SULINZARA, « A SO PICCULA IMPRESA », CUM’ELLU A DICE ELLU. HÀ VULSUTU FÀ E COSE BÈ, RIPIGLIENDU ANCU STUDII DI GESTIONE D’IMPRESA À L’IAE, IN CORTI, ALLORA CH’ELLU VENIA D’ACQUISTÀ U SO DIPLOMA IN ORILLUGERIA. SENZA PRUVÀ ÙN SI PÒ RIESCE, QUESSA L’HÀ CAPITA STU GIUVANOTTU AGGALABATU È PASSIUNATU ASSAI DA U SO MISTIERU. DI A SO CAMERA ZITELLINA NE HÀ FATTU U SO ATTELLU INDUV’ELLE SÒ NATE E SO PRIME CREAZIONI. SEMPRE À L’ORA, HÀ RISPOSTU À E NOSTRE DUMANDE, À U FILU D’UN BELLU SCONTRU…
Prupositi racolti da Petru Altiani
Jean-Dominique Le Meur, qu’est-ce qui vous a incité à vous former à l’horlogerie ?
J’avais 11 ou 12 ans quand je suis tombé amoureux de l’horlogerie. Je ne comprenais pas pourquoi certaines montres étaient des objets de valeur sans être en métaux précieux, et j’ai appris que ces dernières n’avaient pas besoin de piles pour fonctionner. Ça m’a interpellé et j’ai fait mes petites recherches, j’ai alors découvert ce qu’était un mouvement (mécanisme, ndlr) de montre, c’est là que j’ai mis le doigt dans l’engrenage.
Mon parcours de formation est assez atypique : j’étais à l’internat pour un Bac STI Électronique au lycée Paul-Vincensini à Montesoru, et puis j’ai découvert un cursus de Bachelor en Ingénierie Micromécanique Horlogère à la Haute-École Arc de Neuchâtel. J’ai passé le concours d’entrée et j’étais retenu sous réserve d’obtention de mon baccalauréat.
À 17 ans, je suis donc parti en Suisse pour cette formation et me suis rendu compte que j’allais finir derrière un ordinateur avec assez peu de pratique à la clé. Je me suis alors réorienté vers un cursus de Bachelor en Conservation des biens du patrimoine, avec une spécialisation pour les objets techniques, scientifiques et horloger, et enfin un Master en Conservation-Restauration des Biens du Patrimoine Horloger toujours à la Haute-École Arc de Neuchâtel, en Suisse ; cette formation comporte une plus grande partie pratique qui a mieux satisfait mon besoin de « mettre les mains dedans ».
En rentrant de Suisse, j’ai fait une formation professionnalisante en Horlogerie au centre P2R Formations à Besançon, pour vraiment compléter mon profil et repartir travailler en Suisse.
À 25 ans, comment avez-vous eu le déclic pour créer votre propre activité ?
Finalement, c’est le Covid-19 qui a tout bousculé, puisque je n’ai pas pu repartir en Suisse à cause de cela. Comme tout le monde, je pensais que ça serait l’histoire de trois mois et me suis dit que j’avais alors le temps pour travailler sur un projet qui me tenait à cœur.
Au début, j’ai simplement dessiné les cadrans, la montre, etc.
J’ai trouvé les dessins tellement beaux que je me suis dit qu’il fallait que je tente d’en obtenir un produit fini.
J’ai alors commencé à réaliser les dessins techniques, à rechercher les industriels pour me fournir les pièces détachées et produire le cadran selon mes plans et codes Pantone. Finalement, mon projet m’a pris plus de temps que prévu et au bout de six mois environ, j’assemblais la première montre Chronograph Regatta.
Vers novembre, j’ai eu la chance d’être assez médiatisé sur mon projet et tous les chronographes de Régate ont trouvé preneur. J’ai fait le choix de ne pas me rémunérer et d’investir l’intégralité de ce que j’avais pu gagner dans de l’équipement afin de pouvoir lancer ma propre marque de montres : les montres LE MEUR.
En quoi était-ce important pour vous de vous installer dans votre village de Sari Solenzara ?
Au-delà de l’attachement viscéral que je peux avoir pour mon village, il faut savoir que le choix ne m’était pas laissé dans la mesure où, mon activité ne me permettant pas dans l’immédiat d’avoir mon propre local, j’ai simplement fermé et aménagé la terrasse de ma chambre d’enfant en un atelier de création horlogère.
Mais je trouverais magnifique de pouvoir vivre de ma passion ici, et de ne plus avoir besoin de choisir entre ma passion qui m’avait amené à partir en Suisse et ma famille et amis ici en Corse.

Quels types de montres fabriquez-vous ?
La première collection était composée de chronographes de Régate en édition limitée. Aujourd’hui, j’ai déposé la marque Le Meur et j’espère lancer chaque année un nouveau modèle pour enrichir ma gamme.
Chacune des montres Le Meur a été dessinée par mes soins, des premiers prototypes imprimés en 3D jusqu’au dessin technique final de pré-production. J’assure également la réalisation des cadrans ici à Solenzara et les mouvements (mécanismes horlogers, ndlr) sont, pour leur part, suisses.
Chaque montre est assemblée, réglée et testée par mes soins, et chacune est numérotée et garantie 2 ans.
Quel est votre produit phare et ses spécificités ?
Le produit phare des montres Le Meur cette année, c’est le modèle A Prima. Cette première née des montres Le Meur est un modèle élégant et polyvalent, proposé en 4 coloris et animé par un mouvement suisse. Le cadran réalisé par mes soins est abrité dans un boîtier en acier inoxydable étanche à 100 mètres et protégé par un verre saphir très résistant aux rayures.
L’idée est de proposer une montre originale et durable, le tout à partir de 1 495€. D’ailleurs, j’offre également la possibilité de personnaliser les montres, aussi bien au niveau de la couleur et des inscriptions du cadran, qu’au niveau du dos de la montre grâce à une gravure laser de haute précision. Ainsi, pour moins de 2 000€ on peut obtenir une montre unique et porteuse de sens, que ce soit pour satisfaire ses goûts ou pour marquer une grande occasion.
Il y a également une version ultra premium de ce modèle A Prima…
Combien mettez-vous de temps pour fabriquer un exemplaire de ce produit phare ?
D’abord, il y a des mois de travail acharné en pré-production, c’est-à-dire toute la partie conception, dessin technique, design, recherche de méthodes de réalisation, perfectionnement des techniques afin d’obtenir le résultat recherché. À dire vrai, je suis dessus jour et nuit depuis décembre.
Ensuite, la partie réalisation du cadran, de la gravure, assemblage, réglage, tests, prend une quinzaine de jours entre la première étape et l’obtention d’un produit fini. J’ai estimé ma capacité de production annuelle à environ 60 montres, jusqu’à 80 si je fais de gros sacrifices au niveau de ma vie privée. Mais lancer une activité n’est jamais une chose facile.
Avez-vous à faire à des amateurs, une clientèle locale ou plutôt extérieure à l’île ?
J’ai eu la chance d’être accueilli par le public avec énormément de bienveillance. J’ai reçu beaucoup d’encouragements et de félicitations. Une chose unique était également le fait que j’ai pu rencontrer presque tous mes clients en personne et que cela a été l’occasion pour moi d’échanger avec eux et ainsi d’en apprendre beaucoup sur leurs attentes. Parmi les acheteurs des chronographes de Régate, il y a eu des collectionneurs très avertis, qui possèdent des collections prestigieuses, des personnes qui veulent encourager le « Fattu In Corsica », des parents qui veulent offrir la première « vraie montre » pour les 18 ans ou le Noël de leurs enfants, des gens pour qui cette montre est devenue leur « belle montre », celle que l’on met pour aller au restaurant…
La majorité des montres se trouve sur l’île de Beauté, mais pour une petite vingtaine, elles sont parties aux États-Unis, en Espagne, en Suisse, en France… Ça me fait drôle quand j’y pense. En tout cas, j’ai vraiment été très touché par les nombreux encouragements que j’ai pu recevoir.
Avec quels outils exercez-vous ?
Les outils de l’horloger bien entendu : brucelles, tournevis de précision, soufflette, le fameux Rodico pour ceux qui connaissent, et puis toute la panoplie habituelle qu’il serait trop long de citer ici ; potences à chasser, à river, à sertir, à poser les aiguilles, etc. Et pour la phase de test, il y a le chrono-comparateur, c’est-à-dire l’électrocardiogramme de la montre, et les machines de test d’étanchéité.
L’horlogerie est une discipline formidable dans laquelle quasiment chaque opération nécessite un outil dédié.
Cependant, le fait que je sois la personne qui dessine, réalise et assemble les montres m’amène à utiliser des outils de précision qui ne se retrouvent normalement pas dans un établi d’horloger, par exemple une imprimante 3D résine pour l’impression des prototypes, une graveuse laser de précision pour réaliser les gravures et les plaques de tampographie, une machine de tampographie pour peindre avec précision les cadrans, un aérographe professionnel également pour les cadrans, ou encore une micro-sableuse de précision que j’utilise pour des recherches de textures…
Quelles sont les marques que vous admirez le plus ?
Je suis bien entendu admiratif des grandes maisons horlogères réputées comme Patek Philippe, Blancpain, Rolex, Oméga… Mais je dois avouer que les maisons horlogères qui m’émerveillent le plus sont un peu plus confidentielles, A. Lange & Söhne, H. Moser & Cie, mais aussi des horlogers incroyables comme Pascal Coyon, Romain Gauthier, Vianney Halter, et également Kari Voutilainen. Leurs pièces sont simplement magnifiques ! On est vraiment dans ce que je considère comme la perfection en termes d’exécution.
Quel est votre regard sur votre secteur d’activité dans l’île et à l’extérieur ?
Aujourd’hui, nous avons une grande communauté de passionnés d’horlogerie en Corse ; la montre est un peu le seul bijou de l’homme de nos jours, et je pense qu’un horloger créateur comme moi peut trouver sa place ici.
Après tout, j’entends souvent une certaine lassitude de la part des amateurs d’horlogerie concernant des montres haut de gamme qui finalement deviennent trop communes car ils en croisent 10 par jour. Les montres Le Meur seraient l’occasion pour eux d’avoir un produit plus exclusif, voire même une pièce unique et personnalisée.
Quels sont vos projets ?
Mes projets finalement sont assez simples : je souhaite que cette première montre LE MEUR, le modèle A Prima, soit disponible au cours de l’été. Si ce modèle est un succès, je souhaiterais quitter ma chambre d’enfant, m’installer dans un local dédié et commencer à vivre de cette activité. Et bien sûr j’aimerais enrichir ma gamme chaque année avec un nouveau modèle pour ainsi proposer toujours plus de choix.
À terme, j’aimerais pouvoir créer de l’emploi avec un horloger à mes côtés ainsi qu’un chargé de communication/marketing. Cela me permettrait de mieux me concentrer sur la partie création horlogère, conception et réalisation des montres et pourquoi pas accueillir des jeunes insulaires passionnés pour des stages, voire même essayer d’être accrédité pour pouvoir accueillir des apprentissages.
Ainsi, les passionnés d’horlogerie pourraient découvrir cet univers sans pour autant avoir à partir à 800 km de chez eux, avec tout le pendant émotionnel, logistique et financier que cela implique.
Per sapè ne di più : www.montreslemeur.com