Automne sur la corde raide

Trump, Poutine et le monde qui hésite entre feuille et braise

Par Nathalie Coulon

Ah ! l’automne, avec ses vents qui sifflent entre les pages des traités et les tweets qui claquent comme des drapeaux mal rangés. Le décor est posé : un monde multipolaire qui tremble sur une ligne fine entre mémoire et mégalomanie, entre sécurité et spectacle. Dans ce théâtre, deux figures dominent la scène, chacun à sa manière : Donald Trump et Vladimir Poutine. Leurs gestes — poétiques, cyniques, outranciers — ne racontent pas seulement des carrières personnelles, mais une manière de faire politique où le temps lui-même semble se décaler et hésiter
Une planète qui recompose ses frontières.
L’actualité internationale ressemble à un grand livre dont les pages se tournent à contre-chronologie : les alliances se reforment, les sanctions se contournent, les opinions publiques se fabriquent à coups de réseaux et de rationalisations. L’Europe, prise entre dépendances énergétiques et exigences démocratiques, cherche une boussole ; les États-Unis oscillent entre une posture de rupture et une quête de stabilité ; la Russie ajuste sa rhétorique pour préserver une influence qu’elle croit essentielle. Autour de tout cela, le climat gronde et les flux migratoires dessinent des cartes intimes sur les visages des villes. Le monde se réinvente en permanence : plus opaque, plus rapide, plus vulnérable.
Trump agit comme un metteur en scène qui mime l’urgence et fait sortir de sa poche des scénarios « à couper le souffle » alors que les faits réels s’accumulent à ses pieds comme des feuilles mortes. Son art, si l’on peut dire, consiste à mêler nostalgie et provocations, à faire croire que le passé est une cure miracle et que l’avenir peut être réécrit en trois tweets et une promesse de grand soir. Poutine, lui, avance dans la pénombre avec une rhétorique de puissance lente : la discipline, la mémoire historique et une forme de réalisme qui ne craint pas d’araser les aspérités morales pour préserver ce qu’il appelle l’ordre. Entre ces deux registres, le monde vacille : l’instant devient un champ de bataille où les convictions se mesurent à la capacité de surprendre l’adversaire, de redéfinir les chiffres, de réinventer les témoignages.
Leur « délire » — entendu ici comme intensité poétique et force politique — n’est pas qu’un caprice personnel ; c’est le symptôme d’un système qui cherche à prendre la mesure du XXIe siècle en réécrivant ses propres lois. Ils incarnent, chacun à sa manière, une question centrale : comment préserver une sécurité capable d’emporter l’adhésion d’un monde adulte et méfiant, sans tomber dans le piège de l’ego surdimensionné ?
Dans les salons littéraires comme dans les studios des chaînes d’info, les références se mêlent et se répondent. On lit Flaubert dans les silences des réceptions publiques, on entend Pasolini dans les crispations des discours, on voit Tarkovski dans les paysages de tensions qui s’étirent sur les chaînes d’actualité. L’automne devient alors l’algorithme d’un temps où l’émotion et la raison coexistent en tension : chaque récit politiquement chargé est aussi une histoire humaine, chaque décryptage est une invitation à regarder au-delà des apparences.
La géopolitique, elle, parle en chiffres et en gestes : équilibres de force, équations énergétiques, alliances qui se jouent sur des terrains multiples — diplomatie bilatérale, coalitions multilatérales, compétitions technologiques. Le tout se lit comme une grande fresque culturelle où les œuvres et les événements s’illuminent les uns les autres, et où le public est appelé à aimer la complexité plutôt que le raccourci.
L’automne est aussi le temps du droit : droit international, droit des sanctions, droit des engagements mutuels. Face à des défis qui se jouent sur des fronts multiples — sécurité, climat, droits humains, diffusions informationnelles — la réponse ne peut être qu’un ressort intelligent et courageux : renforcer les démocraties, soutenir les processus diplomatiques, protéger les civils, et refuser de trivialiser la violence ou de sacraliser le mensonge comme une technique politique. Cela passe par des gestes simples et des choix collectifs : soutenir les canaux multilatéraux, investir dans la transparence, rappeler que le pouvoir n’est pas un loisir solitaire mais une responsabilité envers des millions de vies.
Vaghjime oh vaghjime tanti scumpienti…