Renaud Dély met la culture à la une
Pari tenu. Succès en épilogue. Comment pouvait-il en être autrement quand un confrère de renom répondit à l’invitation de Musanostra à Bastia. Il apporta avec brio par l’échange avec le public, rehaussé par son éclectisme professionnel, une forte contribution à la vulgarisation de la lecture. Apportant ainsi sa pierre à l’édifice pour bâtir un temple ouvert à la culture populaire.
Par Jean Poletti
Musanostrafait sa rentrée. L’association culturelle dont la marque de fabrique est « la littérature pour tous » inaugura une série de rendez-vous d’automne. Et c’est Renaud Dély qui frappa les trois coups de cette nouvelle saison. Le journaliste et écrivain vint récemment à la rencontre du public réunit à bibliothèque centrale de Bastia.
Démocratiser la lecture et embrasser toutes les catégories sociales. Voilà le leitmotiv porté sur les fonts baptismaux par Musanostra, depuis plus de quinze ans. Il n’en fallait pas plus pour convaincre notre éminent confrère, infatigable militant de cette cause, de venir échanger et partager, dans une démarche d’enrichissement mutuel. D’autant qu’avec l’éclectisme pour fil rouge, le conférencier apportait la séduction dans ses bagages. L’éditorialiste de France Info est en effet passé par Libération, Le Parisien, fut rédacteur en chef de L’Obs et directeur de la rédaction de Marianne. Il co-anime aussi l’émission « 28 minutes » sur Arte. Dire qu’il possède plusieurs cordes à son arc relève de la litote. On le connaît en tant qu’observateur avisé des coulisses du pouvoir qu’il commente et analyse régulièrement. Mais on le découvre aussi en passionné de foot avec un attachement particulier pour certains de ses champions. De la politique dont il connaît presque tous les ressorts et stratégies internes, au sport, son autre domaine de prédilection, en passant par l’univers humoristique des bandes dessinées dont il a pris plaisir à rédiger certains textes, il put agrémenter un dialogue riche et varié. En incidence, c’était en quelque sorte l’ensemble de son œuvre qui était ainsi le socle d’une animation en tout point prisée par la salle.
Le talent en partage
La discussion qui s’instaura alliait interrogations à l’emporte-pièce et interventions sériées. Salutaires curiosités intellectuelles et quêtes d’éclaircissements. Le tout enserré dans une atmosphère conviviale et avenante. Il est vrai que dans une sorte d’inversion des rôles, l’invité se prêtera sans atermoiement et de bonne grâce au jeu des questions/réponses. Avec en arbitre débonnaire Kévin Petroni, doctorant en littérature et membre de Musanostra que préside, nul ne l’ignore Marie-France Bereni-Canazzi.
Il est vrai que Renaud Dély avait la « carte de visite » idoine pour tenir en haleine son auditoire. Son parcours étoffé et embrassant de nombreux modes d’information ne rehaussait-il pas si besoin l’intérêt des nombreux participants ?
À l’évidence ce grand professionnel des médias laisse percer nombre de centres d’intérêts. Citons à cet égard pour mémoire quelques-uns de ses livres. Anatomie d’une trahison, La Gauche contre le progrès, L’Assiégé, ou encore La République des traîtres de 1958 à nos jours, Sans oublier « Les perdants magnifiques, de 1958 à nos jours », ces deux derniers étant des ouvrages collectifs sous la direction de Jean Garrigues. Dans cette longue liste de publications figurent également en bonne place Les Macron du Touquet-Élysée-plage, Histoire secrète du Front national.Et aussiSarkozy et l’argent roi, avec Didier Hassoux. Publiés égalementQue restera-t-il des années Chirac ?et La vraie Marine Le Pen, Une bobo chez les fachos. Le sport n’est pas absent avecLe grand saut et Brèves de football.
Abonné aux bons choix
Touche-à-tout de l’édition ? Sans l’esquisse de l’ombre d’un doute. Il a en effet émis plusieurs bandes dessinées dont Sarkozy et les riches, La République des couacs, etLa dynastie Le Pen, son univers impitoyable.
Cette énumération est éloquente et se veut synonyme de lauriers dans les colloques. Elle atteste aussi du bon choix de Musanostra envers cet hôte de marque.
Il convient de noter que cette manifestation a pu voir le jour grâce aux partenariats noués avec la Ville de Bastia, la Fnac et la collectivité de Corse. L’entrée était libre et un espace librairie organisé sur place, avec en point d’orgue une séance de dédicaces qui connut l’affluence.
Dans la foulée l’association invita Jean-Noël Pancrazi. Le grand prix du roman de l’Académie française, membre du jury du prestigieux, prix Renaudot sera en résidence d’auteurs. Il anima également une rencontre littéraire au MET Café.
Sitôt après avoir refermé avec succès le chapitre E statinate di Lumio, Musanostra écrit en cet automne de nouvelles pages témoignant ainsi un authentique dynamisme. Elle poursuit cette idée proche des universités populaires qui vulgarisent et happent dans leurs girons ceux qui pensent, souvent à tort, que la culture est élitiste.
Dans les pas de Malraux
Démonstration est amplement faite avec ces initiatives que tel n’est pas le cas. Suggérer qu’elle est non seulement importante, mais à la portée de tous. Voilà le message. Une dualité complémentaire qui ne demande qu’à éclore. Davantage qu’un pari, il s’agit d’un enjeu qui fonde la doctrine de Musanostra. Elle se met dans les pas d’André Malraux, figure iconique, qui disait « La culture c’est ce qui fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers. »
À la tête du Medef Corse depuis janvier 2022, Jean-Louis Albertini croit en l’intelligence collective et en la mobilisation des forces. C’est d’ailleurs ce qui ressort de la grande enquête lancée auprès des acteurs du monde économique et de l’entreprise : 20 priorités autour de 5 grands enjeux pour la Corse, pour son avenir.
Par caroline Ettori
Qu’est-ce qui a motivé la réalisation de l’étude Corse 2030 ?
Plusieurs raisons nous ont poussés à lancer cette étude. D’abord, il y a la nécessité d’anticiper les mutations économiques et sociétales. La Corse fait face à des transformations rapides, des mutations de niveau mondiales qui viennent impacter notre île. Nous devons nous adapter pour rester compétitifs, surtout dans les secteurs sensibles qui sont les fleurons de notre économie, tout en préservant notre identité, notre culture et notre patrimoine. Cette enquête est donc un véritable constat collectif de la majorité des acteurs économiques de notre territoire, nous ne devons pas nous reposer sur nos acquis, si nous voulons que l’économie de la Corse et des Corses soit pérenne, viable et stable.
Comment a-t-elle été réalisée ?
C’est une démarche collective que nous avons portée et pilotée ! Pendant 5 mois, près de 60 chefs d’entreprises et acteurs du monde économique se sont mobilisés pour esquisser une vision commune. L’ensemble de la vingtaine de priorités et préconisations, qui sont présentes dans cette enquête, a remporté l’adhésion de tous les participants. Notre objectif n’est pas de montrer un unique chemin, mais de montrer que nous pouvons construire ensemble l’économie de la Corse de demain.
Les acteurs économiques disposent-ils de suffisamment de données quantitatives et qualitatives pour évoluer, se projeter dans leurs activités ?
Cette question est particulière, car oui, il existe des chiffres, des données et de très nombreuses enquêtes, mais elles sont souvent très spécifiques ou très orientées. De plus, le chef d’entreprise n’a pas toujours le temps d’aller chercher ces informations qui sont fréquemment échangées entre institutionnels ou académiciens. On peut aussi parler du rôle de traduction que l’on doit faire dans ces enquêtes, voilà pourquoi nous voulions un rendu court et percutant !
Quels en sont les principaux enseignements ?
Le premier, c’est que nous pouvons construire ensemble des préconisations pour notre île. Des acteurs économiques qui parfois ne sont reliés par rien peuvent s’asseoir et travailler conjointement pour dessiner une vision commune avec une seule idée en tête, celle d’une croissance durable et soutenable. Nous nous rendrons compte que dans ce genre de situation ce qui prime est l’intérêt général de notre île. Le deuxième, je dirais que c’est la multitude des enjeux et des leviers d’actions, car oui, les problématiques sont nombreuses, mais les solutions aussi !
Vous définissez 20 priorités répondant à 5 grands enjeux pour la Corse. Comment faire pour dépasser le stade du simple constat ?
Là encore, ce sera une démarche collective, nous avons déjà commencé à travailler avec certains acteurs publics locaux pour passer de la réflexion à l’action. Il faut que le couple public/privé se forme pour que nous puissions mutualiser nos moyens, nos réflexions et notre capacité d’action ! Nous invitons tous les acteurs publics ou privés intéressés par cette démarche à se rapprocher de nous, il n’est pas trop tard, la croisée des chemins est maintenant.
Quels sont selon vous les leviers, les relais qui permettront d’atteindre ces objectifs ?
La volonté et la mutualisation des moyens seront les clefs ! Je pense que parfois les crises et les périodes de transition comme celle que nous vivons aujourd’hui sont de vrais moments d’opportunité !
Après le discours de politique générale du Premier ministre Michel Barnier et la présentation du budget, comment appréhendez-vous l’avenir des entreprises insulaires ?
Le discours de politique générale a permis de clarifier les grandes orientations que le gouvernement souhaite adopter dans le contexte actuel, et il est certain que les décisions budgétaires qui suivront seront cruciales pour l’avenir des entreprises corses. En tant que président du Medef Corsica, j’appréhende cet avenir compte tenu des premières orientations annoncées avec beaucoup de prudence et de vigilance, mais aussi un certain optimisme.
Les entreprises insulaires font face à des défis spécifiques, notamment liés à l’insularité, aux coûts de transport, et à l’accès aux marchés continentaux. Nous espérons que le prochain budget prendra en compte ces réalités particulières et apportera des mesures de soutien adaptées, comme des aides renforcées à l’investissement, des allègements fiscaux pour stimuler la croissance locale, et des dispositifs d’incitation à l’embauche, en particulier pour les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi. Je pense aussi que certaines déclarations des plus hauts représentants de l’État sur l’île ont démontré que nos spécificités ne seront pas oubliées.
Dans ce contexte particulièrement tendu et troublé, quel rôle doit jouer le Medef Corse ?
Nous avons plusieurs rôles à jouer, être aux services des chefs d’entreprises pour répondre à leurs difficultés. Mais aussi être force de proposition et jouer notre rôle d’influence à travers nos projets comme cette enquête. Notre statut de première organisation patronale de France nous permet aussi d’être présent dans toutes les instances du quotidien des chefs d’entreprises : Urssaf, DRFIP, CPAM… Pour finir, nous avons aussi un véritable rôle de lanceur d’alerte, car nous sommes au plus près des besoins et des difficultés des chefs d’entreprises corses !
Comment voyez-vous évoluer le Medef Corse ? Quels sont les défis qu’il aura à relever ?
Je crois que nous sommes sur une excellente dynamique, nous sommes aujourd’hui dans la capacité de jouer tous les rôles que je vous ai cités précédemment. Nous avons une équipe stable, extrêmement compétente et toujours en mouvement ! Le Medef Corsica investit dans un poste avec une personne à temps plein sur les questions de transition écologique. Nous finissons cette année 2024 avec 3 grands objectifs pour 2025 accompagnés des entreprises en matière de transition écologique, la mise en action des priorités que nous avons identifiées dans ce livrable. Nous avons aussi un gros sujet sur les transports corses et pour finir, la crise du logement est aussi une problématique majeure pour les salariés de nos entreprises. Le logement intermédiaire des salariés au plus proche des bassins d’emploi est un vrai sujet.
Le nouveau numéro de Revue de Corse est désormais disponible en replay.
Humeur
Par Nathalie Coulon
C’est un peu le ton du mois, la météo, bof ! L’actu bof et bof ! La politique, waouh et le reste du monde, cata !
Dans ma petite vie personnelle, j’ai perdu mon chien, que dis-je mon cursinu. Quel chagrin et il fallait que je vous le dise. Il faisait partie de cette lignée de cursini célèbres, de ceux que l’on voit dans les villages, dans les films, en compagnie de personnes célèbres, ce fameux chien corse fidèle et fier. Guy Bedos avait confié ces lignes à la rédaction de Corse-Matin après que Malo son jeune cursinu fut tué à coup de .22 Long Rifle : « À l’heure où j’écris, je ne sais qu’une chose : il a été tué d’une balle de .22 Long Rifle en plein museau, à bout portant. Sans doute s’était-il égaré, dans un jardin près de chez nous, se croyant protégé, optimiste comme il était, par la médaille avec notre numéro de téléphone accrochée à son collier. En quelques secondes, on l’a condamné à mort. Tel que nous le connaissions, il a dû être surpris. Pourquoi ? De quel crime a-t-il été puni ? Qui a fait ça ? Dans notre chagrin mêlé de colère, nous avons le droit de nous poser des questions. » Quel acte courageux !
J’ai fait des petites recherches pour savoir s’il existait des jours de congés pour le deuil animal. En France non, par contre depuis 2015 la loi a changé. Les animaux ne sont désormais plus considérés comme des objets mais comme des êtres doués de sensibilité.
La légende impériale racontait que Miss Thomasina Campbell, célèbre ressortissante britannique et rentière écossaise, avait fait construire l’église anglicane cours Grandval pour célébrer l’enterrement de son chien. Ces Anglais, la classe.
La classe, c’était aussi la parution de l’avis de décès d’Alain Delon :
Ses enfants, sa famille, ses amis, son chien Loubo.
Voilà, l’humeur de chien du moment…
Pour le mood automnal : les chrysanthèmes fleurissent, les travaux de la place du Diamant à Ajaccio sont un grand et gigantesque chantier, on fête cette année les 300 ans de la naissance de Pasquale Paoli, l’eau de mer malgré la pluie est encore à 20° et les châtaignes tombent, tombent pour notre plus grande joie.
Eccu ! La petite chronique du mois de novembre, ma rubrique des chiens écrasés plus solennel qui échappera à la règle des parutions qui désignaient le plus bas degré de la hiérarchie des informations. En effet, face aux grands sujets de l’actualité, il peut sembler dérisoire d’accorder de l’intérêt à la mésaventure survenue à un chien écrasé par un véhicule.
Petit requiem à la Prévert, un peu de poésie dans ce monde de brutes. Humeur de chien
Corsica Sole, producteur indépendant d’énergie solaire et expert en stockage d’énergie, s’est imposé depuis 15 ans comme un acteur clé de la transition énergétique en France. Sous la direction des deux fondateurs du groupe, Paul Antoniotti, président, et Michael Coudyser, directeur général, l’entreprise met l’accent sur l’innovation constante afin de proposer des solutions énergétiques propres, créatrices d’emplois, et ancrées dans les territoires.
Ils défendent tous deux une vision où les énergies renouvelables, combinées à l’innovation technologique, sont essentielles pour lutter contre le changement climatique. Ils prônent une approche collaborative de la transition écologique, en associant les acteurs locaux et en encourageant le dialogue avec les populations pour une intégration harmonieuse des projets énergétiques au sein des territoires.
Rencontre avec Paul Antoniotti
Par Anne-Catherine Mendez
Comment est née Corsica Sole ?
La création de Corsica Sole est née de notre conviction commune que les énergies renouvelables, et notamment l’énergie solaire, pourraient apporter une solution durable à la crise énergétique et environnementale. En 2009, nous avons vu un fort potentiel en Corse, une région où les ressources solaires sont abondantes, mais encore sous-exploitées.
Au départ, nous avons commencé par des projets à petite échelle, en collaboration avec des acteurs locaux pour développer des installations photovoltaïques adaptées aux besoins des communautés insulaires. Nous nous sommes adressés aux agriculteurs pour leur proposer de leur construire un hangar gratuitement en l’équipant de panneaux solaires. Nous avions la volonté de créer une entreprise qui non seulement produit de l’énergie propre, mais qui le fait en harmonie avec les besoins des territoires.
L’une des grandes étapes de notre développement a été notre décision d’investir dans le stockage d’énergie, un élément clé pour rendre les énergies renouvelables plus fiables. Très rapidement, nous avons compris que pour surmonter les problèmes liés à l’intermittence et la déperdition des sources d’énergie solaire, il était crucial d’innover dans ce domaine. Cela a ouvert de nouvelles opportunités pour Corsica Sole et nous a permis de devenir un pionnier non seulement dans la production d’énergie solaire, mais aussi dans son stockage.
Aujourd’hui, Corsica Sole est devenue une référence en matière d’énergie solaire et de solutions de stockage en France, grâce à notre approche pragmatique, locale et innovante. Nous sommes fiers du chemin parcouru et de notre contribution à la transition énergétique.
Quelssont les principaux axes de développement de l’entreprise aujourd’hui ?
L’entreprise Corsica Sole depuis le début de l’année 2024 s’est lancée dans la création de la première unité de production d’hydrogène renouvelable en Corse, baptisée « Folell’Hy ». Prévue pour être opérationnelle au premier trimestre 2025, cette installation vise à valoriser l’énergie solaire excédentaire produite par la centrale photovoltaïque de Folelli, souvent perdue en raison des contraintes de stabilité du réseau.
Cette unité produit environ 2 tonnes d’hydrogène par an grâce à un électrolyseur d’une capacité de 30 Nm3/h, convertissant l’électricité solaire non utilisée en hydrogène. L’hydrogène sera ensuite stocké dans des réservoirs à haute pression (300 ou 500 bars) et mis à disposition pour divers usages. L’objectif est de maximiser l’utilisation des ressources renouvelables locales dans des zones insulaires, comme la Corse, où la production d’énergie renouvelable dépasse parfois la capacité d’absorption du réseau.
Nous allons inaugurer le 15 novembre prochain, Alba le bateau école du lycée maritime de Bastia en fournissant l’hydrogène nécessaire à son fonctionnement.
En tant que pionniers dans la transition énergétique, comment percevez-vous l’évolution des énergies renouvelables en France et en Europe dans les prochaines années ?
Nous observons une accélération de l’adoption des énergies renouvelables, surtout avec les engagements des gouvernements pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le solaire, notamment, a un potentiel énorme, grâce à la baisse continue des coûts et aux progrès technologiques. Toutefois, il faudra relever des défis d’intégration des énergies renouvelables dans les réseaux existants.
Selon vous, quels sont les obstacles majeurs qui freinent encore la transition vers des énergies 100% renouvelables ?
L’un des principaux obstacles est la réglementation qui peut être complexe et ralentir les projets. L’acceptation locale est aussi un défi, car certains projets peuvent être perçus comme invasifs. Aujourd’hui, nous sommes présents en France métropolitaine Paris, Bastia, Marseille, Bordeaux, Toulouse et Lyon mais aussi à La Réunion et aux Antilles. Ce sont des îles qui rencontrent les mêmes enjeux énergétiques que la Corse. Nous avons 140 salariés dont la plupart sont des emplois hautement qualifiés. Notre engagement auprès de l’Université de Corse, en particulier avec Paoli Tech a renforcé également le recrutement d’ingénieurs sur le territoire.
Quels types d’emplois et de formations votre entreprise contribue-t-elle à créer dans les régions où vous êtes implantés ?
Corsica Sole crée des emplois dans plusieurs domaines : installation et maintenance des panneaux solaires, gestion des sites de stockage d’énergie, ingénierie, recherche en optimisation énergétique, communication, informatique, finance juridique… Nous investissons également dans la formation, notamment pour les jeunes, afin de développer des compétences spécifiques à l’industrie des énergies renouvelables.
Comment envisagez-vous l’avenir de Corsica Sole dans les 10 prochaines années, tant en termes d’innovation technologique que d’expansion ?
Nous visons à devenir un leader européen du solaire et du stockage d’énergie. Sur le plan technologique, nous continuerons d’innover pour rendre l’énergie renouvelable plus efficace et accessible. Présents en Belgique et en Estonie, nous prévoyons aussi d’étendre notre présence à l’international, notamment dans les régions où le potentiel solaire est encore sous-exploité.
Quel rôle pensez-vous que l’entreprise peut jouer dans le paysage énergétique français et européen d’ici 2030 ?
Nous ambitionnons de contribuer significativement à la transition énergétique en aidant la Corse, la France continentale et l’Europe à atteindre leurs objectifs climatiques. Corsica Sole pourrait jouer un rôle central dans le déploiement de technologies de stockage à grande échelle, permettant une gestion plus flexible et durable des énergies renouvelables. N’oublions pas que la Corse et ses complexités diverses nous ont permis d’être innovants, créatifs et plus performants dans ce domaine.
Avez-vous une devise ?
Pour Michael, ce serait sans aucun doute : « Pour un monde 100% solaire », moi je n’ai pas de devise mais j’ai créé avec lui une entreprise qui se développe dans le sens de l’histoire, en adéquation avec nos valeurs.
Traduit de l’italien par Isabel Violante avec le concours de l’auteur
Éditions Albiana
Deuxième roman de Muriel Peretti – mais le premier publié – Les attitudes du fleuve explore avec profondeur les thèmes de l’amour, de la perte, de l’exil, des secrets et des trahisons, tout en rendant un vibrant hommage à la Résistance. Il nous entraîne à la suited’Andreina, une femme d’origine italienne, dont le parcours la mène de son village natal à Naples, puis à Marseille, avant d’atteindre la Corse. Son arrivée tourmentée sur l’île est marquée par son rôle longtemps insoupçonné aux côtés du résistant Robert Giudicelli, qui sera pris et assassiné à Lyon en 1944.
Au fil de sa narration, Andreina dévide les fils de vies multiples, où chaque personnage cherche une échappatoire à la réalité. Métaphore des vies humaines, souvent complexes et tortueuses, le fleuve de Chisà devient le symbole des parcours entrelacés de la petite et de la grande histoire, les voix de l’héroïne et des personnages qui l’entourent se mêlent dans un récit à la fois réaliste et onirique, révélant des facettes lumineuses et sombres de l’existence.
Ainsi, au soir de sa vie, Andreina, l’Italienne devenue corse, est confrontée à ses souvenirs, notamment lors de la veillée mortuaire de son mari, Guy. Elle réalise que les souvenirs, même les plus obscurs, peuvent apporter une forme de paix : « Elle était vouée au souvenir, elle le savait, même les choses les plus obscures font du bien pour qui sait les traiter comme il faut, tout ne doit pas être effacé. Juste soigneusement mis de côté. »
Au milieu des vivants et des morts qui défilent, Andreina revoit les véritables héros, parmi lesquels Robert Giudicelli, et ces hommes et ces femmes invisibles qui, à leur manière, apportent une « part entière de lumière » à l’humanité.
S’étendant au-delà de la Résistance avec un grand « R » en temps de guerre, le roman aborde aussi la résistance quotidienne « au jour le jour » à laquelle chacun peut se confronter. Andreina et les autres personnages naviguent ainsi dans un flux de vie, à contre-courant ou en accord avec le cours des événements, chacun étant contraint de choisir sa propre direction.
Les attitudes du fleuve nous offre ainsi une belle exploration des liens entre mémoire, identité et résilience, et une invitation à réfléchir sur les choix humains et la complexité des relations dans un monde en constante évolution.
L’auteure Muriel Peretti est née en Corse où elle a passé son enfance. Après avoir vécu par la suite à Marseille, Aix-en-Provence, Paris, elle s’est installée à Rome il y a vingt-cinq ans.
Les attitudes du fleuve est son premier roman publié. Initialement écrit en italien, la version originale Come pietre di fiume a été traduit en français par Isabel Violante.
Elle a publié un recueil de nouvelles, Passerelle (2019), une poésie et une nouvelle dans les volumes Congiunti (2020) toujours en italien.
Intervista
· Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?
Une histoire d’héroïsme et de résistance quotidienne, d’amours, de trahison et d’exil. Ce qui devait être une biographie – celle du grand résistant Robert Giudicelli – est devenue un roman par la grâce de l’imaginaire et le pouvoir d’un personnage, une certaine Andreina Candeli, qui a imposé son histoire et décrit toute la complexité des sentiments humains.
· Qu’est-ce qui a inspiré ce roman ?
Les sources de ce roman sont multiples : la vie de mon arrière-grand-oncle, Robert Giudicelli (1911-1944) et son engagement pour la liberté et la justice, pour ses élèves – il était instituteur ; le village de Chisà et sa beauté ; sûrement l’Italie où je vis depuis longtemps ; le fleuve assimilé ici aux méandres de l’esprit humain, lumineux et tortueux ; et tant d’histoires de résistances.
· Pour écrire, il vous faut… ?
Du temps, du thé, de la paix, la nature quand je lève les yeux si possible, et ce grain de magie qui parfois vient ; et s’il ne vient pas encore du thé, du temps, de la passion, de la nature pour le laisser revenir. Et marcher pour oublier ce que l’on écrit et se nourrir d’autres pensées puis y revenir.
· Votre meilleur souvenir de lecture
Spontanément, en sortir d’enfance : Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. À l’adolescence, Il mestiere di vivere de Cesare Pavese. Je ne sais si ce sont mes « meilleurs » souvenirs, il n’y a pas de légèreté en eux, mais ce sont ceux qui m’ont le plus marquée, tout comme Borges, Gomez-Marcos, Kadaré… et tant d’autres. Récemment, L’orecchio di Kiev d’Andrei Kurkov et le très beau livre sur Tonì Casalonga, d’arte e d’impegni, un voyage en textes et images par Vannina Bernard-Leoni. J’ai droit à plus de souvenirs, puisque je lis en italien aussi.
· Un héros /héroïne (de fiction ou dans la vie réelle) préféré ?
J’ai la chance d’en avoir de nombreux, dans ma famille et mon entourage. C’est comme pour la résistance quotidienne, il y a les héros silencieux et ceux qui ont dû se faire connaître pour porter des causes. En Italie, j’aime beaucoup Liliana Segre, sa « grinta » : rescapée d’Auchwitz, sénatrice de 94 ans, elle se bat inlassablement contre toute forme de racisme.
· Un livre que vous auriez aimé́ signer ?
En poésie, Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire qui rassemble un tas de styles, de thèmes différents. C‘est révolutionnaire, on ne s’en lasse jamais ! Et dans un roman, les dialogues d’Ernest Hemingway. Enfin, si la musique est un univers littéraire, ce que je crois, et inversement, la bande originale du film Le mépris par Georges Delerue.
· Une passion en dehors de l’écriture ?
Les envies de fuites réalisées, l’amour, la lecture, la mer, les amis, la fête, l’art, le théâtre, l’opéra… tout ce qui offre la possibilité de s’échapper et fait partie de nos petits actes de résistances quotidiens.
· Un lieu qui vous ressemble ?
Le grand phare de Propriano, où j’ai grandi. C’est à la fois l’appel du large – il est souhaitable et possible de partir, et un gage de sécurité – il sera toujours là pour nos retours. Ce mur haut qui protège la plage, sa chaleur quand on s’y appuie, le vertige quand on est en haut : c’est un monde à soi. Et c’est là que j’ai appris à nager à 4 ans, c’est un symbole important pour qui aime la mer au moins autant que le fleuve.
· Qu’aimez-vous faire lorsque vous n’écrivez pas ?
Voire passions ! Nager, danser, lire, rêvasser, voir mes amis, préparer des projets futurs – et donc partir en Albanie pour mon prochain roman j’espère, écouter, regarder. Ne rien faire, trop rarement.
Vous pourrez rencontrer Muriel Peretti
Le 6 novembre à la librairie La Marge à Ajaccio
Le 7 novembre à 18h00 à la médiathèque de Bastia
Le 9 novembre à 17h00 à Chisà
Et à Paris le 17 novembre à 11h00, au Salon des éditeurs corses et le 18 novembre à 19h00, à La Libreria, 89 rue du Faubourg-Poissonnière dans le 9e.
Volte-face et reniements. La Corse n’est certes plus une priorité, mais elle devient aussi un théâtre d’ombres du nouveau gouvernement qui cloue au pilori les promesses, efface accords et décisions prises par l’équipe qui le précéda. Et finalement attise les braises qui risquent d’embraser une société déjà percluse de problèmes.
Par Jean Poletti
Dernier avatar en date. La nouvelle mouture de la gestion des ports et aéroports. On sait qu’ils devraient à terme rejoindre le giron de la Collectivité territoriale. Une mutation qui fut validée par la Chambre de commerce et reçut l’aval des anciens ministres des Transports après une série de rencontres et échanges entre les diverses parties concernées. Tous se dirent favorables à la création d’un syndicat mixte ouvert. Préalable passager à la finalisation du projet. Il devait être officialisé lors d’une réunion. Mais ce qui s’apparentait à une simple formalité devint foire d’empoigne lorsque le secrétaire général pour les affaires de Corse souleva un hypothétique risque juridique faute d’appel d’offres. Soudaine réminiscence ? Brutal réveil de la mémoire ? Oubli fâcheux de ce qui avait été entériné par les instances gouvernementales au fil des trois années de consultations ? Sauf à être des béotiens invétérés, osons émettre l’idée que ce fonctionnaire préfectoral n’avança pas un tel argument, venu du diable Vauvert, de sa propre initiative. Lui fut-elle soufflée afin qu’il en fasse l’annonce. Par qui ? En haut lieu ? Le sang de Gilles Simeoni ne fit qu’un tour. Une déclaration de guerre de l’État. Telle fut sa réaction avant de quitter la table, figeant dans l’immobilité celui par qui la crise arriva.
Au-delà de la forme à tout le moins cavalière d’une telle remise en cause d’accords passés, se profilait en effet l’hypothèse offerte à de grands groupes privés, continentaux ou étrangers, de mettre la main sur un pan essentiel des liaisons maritimes et aériennes. Une option inenvisageable pour le leader du Conseil exécutif, en parfaite symbiose avec Jean Dominici, président de l’organisme consulaire. Tous deux dirent leur courroux sur la remise en cause d’un processus co-construit par la représentation insulaire et l’ancien pouvoir.
Une fluctuation qui interpelle
Dans les heures qui suivirent les personnels organisèrent le blocus de l’île. Il fut levé après les gages et les assurances de Catherine Vautrin la ministre du Partenariat des territoires et de la Décentralisation et François Durovray, ministre délégué des Transports. Faisant référence à l’article 46 de la loi Pacte, ils réfutaient toute remise en cause du dispositif concocté. Et d’ajouter pour faire bonne mesure « s’inscrire dans le respect des droits des salariés, et en intégrant la volonté exprimée par la Collectivité de Corse d’une maîtrise publique des infrastructures portuaires et aéroportuaires ». Le préfet de région emprunta à la virgule près la même dialectique. Autorisant même si nécessaire la prolongation exceptionnelle du schéma actuel afin de laisser tout le temps nécessaire à la mise en œuvre du nouveau modèle. Un rendez-vous fut même organisé dans la capitale avec Gilles Simeoni pour aplanir ce hiatus qui n’aurait jamais dû se produire.
En forçant un peu le trait on peut dire, sans lui jeter la pierre, que le secrétaire général fut sacrifié sur l’autel du cafouillage et du désordre, c’est un euphémisme, dont il fut l’auteur. Mais sans velléité de le dédouaner, nombreux penseront qu’il ne fut vraisemblablement que le porte-parole de fermes suggestions hiérarchiques.
S’agit-il en l’occurrence d’amateurisme, d’absence d’élémentaire psychologie ou d’une volonté subreptice de faire table rase sur des consensus paraphés dans un récent passé par l’ancienne équipe ministérielle ? Sauf à verser dans le procès d’intention, la réalité commande à retenir que de telles rétractations impromptues ne sont pas de nature à tisser des liens fiables avec le pouvoir.
La stratégie du repli
Comparaison n’est pas raison. Mais fluctuer sur des questions par essence et définitions sensibles provoque des débordements aux lisières de l’insurrection. À cet égard, il nous souvient que voilà trente ans le cargo mixte Pascal-Paoli fut détourné par des marins qui en avaient pris le commandement. Parmi eux Alain Mosconi, figure emblématique du STC, s’opposait avec bon nombre à la privatisation de la SNCM au bord de la faillite.
D’une discontinuité, l’autre, il convient d’évoquer le repli gouvernemental s’agissant de l’autonomie. Sans préjuger de l’épilogue, chacun croyait à bon droit que le volet préparatoire était techniquement bouclé. Il appartenait au président de la République d’ouvrir le cycle parlementaire en le transmettant à l’Assemblée nationale pour un examen liminaire. Douche écossaise. Nouvelle donne. Marche arrière avant le point mort ? Michel Barnier dit lors du discours de politique générale que Catherine Vautrin intronisée aussi « Madame Corse » allait reprendre le dialogue avec la représentation insulaire. Certains ici feignent de déceler une bonne nouvelle. Comme si la régression valait satisfecit. Ou l’art de faire prendre les vessies pour des lanternes. Ce n’est pas l’avis de Gérald Darmanin qui avec des atermoiements et autres ukases boucla la première phase du dossier. Son propos est limpide comme l’eau de nos montagnes. « Je regrette le manque de précisions pour l’avenir de la Corse. » Puis de flétrir en substance le flou sur les modalités devant accompagner cette nouvelle étape. Qui elle aussi sort comme un lapin du chapeau du prestidigitateur. Si ce n’est pas un retour à la case départ, cela y ressemble étrangement.
D’une île à l’autre
Comparaison n’est pas raison, mais en regard de la Nouvelle-Calédonie l’impression de deux poids et deux mesures affleure. En effet, l’annonce concernant notre île s’apparente à un service minimum, presque contraint et à rebours du projet dument accepté voilà plusieurs mois ici et place Beauvau. Pas de commune mesure avec l’archipel où le Premier ministre annonça sa prochaine visite. Tandis qu’il demanda à Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, respectivement président du Sénat et de l’Assemblée nationale de se rendre sur « le caillou » pour une mission de dialogue. Ajoutons pour faire bonne mesure que l’initiative de Macron de la réforme du corps électoral, qui mit le feu aux poudres, semble mise sous l’éteignoir.
Voilà remise au goût du jour l’impression diffuse ou affirmée que dans la capitale, seules comptent les réactions de colère ou de révolte. Nul n’a oublié qu’à la surprise générale le mot autonomie fut prononcé à Ajaccio par Darmanin. C’était au lendemain des débordements d’une jeunesse réagissant à l’assassinat en prison d’Yvan Colonna par un djihadiste. N’est-ce pas cette exaction qui fit revoir dans la précipitation la doctrine étatique sans qu’elle ne le souhaitât vraiment ? Ne doit-on pas se rappeler que la vision fluctuante de l’adepte du « en même temps » n’avait pas notre région comme préoccupation intangible ? Nulle parenté avec la vision de François Mitterrand qui fit élaborer par Gaston Defferre et Pierre Joxe les statuts encore en vigueur. Un président plaidait pour son fameux « Corses, soyez vous-mêmes. » Le second épousait plutôt la doctrine de Giscard « Il y a des problèmes en Corse, il n’y a pas de problème corse. »
Trop de faux-fuyants
Ces approches différentes n’exonèrent cependant pas ceux qui sont ou furent aux responsabilités depuis sept années de faire preuve de clarté. Un quinquennat s’est écoulé, l’autre déjà bien entamé. Et durant cette longue période, nous eûmes droit aux soubresauts, remises en causes et atermoiements, réponses tronquées ou éloquentes. Il serait préférable en toute hypothèse que le pouvoir dise une bonne fois pour toute sa position franche et loyale sur l’avenir de notre île. Laissant ensuite le parlement livrer son verdict. Mais rien n’est pire que ces valses-hésitations sans cesse renouvelées au gré des gouvernements successifs de la Macronie. Un affichage résolument décentralisateur s’effilochant au fil du temps, comme si en coulisses se déroulaient de sourdes et sempiternelles luttes entre girondins et jacobins. Ceci expliquant sans doute que des décisions prises soient ensuite retoquées. Il n’empêche le propos d’Alexis Kohler revient en mémoire. S’adressant voilà quelque mois à des parlementaires de Renaissance, le puissant secrétaire général de l’Élysée et alter égo du Président asséna « Ne vous inquiétez pas, ils n’auront rien. » Propos gratuits ? Reflets de discussions confidentielles au sommet de l’État ? Nul ne sait. Mais à l’inverse une chose est certaine la remise en question parait être une doctrine non écrite du pouvoir. Elle implique malheureusement de se gendarmer pour tenter d’obtenir gain de cause. Souvent aux forceps. Les exemples récents en portent une nouvelle fois témoignage.
Disons-le sans fards ni circonvolutions sémantiques. Il serait préférable en toute hypothèse qu’une bonne fois pour toutes soit dit sur les bords de la Seine ce qui est vraiment proposé à la Corse. Définir les rôles. Elle sortirait ainsi de ce clair-obscur qui dure et perdure, suscitant lassitude mêlée de rancœur au sein de la population. Le temps est venu pour une communauté de savoir si le choix s’oriente exclusivement vers le développement économique à droit constant, ou l’adhésion à une évolution institutionnelle. Le statu quo ou la réforme.
Écouter Rocard
Encore une fois, il convient de souligner qu’en l’occurrence le palais élyséen n’a pas toutes les cartes en main. Aujourd’hui encore moins qu’hier. Pourtant rien ne lui interdit de dire sa position. D’utiliser le « parler vrai » cher à Michel Rocard. Et s’y tenir. Il appartiendra ensuite, en saine démocratie, aux députés et sénateurs de trancher. Mais les rôles seront strictement définis et les responsabilités sériées.
L’île ne peut rester plus longtemps engoncée dans cette nébuleuse. Et surtout n’avoir pas la certitude que toute revendication, aussi fondée soit-elle et a fortiori chaque consentement, soit foulée aux pieds. Et qu’il soit nécessaire d’user de mobilisation populaire ou de bruit et fureur pour être entendu. Cela est aux antipodes de la saine gestion d’un gouvernement à la hauteur de ses missions. Cette attitude contribue à fragiliser le fil déjà ténu du dialogue et des échanges qui devraient pourtant s’insérer dans la normalité.
Nul n’en doute, persister dans ces méandres opaques peut donner de l’eau au moulin à ceux qui espèrent relancer ce qu’ils appellent la violence dite politique. Celle dont la population ne voulait plus, mais qui pourrait désormais rencontrer une relative adhésion tacite.
Chaque mois de novembre, ici et là, le poil se fait plus présent. Des hommes arborent fièrement une moustache, souvent nouvelle, parfois audacieuse, toujours travaillée. Un phénomène pas si étrange qui ne relève pas seulement d’une tendance, d’une vague nostalgie mais d’un symbole. Celui d’un mouvement international destiné à sensibiliser le public à la santé masculine : Movember.
Par caroline Ettori
Alors qu’Octobre Rose et sa campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein s’achèvent, les moustaches commencent à fleurir sur les visages masculins.
Événement annuel qui se déroule tout au long du mois de novembre, Movember, mot valise associant Moustache et Novembre répond à un principe simple mais efficace, les hommes sont invités à se laisser pousser la moustache afin de susciter des conversations et lever des fonds pour des causes de santé masculines, principalement le cancer de la prostate, le cancer des testicules, la santé mentale et la prévention du suicide.
L’objectif est d’amener les hommes à parler de ces problèmes souvent tabous, en s’appuyant sur l’humour et la visibilité que peut offrir une moustache. Car derrière ce symbole se cachent des réalités préoccupantes. Par exemple, selon Santé Publique France, les cancers colorectaux et de la prostate sont les cancers responsables du plus grand nombre de décès chez l’homme, plus de 1 000 victimes en 2021 derrière le cancer du poumon avec 23 000 décès. Selon la Fondation Movember, ces cancers sont à l’origine de 75% des décès par suicide dans de nombreux pays. Movember s’engage donc à réduire de 25% le nombre de décès prématurés d’hommes d’ici 2030.
Aux origines du mouvement
L’aventure Movember débute en 2003, en Australie, grâce à deux amis, Travis Garone et Luke Slattery. L’idée leur est venue lors d’une discussion autour d’une bière, comme une blague visant à ramener la moustache à la mode. Inspirés par un ami dont la mère collectait des fonds pour la lutte contre le cancer du sein, ils se sont rapidement demandé pourquoi il n’existait pas d’équivalent pour la santé masculine. C’est ainsi que le premier Movember est né. Ce premier groupe, composé de 30 hommes moustachus, n’avait aucun objectif philanthropique. Mais dès l’année suivante, le concept a pris une dimension caritative : l’idée de collecter des fonds pour la lutte contre le cancer de la prostate a été lancée.
C’est alors que la Movember Foundation est créée en 2004. Très vite, le mouvement a gagné en popularité, avec des participants toujours plus nombreux et des soutiens venant de divers horizons. La moustache est devenue un symbole mondial, servant non seulement à lever des fonds, mais aussi à générer des discussions, souvent difficiles à aborder, sur la santé des hommes.
En 17 ans, Movember est devenu un acteur incontournable en matière de santé masculine. Aujourd’hui, l’organisation a financé plus de 1 250 projets dans le monde entier, permettant de faire avancer la recherche et les programmes de prévention.
Movember : un engouement croissant
Si Movember a vu le jour en Australie, son succès a très vite franchi les frontières. En France, c’est autour de 2012 que le phénomène a commencé à prendre de l’ampleur, grâce à l’implication de quelques pionniers et la couverture médiatique grandissante.
Le concept plaît particulièrement dans l’Hexagone. Movember a d’abord séduit les milieux étudiants et certains secteurs professionnels comme les bars et les entreprises technologiques, avant de toucher un public plus large.
Plusieurs événements sont aujourd’hui organisés dans tout le pays souvent dans un cadre convivial. Des courses à pied baptisées « Mo Runs », des soirées caritatives ou des challenges de moustaches dans les bureaux fleurissent chaque année, faisant de Movember un moment de solidarité nationale. À Paris, Lyon, Marseille ou Bordeaux, des rassemblements de « Mo Bros » et « Mo Sistas » pour les femmes soutenant le mouvement, permettent de mobiliser toujours plus de personnes autour de ces problématiques de santé.
L’évolution du mouvement en France s’explique également par l’appui d’entreprises et d’organisations françaises. Des marques comme L’Oréal ou encore des clubs sportifs ont rejoint le mouvement, lui apportant une visibilité médiatique conséquente. En 2018, le partenariat avec la Fédération Française de Rugby a marqué un tournant pour Movember en France. Le sport, vecteur de communication puissant, permet de toucher un public plus large et d’ancrer le mouvement dans le paysage médiatique français.
Les moustaches en chiffres
Movember France n’est peut-être pas encore aussi populaire qu’en Australie ou au Royaume-Uni, mais l’impact est bien réel. Depuis son lancement, des milliers de participants ont permis de récolter des millions d’euros. En 2022, plus de 3 millions d’euros ont été récoltés en France, un chiffre en constante progression.
La plateforme Movember France permet d’organiser et de suivre les dons, mais aussi de mettre en place des défis et des campagnes de sensibilisation. Par exemple, de nombreux clubs sportifs professionnels et amateurs lancent des défis entre leurs membres. L’idée est de créer une dynamique positive et ludique, tout en restant fidèle à la mission première : sensibiliser aux problématiques de santé qui touchent les hommes.
Une moustache pour briser les tabous
Le succès de Movember en France, comme ailleurs, réside dans sa capacité à rendre des sujets difficiles accessibles. La santé mentale, la prévention du suicide, le cancer sont souvent des sujets que les hommes, et la société en général, ont du mal à aborder. La moustache, avec sa touche d’autodérision et de convivialité, devient alors un moyen léger et décomplexé de parler de ces problèmes.
Si Movember est aujourd’hui bien implanté en France, le mouvement ne cesse d’évoluer et de s’adapter aux nouveaux défis de la santé masculine. La prévention du suicide, en particulier, devient une priorité au sein du mouvement, tant les chiffres sont alarmants. Movember multiplie les campagnes de sensibilisation, notamment auprès des jeunes hommes, pour les inciter à parler de leur mal-être et à rechercher de l’aide avant que les situations ne deviennent critiques.
Avec des défis toujours plus ambitieux et une communauté qui ne cesse de grandir, Movember en France s’impose comme un rendez-vous incontournable de l’automne, alliant humour et solidarité, pour une cause trop longtemps négligée.
En somme, la moustache de novembre, au-delà de son aspect visuel, est devenue le symbole d’une prise de conscience collective autour de la santé des hommes. Elle rappelle que chaque conversation entamée, chaque euro collecté peut faire la différence.
Taux de survie : des chiffres à la hausse
Ces dernières années, les progrès de la recherche ont permis d’améliorer la survie des personnes atteintes de nombreux cancers.
Pour la prostate, la survie est passée de 72% en 1990 à 93% en 2015, soit une augmentation de 21%.
Pour le cancer colorectal, le taux de survie est passé de 51% en 1990 à 63% en 2015 soit une augmentation de 12%.
Les fondamentaux : prévention et dépistage
Dépistage du cancer de la prostate :
80% des cancers sont diagnostiqués alors qu’ils sont encore localisés à la prostate. Le facteur pronostique majeur de ce cancer est le stade au diagnostic. Le test PSA (Prostate Specific Antigen ou antigène spécifique de la prostate) n’est pas assez fiable pour diagnostiquer un cancer, mais un taux élevé peut inciter à réaliser un examen complémentaire (un toucher rectal, par exemple) qui permettra de poser un diagnostic. Ce dernier peut également faire suite à un traitement chirurgical d’un adénome, c’est-à-dire une tumeur bénigne de la prostate.
Dépistage du cancer colorectal :
S’il est détecté tôt, le cancer colorectal se guérit dans 9 cas sur 10. Dépister ce cancer est désormais plus facile grâce au test immunologique. Il s’adresse aux femmes et aux hommes âgés de 50 à 74 ans, invités, tous les 2 ans, à réaliser un test simple.
La prévention :
En 2015, 21% des cancers colorectaux (hors cancers de l’anus) chez les plus de 30 ans sont directement liés à la consommation d’alcool. Plusieurs facteurs de risque modifiables en lien avec les comportements et habitudes de vie ont été identifiés : la consommation d’alcool et de tabac, la sédentarité, l’inactivité physique, le surpoids et l’obésité, une alimentation pauvre en fibres, mais riche en viande rouge ou en charcuteries.
Source : Institut national du cancer
Les présidents de ces deux agences ont initié une rencontre avec les représentants du monde économique insulaire. À l’ordre du jour, réalités et perspectives de la situation. Un rendez-vous notamment programmé en regard des grandes inquiétudes des socioprofessionnels qui parlent ouvertement de crise majeure.
Par Jean Poletti
L’analyse est par ailleurs confortée par les tribunaux de commerce qui évoquent les risques d’un « point de non retour. » Alex Vinciguerra, sans s’inscrire en faux sur de telles craintes des professionnels des principaux secteurs d’activité, souhaita cependant les relativiser. Et de puiser dans les chiffres de la Banque de France et de l’Insee tendant à conclure à une certaine stabilité économique. Confronté à ces analyses à ses yeux contrastées, il s’autorise à dire en toute logique que « la vérité est sans doute entre les deux. » Pour autant, il ne demeurera nullement passif si les sombres prédictions devaient prégnante réalité. En toute hypothèse nul ne peut tenir comme nuls et non avenus des cris d’alarme émanant du Bâtiment et Travaux publics. Nombre de responsables affirment que leurs carnets de commande sont réduits à leur simple expression. Les permis de construire individuels se raréfient et les grands chantiers jouent l’Arlésienne. En incidence, si un marché d’État survenait par extraordinaire, certains rechigneraient à soumissionner craignant d’être payés avec un retard trop important.
Faire autant avec moins
Alex Vinciguerra stipule qu’en regard des contraintes budgétaires la région ne pourra sans doute pas persévérer au même niveau d’investissement. Des difficultés encore accrues par un enchevêtrement de règlementations et lois à l’image de celles baptisées Alur ou Zan. Pour autant, si à l’impossible nul n’est tenu, la collectivité « mettra un point d’honneur à accompagner les entreprises ». Sans l’ombre d’une réticence il affirme « qu’en collaboration avec l’agence d’aménagement et d’urbanisme sera mis en œuvre un panel de démarches afin de rénover cinquante mille logements ». Et d’ajouter dans un souci pragmatique : « Grâce à la programmation pluriannuelle de l’énergie nous allons contribuer à réorienter les entreprises du bâtiment vers la rénovation. »
Voilà situation qui met en exergue l’un des aspects du changement d’envergure de l’économie. Une mutation que ne réfutent pas les professionnels. Réclamant cependant, pour ne pas sombrer, d’être aidés et accompagnés par la Collectivité de Corse. Comme en écho, Alex Vinciguerra rétorqua avec empathie : « Concentrons-nous à court terme sur des sujets que nous pourrions améliorer tels des instruments financiers et la transmission. Ensuite dans le cadre du processus d’autonomie, il s’agira de voir comment règlementer en Corse différemment que sur le continent. Enfin, il conviendra de prendre en compte les nombreuses idées qui jalonnèrent cette rencontre. »
Para-commercialisme à l’index
Sans verser dans l’exhaustivité, celle d’un protectionnisme intelligent devrait faire son chemin. Tout comme celle de règlementer certaines professions. Pourquoi ? « Afin d’équilibrer un marché qui n’est pas extensible à l’infini et la multiplication d’acteurs. »
De son côté Angèle Bastiani affirme qu’arrivées en hausse de trois pour cent et l’augmentation du nombre de nuitées « témoignent que la Corse est toujours une destination attractive ».En contrepoint, les professionnels du tourisme affirment que leur activité subit une forte baisse. Et de cibler dans leurs multiples déconvenues les locations dites sauvages, s’apparentant désormais à une concurrence illicite. Parfois au profit exclusif de personnes qui ne résident pas dans l’île. Ou de sociétés ayant leurs sièges dans l’Hexagone voire l’étranger. Chi fà ? Une réunion est prévue début décembre avec les maires, les représentants d’intercommunalités afin de lutter contre le para-commercialisme.
Piliers essentiels
Cette épineuse problématique n’est nullement isolée. Tant s’en faut. Chacun sait que le tourisme et le bâtiment sont les deux piliers majeurs qui fondent le produit intérieur brut. Qu’ils se trouvent dans la tourmente équivaudrait à faire s’effondrer l’ensemble de l’édifice. De cela chacun en est convaincu. Ou devrait l’être. Car nul n’ignore que l’industrie touristique en bonne santé est source de retombées financières qui ruissellent sur maintes corporations. Et quand le bâtiment va, tout va…
Hasard du calendrier, quelques jours après cette rencontre Le Canard Enchaîné ciblait Alex Vinciguerra : « L’élu le mieux rémunéré de France est un nationaliste corse. » Mis en cause, ce dernier réfutait aussitôt le montant de ses émoluments avancés par l’hebdomadaire satirique. Se disait droit dans ses bottes et dénonçait « une campagne d’intense dénigrement ». Il martelait qu’un tel article, qu’il qualifie en substance aux lisières de la partialité et de la tromperie, pouvait susciter l’émotion dans un contexte de précarité et de difficultés économiques et sociales. Pour autant, il persiste et signe « J’ai respecté non seulement les textes mais aussi l’éthique que requiert l’engagement au service de l’intérêt général. »
La deuxième quinzaine d’octobre 2024 a vu de nombreuses commémorations de l’assassinat de deux professeurs : l’un d’histoire à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020, Samuel Paty, le second de lettres, Dominique Bernard, le 13 octobre 2023, à Arras. Le collège de Conflans a pris le nom de son professeur assassiné lors d’une des dernières réunions du Conseil Départemental des Yvelines à la suite de plusieurs autres collèges de France.
Par Michel Barat, ancien recteur de l’Académie de Corse
Tout cela est légitime et nécessaire. Pourtant, contrairement à ce qu’on pouvait espérer, ces décisions ne sont pas toujours allées de soi et plus particulièrement à Conflans-Sainte-Honorine. Les associations de parents d’élèves du collège, hier du Bois-d’Aulne, dorénavant Samuel-Paty, ont émis des contestations non par sur le fond, prétendent-ils, mais sur la forme : ils auraient souhaité une consultation de tous les parents et estiment que le souvenir de ce tragique événement blesse les élèves même si une seule cohorte l’a vécu. Ce n’est parce qu’on comprend que de tels évènements sont très durs à vivre et à rappeler, qu’il faille oublier la tragédie. La mémoire est souvent douloureuse, l’amnésie est coupable.
Derrière ces contestations se cache le non-dit de la peur. Il faut l’accepter. Mais, comme le dit le proverbe, « la peur n’évite pas le danger ». Trop écouter sa propre peur peut conduire subrepticement à la lâcheté. On en est arrivé à ces tragédies parce qu’on a minimisé voire passé sous silence bon nombre de vraies atteintes à la laïcité depuis l’affaire du voile de 1989 à Creil. Le principal avait interdit l’entrée du collège Gabriel-Havez à deux élèves, Fatima et Samira, tant qu’elles portaient le voile islamique. Le ministre de l’Éducation, Lionel Jospin, avait hésité et finalement consulté le Conseil d’État qui prit une décision tout aussi hésitante qui n’interdit pas la manifestation d’une conviction religieuse dans l’espace scolaire mais le port de signes religieux « ostentatoires et revendicatifs ».
Renoncements successifs
Un tel flou faisait alors peser toute la responsabilité sur l’appréciation des chefs d’établissement et ne réglait en rien la question. Il fallut attendre la loi du 15 mars 2004 sous la présidence de Jacques Chirac et sur proposition de Luc Ferry pour interdire tout signe religieux « ostensibles » dans l’espace scolaire. « Ostensible » signifie fait pour être vu, « ostentatoire » veut dire excessivement visible. Ce voile est bien fait pour cacher la féminité. Il marque une volonté de domination sur les femmes. Cette décision mit donc quinze ans à être prise : la laïcité n’a donc été jusque-là que mollement défendue par les gouvernements et les acteurs publics successifs.
Ce délai est bien celui de la peur paralysante, de la peur de déplaire, mais aussi de la pure peur qui empêche de décider. L’accumulation de ces peurs, de ces hésitations a fait perdre à beaucoup l’exigence républicaine de laïcité. Une grande partie de la jeunesse ne comprend plus l’idéal laïc voire le refuse comme une atteinte à la liberté religieuse. L’abandon de la volonté laïque a ainsi autorisé tous les communautarismes et le laisser-faire a conduit aux tragédies qu’on a connues et qu’on risque de connaître encore.
Principe de liberté
Si Gabriel Attal avait raison d’insister sur l’interdiction de l’abaya, il n’aurait pas dû avoir besoin d’une nouvelle circulaire et d’une communication puissante, d’autres diraient tonitruante, il lui aurait suffi de rappeler la Loi Ferry. Ce cas illustre bien la situation d’affaiblissement laïc : si l’abaya est bien une robe d’origine bédouine, elle est devenue islamique dans la péninsule arabique.
À force de renoncements successifs, de cécité volontaire, on a accepté le moindre prétexte culturel pour mettre à mal la laïcité, là où elle s’impose le plus : l’École. Il est urgent de rappeler que la laïcité est le principe de liberté de croire ou de ne pas croire, du respect des croyances de chacun pourvu qu’elles ne soient pas ostentatoires, c’est-à-dire ne cherchent pas à prévaloir sur les lois de la République.
Au nom de la raison
Il en va de la liberté d’enseigner certes, mais aussi de la liberté en elle-même : liberté nécessaire pour l’émancipation de chaque citoyen que l’École rend capable de décider par et pour lui-même en dehors de toute assignation sociale et de toute pression politique ou religieuse grâce à l’exercice d’un jugement éclairé par la raison.